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L'Anneau d'Atlantide

L'Anneau d'Atlantide

Titel: L'Anneau d'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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veux-tu « essayer » ? Quand je serai en face de lui, sans armes, seul, l’Anneau à la main, et qu’il me regardera rappliquer avec son mauvais sourire ? Il faudra que je m’estime heureux s’il ne me tire pas dessus pour être définitivement délivré de ma personne !
    — N’exagère pas ! coupa Lassalle. Tel qu’on le connaît, on peut être assurés que la transaction ne s’effectuera pas sans témoins et que, même au cœur de la nuit – ce qui sera sans doute le cas ! –, il tiendra à donner de la solennité à ce qu’il pourrait appeler ta reddition. Donc il aura ses gens autour de lui, sans compter « sa fiancée ». Or, tu lui porteras un objet sacré. S’il t’abat, il aura perdu la face parce qu’il aura agi en truand et pas en grand prince ! Tu n’as rien à craindre. Dans l’immédiat, tout au moins !
    — Le malheur, c’est que notre marge de manœuvre se rétrécit à vue d’œil, soupira Morosini. L’échéance est demain… Autrement, sachant où elle est enfermée, on aurait pu tenter de s’y introduire…
    Adalbert ne le laissa pas achever. Il écumait presque :
    — N’importe quoi ! Tu as évalué l’importance du château ? Le krak des Chevaliers en plus petit ! Alors on fait comment ? On escalade les murs armés jusqu’aux dents ! – pourquoi pas, au point où nous en sommes ! – après avoir grimpé à l’aide de cordes et depuis le Nil la dégringolade de rochers sur lesquels le château est bâti ? Arrivés là-haut, on bousille tout ce qui bouge, on plante le drapeau français au sommet de la tour, on entonne La  Marseillaise  et on enlève la princesse !
    Sans s’émouvoir devant cette fureur où il reconnaissait la présence du désespoir, Aldo tira son étui à cigarettes, en prit une qu’il tapota sur la brillante surface d’or, puis, regardant Lassalle :
    — Il est devenu idiot ou quoi ?
    Il n’attendit pas de réponse, alluma le mince rouleau de tabac et le glissa entre les lèvres de son ami :
    — Tu n’es pas Lancelot, je ne suis pas Perceval et on ne vit plus au Moyen Âge. Je pensais stupidement à notre vulgaire arme moderne : l’argent ! Si l’on s’en tient à l’Histoire, combien de sites inexpugnables sont tombés au cours des siècles parce que quelques pièces d’or étaient venues graisser subrepticement la patte d’un citadin assez costaud pour tirer les verrous soigneusement huilés ? Ce type se prend peut-être pour le dernier pharaon, mais il m’étonnerait fort qu’il n’ait que des adorateurs ! Malheureusement…
    Adalbert s’assit, aspira deux ou trois bouffées puis ébaucha un sourire…
    — Depuis qu’on est ici, je passe mon temps à t’offrir des excuses ! Mais il ne faudrait pas que ça devienne une habitude…
    — Rien à craindre ! Je te fais confiance !
    Henri Lassalle, lui, pensait déjà à autre chose :
    — Mon cher Aldo, je ne veux pas vous chasser mais vous devriez peut-être retourner à l’hôtel demander si l’on a enfin des nouvelles de votre ami anglais. À ne vous rien cacher, je redoute moins pour Adalbert la balle ou le poignard que les menottes de Keitoun. Celui-là se tient tranquille pour l’instant – et c’est la meilleure preuve qu’il est manipulé par Assouari – mais il est probable qu’il mettra sa grosse patte sur lui dès que son patron aura obtenu satisfaction !
    — Vous croyez ?
    — Oh, j’en mettrais ma main au feu ! Évidemment, on finira par sortir Adalbert de ce pétrin, mais au bout de combien de temps et dans quel état ? De toute façon, sa carrière d’archéologue pourrait s’arrêter là !
    — Vous avez raison, j’y vais !
    À l’hôtel, cependant, lady Clémentine restait sans nouvelles et son inquiétude augmentait à mesure que les heures s’égrenaient. Même si son anxiété n’était pas évidente – éducation anglaise exige ! –, ses yeux qui parfois avaient peine à se fixer la trahissaient. M me  de Sommières et Plan-Crépin l’entouraient de leur mieux tout en respectant les règles d’une discrétion qu’elles savaient obligatoire et même si une véritable amitié se nouait de jour en jour, presque d’heure en heure, entre ces trois femmes. Pour les deux Françaises un vague sentiment de culpabilité s’y joignait : n’était-ce pas pour empêcher Keitoun de s’emparer

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