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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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l’espérer, mise au débit des souris qui, avec les rats, pullulaient dans les palais et s’insinuaient partout.
    Les deux compères se retirèrent après avoir veillé à ce qu’aucune trace de leur passage ne subsistât. Nicolas reconduisit Semacgus au Grand Châtelet où l’attendait son équipage, puis il regagna la rue Montmartre. Un reste de gigot dérobé dans l’office récompensa Pluton de son aide. Il accueillit la prébende avec un enthousiasme renouvelé et satisfit un appétit que la saucisse de l’Académie des sciences n’avait pas assouvi. Nicolas se coucha et tenta de faire le bilan final d’une longue journée. La fatigue le submergea et il sombra dans le sommeil alors que, silencieuse sentinelle de la nuit, Mouchette se glissait à son côté.
    Samedi 19 juillet 1783
    Il s’éveilla à l’aube ne sachant plus où il se trouvait. Du sifflement provenant de la croisée il crut un moment être de retour à Ranreuil lorsque les bourrasques du nord-ouest venaient frapper la vieille demeure féodale. La sensation sur sa joue de la truffe froide de sa chatte le ramena à la réalité. Il éprouva une sorte de basculement et reprit ses esprits. La journée s’annonçait lourde en événements. La visite aux Prémontrés s’imposait ainsi qu’une nouvelle investigation rue d’Enfer. Et surtout M. de Sartine allait entrer en scène et Nicolas, d’expérience, savait que chacune de ses interventions, soit comme lieutenant général de police, soit comme ministre, avait dans le passé déclenché toutes sortes de conséquences, qu’elles fussent heureuses ou néfastes. Cela signifiait que l’affaire prenait un tour politique. Il n’y avait guère à s’en étonner, le nom de la reine ayant été lancé dans l’arène, tout était dit. Il espérait que Gremillon parviendrait à rattraper Diego Burgos et que du rassemblement des acteurs de l’affaire jaillirait l’esquisse, on le pouvait supposer, d’une solution. Soudain, comme une épine enfoncée qu’on finit par oublier, la pensée de l’épée de Damoclès au-dessus du destin de Louis se rappela à lui avec une intensité d’autant plus ranimée que l’action du jour précédent en avait peu à peu atténué la hantise.
     
    À l’office, il trouva Catherine maugréant, furieuse que l’éclanche froide qu’elle destinait au dîner de Noblecourt servie avec une sauce ravigote ait disparu sans doute au bénéfice d’un glouton revenant au logis à des heures insensées. Son indignation redoubla quand elle apprit d’un Nicolas penaud mais sincère que la viande avait servi de récompense au brave Pluton. Il s’enfuit sous les invectives de sa vieille amie pour retrouver dans la rue la voiture commandée la veille lors de son retour du Louvre.
    Dans sa tête les urgences se mêlaient. Une autre idée le traversa : il fallait vérifier les livraisons des fioles chez l’apothicaire de la rue Saint-Jacques. Cette profession était soumise à des règles strictes concernant la fourniture de certains produits dangereux. Ainsi des traces devraient être retrouvées des commandes de Mme de Trabard dans le registre réglementaire.
    Nicolas consulta sa montre. Il décida, étant en avance, de ne pas retarder la visite aux Prémontrés. Il souleva la glace du fenestrou et intima au cocherde piquer vers la Seine pour gagner sa destination. Et s’il lui restait un instant, il se porterait rue Saint-Jacques.
     
    Il sortit de son fiacre au carrefour de la Croix-Rouge. Les bâtiments de l’ordre occupaient un vaste périmètre pris entre les rues de Sèvres et du Cherche-Midi. Se présentant à la porte, il tomba nez à nez avec maître Vachon, soutenu par deux de ses petites mains, qui rejoignait une voiture proche. Son visage émacié paraissait empreint d’une vive irritation que manifestaient des coups redoublés de sa canne sur le sol et des imprécations diverses.
    — Mais c’est ce bon monsieur Vachon ! Quel bon vent vous conduit par ici ?
    — Monsieur le marquis, je vous salue. Voyez comme je grogne et maudis. Savez-vous le pourquoi de la chose ?
    — Point. Mais vous m’allez l’apprendre, je gage.
    — Monsieur le marquis se promène, pourtant l’air n’est point bon ces jours-ci. Il ternit le cuivre et l’argent.
    — Je ne me promène point. J’ai affaire avec les pères prémontrés.
    — Ah ! Une belle engeance, je vous l’assure. J’en sors.
    Machinalement il tapotait le col de l’habit de Nicolas

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