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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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signifiez-vous par là ?
    — Que, parfois, et dans le but de rendre plus aisées les affaires de l’ordre, il pourrait advenir que fussent omises certaines règles obligatoires et que, pour faire vite et plus efficace, certains s’en exonéreraient. Ainsi, par exemple, en serait-il, selon nos informations, d’un domaine situé rue d’Enfer, appartenant à feu le vicomte de Trabard qui, par traité secret signé par-devant maître Liénard, son notaire, l’a hypothéqué au profit de votre ordre. Et je passe sous silence certaine rétribution mensuelle.
    — Feu le vicomte de Trabard ? Qu’apprends-je ? Serait-il mort ?
    — Je vois qu’il ne vous est pas inconnu. En effet.
    — Je vous parlerai net, monsieur le commissaire. Nous avons en effet passé avec le vicomte un contrat. Je précise que c’est sur sa requête et en dépit de nos remarques et demandes insistantes, que l’affaire fut montée sur un tel pied. Le notaire a protesté, mais la volonté du client passe par-devant les scrupules raisonnables.
    — «  Les scrupuleux ne sont pas bien conséquents, ni dans ce qui les agite, ni dans ce qui les calme.  »
    — Comment ?
    — Non, rien, une réflexion que je me faisais à moi-même.
    — J’ajouterai que le vicomte de Trabard n’était pas ménager de sa bienfaisance, aussi n’avions-nous aucune raison de nous opposer outre mesure à cette insignifiante anicroche à la règle.
    — Anicroche est bien timide pour la qualifier ! Enfin, je le veux bien comprendre, encore que le contrôleur général des finances aurait sans doute une autre opinion. Ce n’est d’ailleurs pas ce point qui pour moi est essentiel.
    — Lequel alors ?
    — Le fait, monsieur le chanoine, que le vicomte de Trabard a été assassiné. Par conséquent l’ordre, qui avait intérêt à sa disparition, se trouve désormais sur la liste des suspects. C’est ainsi.
    — Comment ! Que dites-vous là ?
    — Je constate les faits et en tire les conséquences.
    Le chanoine jeta un regard inquiet sur le visage sévère de la reine Anne qui ne paraissait pas décidée à aider ses protégés.
    — Et, monsieur le commissaire, que devrions-nous faire selon vous pour écarter de cette maison les menaces qui pèsent sur elle ?
    — Le conseil n’est pas aisé à vous donner. Vous avez passé un traité secret qui n’épouse pas les lois et règlements du royaume. Il est nul et non avenu dès cette minute. Outre cela, si le testament du vicomte de Trabard venait à favoriser votre ordre, il va de soi que vous renonceriez sur-le-champ à tout avantage ou libéralités. Ce n’est qu’à ce prix que, peut-être, pourrait être mérité et obtenu le pardon de Sa Majesté. Quant au reste, j’ose espérer pour vous que rien ne viendra appuyer la moindre présomption de culpabilité ou de complicité dans l’assassinat du vicomte de Trabard. J’ai l’honneur, mon révérend père, de vous saluer.
    Il sortit, abandonnant l’économe figé comme les statues du portail et décida de gagner l’angle de la rue Saint-Jacques et de l’impasse des Ursulines où se trouvait l’officine de l’apothicaire fournisseur de Mme de Trabard. M. Gerault, petit homme bedonnant, l’accueillit avec toutes les démonstrations d’un aimable praticien. S’étant présenté, il fut consulté sur les conditions dans lesquelles était livrée la liqueur d’Hoffmann.
    — J’ai coutume de livrer au début de chaque mois six fioles de la liqueur en question.
    — À l’origine, qui vous a commandé cette préparation ?
    — C’est une femme de chambre qui est venue, il y a quelques mois, demander cette panacée pour sa maîtresse, la vicomtesse de Trabard, qui souffrait d’insomnies et de vapeurs.
    — Disposait-elle de quelque ordonnance de médecin ?
    M. Gerault se tortillait, caressant le bois ciré de son comptoir.
    — Non… Non, mais eu égard à la qualité de la demanderesse, je n’ai pas objecté à cette commande. J’ai un instant brandillé 21 , mais que voulez-vous je ne tenais pas me mettre à dos une puissante famille qui pouvait compromettre mon crédit auprès de nombre de mes pratiques.
    Nicolas jeta un œil appréciateur sur la splendeur de la boutique. L’ensemble de chêne était plus proche de la bibliothèque d’une noble demeure que d’une boutique, vases de porcelaine fine et bocaux de cristal s’alignaient rangés comme à la bataille et mille tiroirs référencés reflétaient la

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