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L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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deux espèces. À votre avis, qu’avons-nous fait ensuite, si ce n’est réciter l’action de grâces habituelle, tête baissée ?
    — Qu’arriva-t-il alors ?
    Corbett sentit qu’il perdait le contrôle de la réunion.
    — J’ai entendu du bruit, continua Luce. J’ai levé les yeux. Montfort se retournait, il portait la main à sa gorge. Vous connaissez la suite. Il s’est écroulé. Le temps de l’emporter dans la sacristie, la mort avait fait son oeuvre.
    Le regard de Corbett s’appesantit sur les chanoines assis à la table : leurs visages d’hommes cultivés, au fait des usages du monde, étaient à présent bien éclairés par les bougies. Remarquant qu’il faisait plus clair, il leva les yeux vers la fenêtre à l’encadrement de pierre. Il se sentait frustré. Il ne supportait pas cette façon qu’avaient les cinq chanoines de se montrer si imbus d’eux-mêmes. Il leur avait posé certaines questions et ils y avaient répondu. Sans qu’il découvrît rien de suspect. « Et maintenant, le défiaient-ils en silence, qu’allez-vous pouvoir nous demander ? »
    Corbett repensa à un détail.
    — Et si je vous disais, reprit-il lentement, qu’avant d’échanger le baiser de paix avec le roi, Monseigneur de Montfort devait lui présenter le calice pour qu’il bût le vin ?
    Corbett se détendit, heureux d’entendre les hoquets de surprise.
    — Ou si je vous révélais, enchaîna-t-il en regardant le plafond, que certains pensent que le poison était destiné, non pas à Montfort, mais à notre souverain ? Dois-je rappeler, révérends pères, que l’assassinat ou même la tentative d’assassinat sur l’Oint du Seigneur est un acte de haute trahison ? Je ne mentionnerai pas les nouvelles mesures qui s’appliquent à un crime aussi vil, mais j’ajouterai que d’aucuns affirment que les empoisonneurs devraient mourir bouillis vifs.
    Corbett, rarement vindicatif pourtant, avait envie de blesser ces personnages suffisants et satisfaits d’eux-mêmes.
    — J’ai entendu parler d’un homme qu’on a fait bouillir vif au pays de Galles. Il fut attaché à un poteau et descendu, pieds d’abord, dans un énorme chaudron empli d’eau bouillante. Ses hurlements durèrent une demi-heure, sa chair se détachant en lamelles de ses os.
    Plumpton se leva d’un bond, frappant la table de sa main chargée de bagues.
    — Vous n’avez pas le droit de nous intimider ! Vous insinuez que l’un de nous a empoisonné Montfort tout en ayant l’intention de commettre un crime de haute trahison et d’assassiner le roi Édouard. Il est vrai, poursuivit-il implacablement, que nous pouvons désapprouver le projet de taxation de notre souverain, mais entre contester et trahir, il y a un pas ! L’Église a sacré Édouard roi. Aucun prince ne peut se targuer d’une si grande loyauté offerte par cette cathédrale que l’actuel roi Édouard.
    Il allait continuer lorsque Luce mit sa main sur la sienne.
    — Asseyez-vous, Philip, lui conseilla-t-il en esquissant un sourire. Je comprends ce que veut dire notre visiteur. Un crime atroce a été commis, poursuivit-il plus gravement. L’un de nos frères a été assassiné durant le sacrifice de la messe, empoisonné, s’il faut en croire Messire Corbett qui n’a rien à gagner dans cette affaire, mais suggère que le responsable de la mort de Montfort est également coupable de complot envers notre souverain. Ce sont là, mes chers frères, des crimes extrêmement graves et horribles.
    Corbett se félicita de l’intervention de Luce, tout en étant agacé par son attitude placide : on aurait dit qu’il apaisait des enfants, Corbett entre autres. La réunion s’interrompit quelques minutes. Ettrick se leva et se dirigea vers une petite table dans le coin, chargée d’un plateau, d’un pichet de vin et de gobelets. Il les remplit, en plaça un près de Corbett et distribua les autres à ses compagnons, sans se laisser émouvoir par la mine indignée de Hervey et de Ranulf. On se servit de friandises. Corbett remarqua avec ironie que personne n’osait boire ni manger. Ettrick se rassit, mais observant le silence ambiant, haussa les épaules en souriant, se releva et s’approcha de l’envoyé du roi. Il lui porta un toast et sirota doucement sa boisson.
    — Messire, s’exclama-t-il, je puis vous assurer que votre vin est du meilleur bordeaux et ne contient aucun poison !
    La plaisanterie fit disparaître la tension. Corbett leur

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