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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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odieuse ?
    — Jusqu’à la découverte d’une vérité qui demeure au jour d’aujourd’hui diffuse et obscure.
    — Enfin, mon époux est mort. Que voulez-vous de plus ?
    — Déterminer exactement les conditions de cette mort.
    — Interrogez donc cette monture vicieuse.
    Il observa qu’elle était vêtue d’une lévite d’intérieur de la même coupe que celle portée lors de sa première visite. De couleur jonquille, elle détonnait furieusement avec son état de veuve. Seule nouveauté, un léger mantelet de taffetas blanc garni de gaze soie de jonc anglais voilait à peine une gorge fort découverte. À part lui, Nicolas admira sa science de la parure féminine, fruit conjoint de ce que lui avait appris maître Vachon, mais aussi ses amours avec Mme de Lastérieux et Aimée d’Arranet. Cette science avait à l’occasion son utilité.
    — C’est que, madame, cet animal dont j’ai pu constater l’humeur douce n’a été que le moyen dont on s’est servi pour assassiner votre époux.
    Le moins qu’il en parût, c’est que la nouvelle n’émouvait guère la bonne dame qui continua à grignoter une aile de caille qu’elle portait à sa bouche avec des délicatesses de chatte gourmande.
    — Tiens ! Voilà qui est nouveau.
    — Certes, madame, car il va falloir trouver les raisons, les conditions et les coupables de ce crime avéré.
    — Bon, monsieur, vous avez un cheval confondu dans cette affaire. Faites-le juger.
    — Madame, je vous répète qu’il n’a été qu’un outil innocent. Que savez-vous des dernières volontés de votre époux ?
    — Je vous ai dit le peu que nous avions en commun. J’ose espérer que, mort, il me traitera mieux que de son vivant. Il a mangé ma dot… J’imagine que, n’ayant qu’un frère prêtre et plus aucune famille ni descendant, une partie de ses biens me devrait revenir si toutefois sa situation financière ne révèle pas son impécuniosité. Cependant cet hôtel et ses dépendances existent bien. Après tout ce ne serait que justice que j’en puisse profiter.
    Elle lui coula un regard qui aurait réduit a quia quelqu’un de moins sensible que Nicolas à la séduction des femmes.
    — Madame, reprit Nicolas après avoir consulté un instant son petit carnet noir, je me dois de revoir avec vous vos précédentes déclarations.
    — Que, je suppose, vous avez conservées en mémoire. Peste, on n’échappe pas aux bureaux !
    Nicolas remarqua à nouveau combien ce beau visage pouvait revêtir différents aspects. Elle n’était semblable ni de face ni de profil et chacune de ses expressions modifiait son apparence. Cette femme séduisante et retorse était double et triple.
    — Il convient en effet de tout conserver. Vous n’imaginez pas le nombre de coupables que j’ai ainsi confondus. Confondu, je note que c’est l’expression que vous avez utilisée quand je vous ai appris la mort suspecte de votre époux.
    — Et quelles conclusions en tirez-vous ?
    — Les dictionnaires sont eux aussi confondus en la matière. Confondre peut vouloir dire «  causer un grand étonnement  », ce qui en l’occurrence pouvait être vraisemblable. Mais cela signifie aussi «  causer une sorte d’effroi  », pour le coup cela demeure acceptable. Et puis nous avons une troisième acception «  se troubler  » et même «  en être réduit à ne savoir que répondre  ». Considérez, madame, comme tout peut avoir une importance.
    Elle le regardait souriante, ironique, masquant sous l’apparence de l’amusement l’agacement que lui causaient ses propos et que traduisait la torture qu’elle faisait subir à un fin mouchoir de batiste.
    — Et hors la leçon de vocabulaire, que m’allez-vous apprendre de surcroît ?
    — Des précisions tout au plus. Vous avez affirmé user chaque soir de gouttes de la liqueur d’Hoffmann pour vous mieux reposer. Vous maintenez cette affirmation ?
    — Puis-je modifier la vérité ?
    — Je vous le déconseille sauf à la rétablir. Je poursuis. Où dormez-vous, madame ?
    — La question me semble bien insolente. Dans mon lit, monsieur.
    — Soit. Et la nuit de la mort de votre époux ?
    — Dans mon lit, monsieur. Dans mon lit.
    Nicolas feuilleta son carnet.
    — … Je l’ai fréquenté une bonne partie de la nuit, allongée ici sur ce sofa, y prenant grand plaisir. Entendez-vous votre propre voix, madame ?
    — Certes ! Et alors, lit ou sofa, qu’importe ?
    — Il importe

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