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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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devant les témoins de ce que j’avais ramassé dans le box de Bucéphale, de ces pétards dont l’explosion a suscité la fureur de l’étalon ! Comment dans ces conditions expliquer la soudaine indignation de M. Decroix ?
    — Mais, cet enfant ? demanda Sartine.
    — Un de nos vas-y-dire habituels. Celui qui a été enlevé par Diego Burgos n’a, hélas, toujours pas été retrouvé. J’ai donc imaginé cette embûche afin de confondre Decroix.
    — Sur quels faits vous fondez-vous pour en être aussi persuadé ?
    — J’ai réfléchi au fait que Diego Burgos, personnage intelligent et subtil, ne s’était sans doute pas mis en avant à cette occasion. En outre, rappelons-nous qu’il était espagnol et très reconnaissable en tant qu’étranger. C’est donc Decroix qui fut mis en scène. Et cela pour une autre raison.
    — Qu’il y a complicité entre les suspects, et que cette constatation prouve la vraisemblance de votre hypothèse d’un crime préparé par ce que je nommerais la ligue du Val d’Enfer !
    — Monsieur le lieutenant général, vous m’avez ôté les paroles et la conclusion de la bouche.
    — Par conséquent cette réunion peut s’achever par une certitude…
    Nicolas coupa la parole à Le Noir.
    — Point, monseigneur. Je sollicite une interruption de cette procédure préliminaire et le report de son dénouement à demain matin. Il me faut encore rassembler quelques éléments.
    — C’est insensé, dit Sartine, agacé. Vous avez comme à l’accoutumée démontré les tenants de cette affaire dont nous mesurons bien la dimension. Peste, vous avez des coupables, qu’avez-vous encore à tenter de parfaire ce couronnement convaincant ? Le mieux, monsieur, est l’ennemi du bien et à vouloir trop bien faire on risque de manquer sa cible.
    — Monseigneur, je comprends vos préventions, mais il reste qu’un mystère demeure non éclairci.
    — Lequel ? Monsieur.
    — Celui du carrosse de cour venu conduire dans la soirée un visiteur mystérieux à l’Hôtel de Trabard. Tant que ce point-là n’aura pas été réglé, on ne saurait saisir toute la dimension de l’affaire et, je dirais, le dénominateur commun à tous ses acteurs.
    — Soit, dit Le Noir qui souhaitait reprendre la main et montrer à Sartine qu’il n’était qu’un participant autorisé. La séance est levée. Gardes, qu’on reconduise les suspects dans leurs cachots. Nous nous retrouverons demain à la même heure.
    Avant que l’ancien ministre et le lieutenant général de police le contraignent à un entretien qu’il nesouhaitait pas, Nicolas fit un signe à Bourdeau et, à pas pressés, sortit de la grand’salle d’audience.
    — Aurais-tu le feu aux trousses, de détaler ainsi ?
    — Je ne veux pas leur donner de fausses espérances. Le risque existe toujours que je m’égare. Le propre de l’intuition qu’on me reconnaît est d’affirmer des impressions, des suspicions, toutes choses qui ne s’appuient, lorsqu’elles apparaissent, sur rien de tangible. Il me reste à serrer la vérité au plus près.
     
    Ils s’égarèrent un long moment dans le dédale des couloirs voûtés de la vieille forteresse. C’eût été le comble que Sartine les surprît dans le bureau de permanence. Ils le rejoignirent quand le temps écoulé eut écarté toute crainte de ce côté-là. Nicolas s’assit, ouvrit son petit carnet noir, le relut entièrement en prenant des notes sur une feuille de papier. Bourdeau bourra sa pipe et semblait dormir les yeux clos. Vers une heure, paternel, le père Marie les fit profiter de son fricot, un ragoût de rouelles de veau aux fèves qu’ils dévorèrent en silence. À trois heures, Nicolas se leva et, sans un mot, sortit. Bourdeau, qui en avait depuis si longtemps la pratique, ne s’en étonna pas, convaincu que de bonnes raisons justifiaient cette façon d’être. Il savait par ailleurs devoir assurer la permanence dans le cas où le vicaire de Saint-Sulpice, dont le témoignage manquait, serait de retour à son église mère.
    Nicolas revint vers la demie de six heures et éveilla l’inspecteur qui pour le coup s’était endormi. Aucune information n’était parvenue de Saint-Sulpice devant laquelle Rabouine faisait le guet. Las d’attendre, Nicolas décida de le rejoindre. Bourdeau, dépité, devait une nouvelle fois assurer une présencesusceptible de recevoir les informations qui parviendraient dans l’entre-temps au Grand

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