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L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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et de graisse provenant de la cire utilisée. Il n’avait pas de vie, pratiquement, en dehors de son métier ; plus d’une fois, Corbett avait dû le réveiller et l’envoyer dormir chez lui, dans son logement solitaire de Candlewick Street.
    Une fois tout réglé, Corbett retrouva Ranulf dans le Grand Hall qui se vidait à présent de ses dignitaires, juges et hommes de loi. Ils regagnèrent Bread Street en s’arrêtant dans une pâtisserie où Corbett acheta des petites tourtes chaudes farcies aux herbes et aux morceaux de lapin juste rôtis. Ils les dévorèrent avec plaisir, la sauce leur dégoulinant sur le menton tandis qu’ils marchaient d’un pas alerte. Au coin de Bread Street, Corbett entraîna Ranulf dans une taverne où ils soupaient fréquemment, en général d’un ragoût garni de légumes. C’est ce qu’ils firent ce soir-là. Une fois que Ranulf eut mangé et bu tout son saoul, en se gardant néanmoins des excès de la veille, il s’en alla flâner dans les rues pour se livrer à son passe-temps habituel : la conquête de l’épouse ou de la fiancée d’autrui. Corbett resta seul, le regard à nouveau plongé dans les ténèbres.
    Ranulf aurait donné la moitié de son or pour savoir ce que pensait le clerc ; pourtant, cela aurait été de l’argent perdu car Corbett se contentait de méditer sur ce que le roi avait dit et de songer à la réunion du lendemain. Il espérait que Hervey s’assurerait de la présence au chapitre de tous les chanoines dont il avait dressé la liste. Ayant passé en revue les moindres détails, pratiquement sûr que tout se déroulerait sans anicroches, Corbett revint au problème de Maeve. Il était tellement absorbé dans ses pensées qu’il ne remarqua même pas la sombre silhouette encapuchonnée qui, assise dans un coin éloigné de la taverne, lui lançait des regards furieux et sinistres.

 
    CHAPITRE VIII
    Il ne neigea pas cette nuit-là. Les brigands se réjouissaient de cette chance en quittant le couvert des halliers à la lisière de la forêt d’Epping et en suivant précautionneusement le sentier recouvert d’une mince couche de neige durcie, déjà piétinée et éparpillée par les rares charrettes qui avaient bravé les intempéries. Ils allaient en silence, tous les six, armés jusqu’aux dents et bizarrement accoutrés de grossières broignes en cuir sur des chemises de dentelle sales prises à leurs victimes ou dérobées lors de pillages, d’épaisses chausses en laine enfoncées dans de hautes bottes et de capes de diverses couleurs étroitement serrées autour d’eux. Chacun portait plusieurs poignards et épées à son large baudrier de cuir, et leur chef, Robert Fitzwarren, arborait une rondache et un casque conique en acier. C’était son équipement depuis le jour où, bien des années auparavant, il avait échappé aux officiers de recrutement. Ceux-ci voulaient l’expédier en Écosse avec les armées du roi, mais Fitzwarren en avait décidé autrement : il avait tué le commandant de la troupe, dérobé son argent, saisi toutes les armes qu’il avait pu et s’était enfui dans la sombre forêt d’Epping.
    Cela faisait des années qu’il vivait en hors-la-loi et son activité criminelle était devenue une affaire rentable. La région regorgeait de bandits de grand chemin, d’hommes sans foi ni loi, de serfs en fuite, de déserteurs, de truands des villes, d’assassins, de parjures, de blasphémateurs. Fitzwarren était devenu leur chef. Bien sûr, il y avait eu des pertes en hommes, des embuscades qui avaient mal tourné, des dénonciations dans les tavernes et les auberges par des filles qui s’étaient crues trahies, mais Fitzwarren s’en était toujours sorti et continuait à attirer d’autres hors-la-loi comme la flamme d’une bougie attire les phalènes.
    Sa bande s’était réduite, cependant, à moins de dix hommes. Il était devenu difficile d’attraper du gibier et même plus dangereux de lancer des attaques contre des fermes isolées. Les paysans, ayant appris à le redouter, avaient pris des mesures pour protéger leur famille et leur bétail la nuit. Au printemps et en été, lorsqu’il y avait de plus nombreux passages sur les routes, les bons coups étaient plus faciles, mais, là aussi, la réputation de férocité de Fitzwarren s’était répandue assez loin. Les gens ne voyageaient presque plus seuls, mais en convoi, généralement escortés par au moins trois ou quatre soldats d’un

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