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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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beaucoup, madame, et je suis en droit de douter que cette nuit-là vous vous soyez trouvée dans vos appartements. Et si vous n’y étiez point, où avez-vous passé la nuit ?
    — Mais ici, monsieur. Ici !
    Elle s’était dressée, pareille à une figure de tragédie. Le mantelet avait glissé. Sa main droite levée semblait en appeler au ciel tandis que l’autre sur le cœur en comprimait le désordre.
    — Madame, je vous rappelle que vous répondez aux questions d’un magistrat. Soit, vous reposiez sous votre courtine. Aimez-vous les parfums, madame ?
    — Je ne répondrai pas.
    — Soit ! Il se trouve que j’ai retrouvé une fragrance d’une eau de senteur réputée, et savez-vous où ?
    — Je l’ignore.
    — Cette eau, il se trouve que je la connais bien. C’est l’ Eau de la reine de Hongrie . Vous vous en servez, madame, sans mesure et ceux qui ont l’honneur de vous approcher ne sauraient l’oublier.
    — Je suis fort aise qu’elle vous convienne.
    Le mantelet ramassé avait été frileusement croisé sur la poitrine comme si, soudain, le froid l’avait saisie.
    — Or ce parfum, je l’ai retrouvé ailleurs, dans un endroit où l’on ne s’attendait pas à le découvrir.
    — Et où, mon Dieu ?
    — Dans le lit, dans les draps pour être précis, de votre palefrenier Decroix. Y compris dans l’eau sale de sa cuvette.
    Il n’eut pas droit au scandale qu’il attendait.
    — Et quoi, monsieur, Decroix n’a-t-il pas le droit de se servir de cette eau ? Elle ne m’est pas réservée !
    — Votre mari peut-être, votre palefrenier j’en doute. Je vais vous dire ce que je crois et que vous devriez me confier : M. Decroix est votre amant et vous avez passé la nuit avec lui. S’obstiner dans la dénégation ne peut que créer des doutes et des soupçons dont vous pâtiriez.
    — Monsieur, vous m’outragez !
    — Soit, madame, comme il vous plaira.
    Il se retira mais au moment où il franchissait le seuil de la porte, il se retourna pour lancer une dernière pointe.
    — La prochaine fois, veillez à mettre des chandelles usées lorsque vous prétendez avoir lu toute la nuit et lavez-vous les pieds. Ils ne seront point souillés de terre et de pétales de fleurs.
    Et il se mit à chantonner :
    On fait l’amour sur la bruyère
    Aussi bien que auprès du feu…
    La vicomtesse de Trabard ne céderait pas. Cela ne signifiait nullement qu’elle fût compromise dans la mort de son époux, mais son manque de sincérité rédimait la créance qu’on aurait pu lui accorder sur d’autres points.
     
    Decroix était à la carrière, débourrant à la longe un poulain. Nicolas admira la robe aubère du débutant et la science de l’écuyer.
    — Il est ardent, mais sera léger à la main, s’écria-t-il en saluant Decroix.
    Le palefrenier laissa aller.
    — Oh ! Il a encore tendance à s’enchevêtrer et s’empêtre ; cela lui passera, c’est le fait de sa jeunesse. Que puis-je à votre service, monsieur le commissaire ?
    — Hélas, monsieur, il s’avère que votre maître a été assassiné et que le ou les coupables doivent être trouvés, jugés et punis.
    L’homme hocha la tête. L’annonce faite par Nicolas n’avait déclenché aucune émotion.
    — Il avait dû se mettre dans une mauvaise affaire. C’est toujours le risque avec les paris, les chevaux et les courses.
    — Avez-vous quelque raison pour affirmer cela ?
    — De mauvaises têtes sont venues à plusieurs reprises et l’avaient menacé.
    — Pourriez-vous m’indiquer qui étaient ces gens.
    — Je ne les connais pas. J’ai assisté à ces altercations de loin.
    — Une question. Usez-vous d’une eau de senteur dite de la reine de Hongrie  ?
    — Foutre, monsieur. Je laisse cela aux mignons de couchette comme le Diego Burgos qui fleure le dameret à vingt toises !
    — Parlons-en. Pourquoi a-t-il quitté Paris selon vous ?
    — Quitté Paris ? Je n’en sais rien. En tout cas, il a disparu. Sans doute estimait-il qu’il n’avait plus sa place ici après la mort du maître.
    — Aurait-il pu l’assassiner ? Et pourquoi ?
    — Je n’en ai cure et je m’en moque.
    — Monsieur Decroix, êtes-vous l’amant de la vicomtesse de Trabard ? Réfléchissez bien avant de me répondre.
    Menaçant, Decroix agitait son fouet.
    — Tout autre que vous, monsieur, aurait sur-le-champ regretté de m’avoir demandé cela.
    Nicolas fut surpris de la fermeté du palefrenier, tant

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