L'Anneau d'Atlantide
fait que nous avons déserté l’Histoire pour une légende enfoncée dans la nuit des temps…
— … et que tu as perdu tes repères ! D’ailleurs le jeu n’est pas faussé, comme tu dis. Ce qui te gêne, c’est que tu n’en es pas le maître. Tu as pris ton petit déjeuner ?
— Oui… enfin je crois. Pourquoi ?
— Parce qu’un café te remettrait les idées en place, conclut M me de Sommières en sonnant le garçon d’étage. Et Plan-Crépin, qu’est-ce qu’elle fabrique avec son Anneau ?
Quand Marie-Angéline revint, Aldo reposait sa tasse. Elle lui tendit le sachet de daim en disant :
— À bien y réfléchir, je ne crois pas qu’Adalbert soit en danger de mort et ce serait peut-être imprudent de l’accompagner.
— D’où sortez-vous cela, Plan-Crépin ?
— C’est à force d’y penser. Normalement, Assouari aurait pu exiger que ce soit Aldo qui le lui porte. Rien que pour le plaisir de l’humilier puisque, si j’ai bien compris, quand il est allé à Venise, il n’a pas été accueilli en grande pompe au palais Morosini. Vous n’avez pas dû le traiter avec beaucoup de déférence ?
— Pourquoi l’aurais-je fait ? Le bonhomme me déplaisait… mais, s’il a choisi Adalbert, c’est pour une autre raison. Voulez-vous me dire en quoi le sort de la belle Salima pourrait me préoccuper, en dehors du fait qu’elle est un être vivant et qu’un homme digne de ce nom doit porter secours à qui en a besoin ? Pour Adalbert, c’est différent : il est amoureux d’elle !
— Et ferait n’importe quoi pour lui éviter la moindre égratignure, nous sommes d’accord, mais vous pouvez être certain qu’il ne va pas tirer sur Adalbert dès la remise de l’Anneau. Ce n’est pas sa vie qui sera en danger. À court terme, du moins. C’est sa liberté. On va tranquillement le faire prisonnier. Et ce n’est pas de l’amoureux dont il veut s’emparer, c’est de l’égyptologue !
— Vous croyez ?
— Bien sûr, je crois ! Assouari aurait réussi à obtenir un plan indiquant l’emplacement du tombeau, seulement ce plan, il ne sait pas le traduire ! À l’heure actuelle, rares sont les Égyptiens capables de déchiffrer les hiéroglyphes en dehors des spécialistes. Je serais surprise qu’Assouari, tout prince d’Éléphantine qu’il se veuille, ait appris cette discipline à l’école ?
— Votre argument ne tient pas, Angelina. Il a Salima, sa fiancée de bon ou de mauvais gré, en son pouvoir. Elle est archéologue…
— Débutante ! Ne l’oubliez pas ! Adalbert, lui, est un professionnel. Peut-être le meilleur. Les inscriptions que peut comporter le fameux plan doivent être rédigées en caractères d’une époque plus reculée encore que les hiéroglyphes. Pour les décrypter, il faut non seulement posséder à fond cette écriture hermétique, mais pouvoir établir les comparaisons permettant de transcrire ce qui peut l’être. Voilà ! assena-t-elle en guise de conclusion. Maintenant vous pouvez aller donner l’Anneau à Adalbert !
Machinalement, Aldo prit le petit sac en échangeant avec Tante Amélie un regard surpris. Ce fut celle-ci qui réagit :
— Bravo, Plan-Crépin ! Je ne sais pas si ce sont vos tête-à-tête avec cet étrange bijou qui vous ont inspirée mais je vous tire mon chapeau !
— Et moi, ma révérence ! soupira Aldo en empochant le sachet. Ne m’attendez pas pour déjeuner : je vais rester chez Lassalle jusqu’à l’ultimatum dont on ne sait quand il arrivera… En espérant que nous pourrons prendre… quelques dispositions pour venir en aide à Adalbert…
— Si on le fait venir au vieux château, comme tout le laisse supposer, je ne vois pas ce que tu pourrais faire ? Sois prudent, je t’en conjure !
Ému par l’angoisse qu’il sentait vibrer dans la voix de la vieille dame, Aldo la prit dans ses bras :
— Allons, Tante Amélie ! Vous, toujours si brave ? Ce n’est pas le moment de flancher ! Il faut prier ! J’appellerai dès que nous aurons des nouvelles, si cela peut vous rassurer !
— Et moi ? protesta Plan-Crépin. Je fais quoi ?
Elle avait sa tête des mauvais jours. Aldo lui posa une main sur l’épaule et un baiser rapide sur le front :
— Vous, vous restez près du téléphone et vous veillez sur notre marquise. Ce n’est déjà pas si
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