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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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frère Cosmas. Il remonta péniblement la nef. Le franciscain tenait un couteau d’une main et, de l’autre, une chandelle qu’il venait d’effiler. Verlian parvint au jubé, poussé par le prêtre, et monta en titubant les marches étroites. Il effleura l’autel puis s’accroupit à ses pieds. Au-dessus de lui se dressait la figure spectrale du frère Cosmas dans son vêtement de bure. La moitié inférieure de son visage pâle était dissimulée par la barbe noire et broussailleuse qui lui arrivait à la poitrine.
    — Vous êtes Robert Verlian ! s’exclama-t-il. Naguère chef verdier de Lord Henry. On dit que vous êtes un meurtrier, un assassin !
    — Je ne suis pas un assassin ! rétorqua Verlian. Je n’ai commis aucun crime ! Je demande asile !
    Le franciscain renifla et s’agenouilla à ses côtés.
    — Je ne peux pas grand-chose pour vous, mon ami.
    Ses yeux s’étaient faits bienveillants.
    — Sir William est le seigneur du manoir.
    — Mais pas de cette église ! rétorqua le verdier.
    — Non, non, en effet !
    Le prêtre se leva en entendant tambouriner à la porte.
    — Et peut-être est-il temps de le lui rappeler !
    Dans la spacieuse et solide demeure qui faisait l’angle de la rue Saint-Denis, à une portée de flèche des cloches de Notre-Dame, Simon Roulles, l’éternel étudiant, l’escolier errant, le loyal serviteur du roi Édouard d’Angleterre, avait trouvé son propre asile dans la riche chambre de Mme Malvoisin qui n’était plus de la première jeunesse. Simon, que son amante connaissait sous le nom de Bertrand, roula sur le lit et regarda avec attention sa dernière conquête.
    — Tu es un vrai mâle, chuchota-t-elle, un étalon !
    Simon éclata de rire et se renversa sur les oreillers.
    — Pourquoi moi ?
    La question avait été posée bien des fois ces derniers jours. Simon essayait toujours d’être honnête. Après tout, qu’était-il, avec ses vingt-quatre ou vingt-cinq ans ? La femme aux cheveux gris qui était étendue près de lui avait au moins le double de son âge. Dans sa jeunesse Mme Malvoisin avait dû être séduisante : yeux vifs et lèvres généreuses. Le fard dont elle avait poudré son visage dissimulait rides et marques des ans. Elle était ronde, chaude et douce comme soie ; pour être franc, Simon devait reconnaître que c’était un repos confortable pour une âme errante comme lui.
    Il l’avait rencontrée sur la place du marché, alors qu’il venait de faire friser et coiffer ses cheveux. Il portait sa meilleure toge qui exhibait les couleurs chatoyantes des étudiants de Quadrivium et de Trivium en Sorbonne. Sa servante s’était égarée et le ballot de linge dont elle était chargée était lourd. Simon avait proposé son aide. Quand ils étaient arrivés à la riche demeure aux pièces lambrissées, Simon avait accepté un gobelet de vin doux et quelques friandises. Bien entendu, il avait été invité à revenir et ne s’était pas fait prier. Il avait emmené Mme Malvoisin au Quartier Latin, dans les tavernes bondées d’écervelés, de joyeux escoliers qui buvaient, chantaient et dansaient avec beaucoup de grâce, puis dans les champs ou dans des barques le long de la Seine, où il s’était avéré fort galant chevalier servant.
    Mme Malvoisin avait renoncé à toute discrétion. Ce jeune étudiant était maître de son coeur et de son lit. Elle ne se souciait pas plus des chuchotis et des ricanements de ses servantes que des ragots de ses voisins aux aguets. Après tout, qu’étaient-ils si ce n’est jaloux ? Envieux de sa chance ? Ne méritait-elle pas ce qui lui arrivait ? Elle, l’épouse d’un mire royal, jusqu’à ce que le pauvre Gilles, soûl comme une grive, ait cet accident sur le fleuve ? Il revenait d’une réunion avec des confrères et, selon le batelier, avait insisté pour se mettre debout ; l’embarcation avait chaviré et ce n’est que quelques jours plus tard qu’on avait retiré de la Seine le corps du malheureux Gilles, mangé par les poissons.
    Mme Malvoisin contempla le baldaquin doré qui surmontait le lit à quatre colonnes. Elle s’interrogeait souvent sur la mort de son mari. Meurtre ou accident ? Gilles n’avait-il pas fait allusion à certains secrets redoutables concernant la Cour, des choses qu’aucun homme n’aurait jamais dû savoir ? À son tour, elle avait ouvert son coeur à ce beau et jeune clerc dont les mains, à nouveau, caressaient ses seins et

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