Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Anneau d'Atlantide

L'Anneau d'Atlantide

Titel: L'Anneau d'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
les petits cireurs de bottes aux crânes crépus que repoussait régulièrement le voiturier en uniforme rouge.
    Dans l’immense hall aux colonnes égyptiennes, un réceptionniste suisse déférent accueillit Morosini en déployant l’onction nécessaire, lui apprit que son appartement l’attendait, puis lui remit une enveloppe bleutée et armoriée qui devait contenir quelques mots de sa cliente et qu’il fourra dans sa poche. Avant de suivre le groom chargé de le conduire à son logis, il posa la question qui lui tenait à cœur :
    — C’est vous, je crois, qui gardez le courrier de M. Vidal-Pellicorne, l’éminent archéologue ?
    Le rose mais solennel visage du Suisse se teinta de mélancolie :
    — Jusqu’à hier, en effet, Excellence…
    — Et plus maintenant ? Pourquoi ?
    — Mais… parce que M. Vidal-Pellicorne nous honore de sa présence !
    — Eh bien, dites-moi, cela n’a pas l’air de vous combler de joie !
    — D’habitude… c’est un si bon client, mais… Puis-je me permettre de demander ce qu’il est pour Monsieur le prince ? Une simple relation ou un ami ?
    — Un ami, voyons ! Et le meilleur qui soit ! Qu’est-ce qui lui arrive ?
    — Alors j’oserais conseiller une visite au bar.
    — Il y est ?
    — J’irais jusqu’à dire qu’il l’occupe. Hier soir, il y est resté jusqu’à la fermeture et aujourd’hui…
    — N’en dites pas plus, j’y vais ! Faites monter mes bagages, ajouta-t-il en glissant un billet dans la main du groom.
    Il se dirigea vers la longue pièce dont il pouvait apercevoir le comptoir d’acajou orné de têtes pharaoniques en bronze. En y pénétrant, il vit avec satisfaction que la pièce était pratiquement déserte et n’eut donc aucune peine à repérer son ami. Adalbert était assis – effondré serait plus juste ! – dans un fauteuil de velours jaune devant une table basse et un verre de whisky à moitié plein ou à moitié vide, selon l’état d’âme avec lequel on le considérait. Ce n’était certainement pas le premier. Un coup d’œil suffisait pour constater que l’archéologue était plus qu’à moitié ivre.
    Aldo se dirigeait à sa rencontre, quand Adalbert, prostré apparemment dans une profonde réflexion, prit son verre, le vida, puis, le brandissant à bout de bras, exigea :
    — Un autre, barman !
    — Je dirais plutôt un café… et corsé ! corrigea Aldo en se laissant tomber dans le fauteuil voisin.
    Adalbert releva le menton et fixa l’arrivant d’un regard tellement trouble qu’il ne devait pas lui permettre de distinguer grand-chose. D’ailleurs, il ne le reconnut pas.
    — De… de quoi j’me mêle ? Moi, j’veux boire…
    — Si tu ne sais même plus qui je suis, c’est que tu as déjà beaucoup trop bu ! Il vient, ce café, barman ?
    — Si Monsieur le permet, j’oserai avancer que le résultat va être désastreux. Nous risquons des… des nausées.
    Aldo se mit à rire :
    — Et vous craignez pour votre velours bouton d’or et vos tapis ? Après tout, vous avez peut-être raison. Trouvez-moi deux valets solides et faites suivre non pas un café mais une pleine cafetière. Nous allons le remonter chez lui…
    — Tout de suite ! fit l’homme en s’élançant. Je vais devoir à Monsieur une grande reconnaissance…
    — Ne me dites pas que c’est votre premier poivrot ? Avec ce qui défile ici d’officiers anglais ne carburant qu’au whisky ?
    Deux minutes plus tard, le renfort demandé répondait à l’appel. On emporta Vidal-Pellicorne qui n’offrit qu’une faible résistance. Il n’en était fort heureusement qu’à la période bénigne de l’ivresse, celle où l’on a tendance à parer le monde entier des couleurs les plus tendres. Les yeux mi-clos, il souriait avec aménité aux deux colosses nubiens qui l’étayaient dans l’ascenseur et se laissa conduire dans la salle de bains sans opposer de résistance, mais se mit à beugler quand l’eau froide de la douche sous laquelle on le poussait s’abattit sur sa tête. Imperturbables, les trois hommes l’y maintinrent le temps nécessaire en dépit de ses vociférations, après quoi, on le bouchonna comme un cheval de course, on le déshabilla et on l’introduisit dans un pyjama, mais ce fut seulement quand on l’installa dans son lit qu’il parut revenir à la conscience claire. Et passa sans transition

Weitere Kostenlose Bücher