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L'Anneau d'Atlantide

L'Anneau d'Atlantide

Titel: L'Anneau d'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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sésame accompagnée de jus de citron vert, un poisson inconnu – dont il ne chercha du reste pas à percer l’anonymat ! – servi avec une sauce aux herbes, un pigeon grillé garni de boulettes de sésame et d’un assortiment de légumes. En dessert, des gâteaux au miel et aux amandes dont il ne fit qu’une consommation modérée, l’ensemble arrosé de champagne. Henri Lassalle s’était peut-être converti à l’islam – en réalité il était ismaélien, relevant de l’Aga Khan comme quantité d’autres dans la région –, mais il n’avait jamais renoncé aux productions viticoles de sa chère France. La nuit était tombée, succédant à un incendie de pourpre et d’or peu à peu mué en violet profond puis en bleu indigo, tandis que la lune en son premier quartier argentait les eaux du Nil. Des lumières brillaient dans l’île Éléphantine qui posait sur le fleuve un long jardin sertissant d’admirables ruines de temple et quelques anciennes demeures. Plus haut encore, l’île d’Amoun semblait poser un bouquet de palmiers sur les eaux… Les felouques avaient replié leurs ailes et la ville baignait dans la qualité de silence que compose cette multitude de légers bruits tellement habituels que l’on n’y prête plus attention. On n’entendait même pas l’orchestre de l’hôtel Cataract. En revanche, le bâtiment brillait de toutes ses lumières, battu pour cette fois par le palais du gouverneur éclairé  a giorno .  De son observatoire, Aldo pouvait distinguer ses illuminations et aussi ses rumeurs portées sur un vague fond musical.
    Son dîner achevé, il remercia Farid d’un sourire et alla s’installer dans un vaste fauteuil de rotin où il alluma un cigare dont il savoura, les yeux mi-clos, le parfum suave. Une brise caressante se levait sur la vallée, convoyant les échos plus nets du palais. Qui, soudain, se turent, cependant que s’élevait celui d’une voix admirable, sensiblement affaibli par la distance mais qui n’en prenait que plus de mystère.
    La Rinaldi interprétait le grand air   d ’ Aida  et, cette fois, Aldo ferma les yeux afin de mieux se laisser envahir par cet instant de beauté pure. Débarrassée de sa forme terrestre, la voix sublime lui faisait courir des frissons dans le dos et il se félicita d’avoir renoncé à se rendre au palais où le charme n’eût pas été aussi puissant en contemplant une femme dont il savait combien elle pouvait être odieuse et dont la plastique laissait à désirer. Là, elle se trouvait miséricordieusement désincarnée et c’était absolument divin… Le tonnerre d’applaudissements qui salua la fin du morceau roula jusqu’à lui.
    Elle enchaîna sur la prière de  Tosca , puis l’air de Liu de  Turandot  qu’Aldo aimait particulièrement et qu’elle dut bisser pour son plus grand bonheur. Emporté par l’enthousiasme, il allait se lever pour applaudir comme il l’eût fait à la Fenice de Venise ou à l’Opéra de Paris, quand le coup l’atteignit à la base du crâne et l’envoya s’étaler sur les dalles, sans connaissance…
     
    Le contact de l’eau froide le ramena en surface. Ses idées étaient brumeuses et il avait mal à la tête, mais il n’en fut pas moins surpris de se retrouver à la même place, dans son fauteuil, tandis que deux visages inquiets, celui d’Adalbert et celui de Lassalle, se penchaient sur lui. L’odeur des sels d’ammoniac que l’on promenait sous son nez le fit éternuer et il repoussa le flacon, préférant de loin l’armagnac qu’une main compatissante lui introduisait dans la bouche. Après la première gorgée, il s’empara du verre et le vida sans aide.
    — Qu’est-ce que je fais là ? marmonna-t-il. Quand on assomme quelqu’un c’est pour l’enlever, non ?
    — Ou afin de se laisser le champ libre pour une malfaisance, fit le vieux monsieur, pas autrement surpris. J’en ai été victime, un jour, en 1922. C’était à Londres où je m’étais rendu pour…
    — Soyez gentil, Henri, vous nous raconterez plus tard. Comment te sens-tu ?
    — Vaseux ! Un peu moins avec l’armagnac dont je reprendrais bien quelques gouttes…
    — Mais comment donc !
    Une seconde ration lui fut adjugée qu’il entreprit de déguster plus sobrement que la première. Parfumé à souhait, l’alcool gascon était délicieux…
    — Il y a longtemps que vous me

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