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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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approvisionner les cuisines royales en viande fraîche.
    — Qu’alliez-vous dire, Messire ? s’enquit Ranulf, craignant que le magistrat ne se plonge dans un silence méditatif.
    — Bon, maintenant que nous ne sommes plus au palais, je peux te répondre. Tout le monde ment, Ranulf. Quand je reposais, à Leighton, dans mon grand lit à quatre colonnes et que Lady Maeve me soignait et me dorlotait, je continuais à recevoir des rapports d’espions, de marchands, de colporteurs, de chaudronniers et d’étudiants.
    — Vous disiez que ce n’était que bavardages, ragots de puits de village !
    Corbett hocha la tête.
    — Dans l’ensemble, c’était vrai. Pourtant crois-moi, Ranulf, s’il m’avait fallu rester un jour de plus dans ce lit, je serais devenu fou. Mais ne te méprends pas : j’aime Lady Maeve plus que ma vie. Et quant à Aliénor, eh bien, tu sais ce qu’il en est ?
    — Et Lady Maeve est à nouveau grosse ?
    — Épanouie comme rose à midi !
    — Ce sera un garçon cette fois ?
    — Je prie juste pour que ce soit un enfant qui vive. Bon, mon esprit est comme celui des autres, il faut le maintenir éveillé. Je sais que Craon a eu vent de mes blessures et qu’il a probablement souhaité ma mort. Les temps à venir seront passionnants, Ranulf. Un héritier anglais va épouser une princesse française. Philippe de France est sur le point de voir se réaliser son rêve : qu’un descendant de son grand ancêtre, saint Louis, s’assoie sur le trône de Westminster. Édouard veut se dégager. S’il y parvient, le sang coulera. J’ai donc écouté mes espions. Et un en particulier : Aidan Smallbone, un clerc solitaire de la chancellerie secrète du roi.
    — Mais je croyais... l’interrompit Ranulf.
    — Oui, je sais ! Je détiens les Sceaux privés. Ces messages devraient me parvenir, mais il y a une phrase des Écritures que notre roi a faite sienne : il n’aime pas que sa main gauche sache ce que fait sa main droite ! Par conséquent, certaines missives, certains documents, lui sont directement envoyés. Messire Smallbone se contente, quand on en a fini avec eux, de les mettre dans un endroit secret des archives. Édouard est toujours présent à ce moment. Quoi qu’il en soit, Messire Smallbone est l’un de mes amis. Il m’a envoyé une lettre pour s’informer de ma santé et exprimer le désir de me voir, ce qui signifie qu’il a quelque chose à me vendre.
    Ils entrèrent à L’Arbre de Jessé. Jambons et quartiers de venaison, que l’on fumait et séchait en prévision de l’hiver prochain, parfumaient la grand-salle. Le propriétaire, tout saluts et courbettes, accueillit le magistrat, et conduisit les deux hommes en haut de l’escalier de bois. Ranulf fut déçu par L’Étoile de Bethléem. C’était une vaste chambre, bien meublée, mais, sur le mur, les peintures qui décrivaient la naissance du Christ étaient de médiocre facture et exécutées à la hâte ; quant aux étoiles d’or sur le plafond bleu, elles pâlissaient et s’écaillaient. Messire Smallbone était un homme chauve et quelconque dont le nez, qu’il essuyait avec obstination sur la manche de son justaucorps sale, coulait sans cesse. Corbett le salua avec une certaine chaleur et ils s’installèrent autour de la petite table sur tréteaux pour échanger commérages et plaisanteries pendant que le tavernier apportait des chopes de bière et des morceaux de gibier. Dès qu’il fut sorti, Corbett barricada la porte. Smallbone dévorait comme un affamé, mais lorsque le magistrat exhiba une pièce d’or, il s’en empara sans tarder et la fit choir dans son escarcelle.
    — Bon, Messire Smallbone, vous voilà payé. Écoutons votre chanson à présent !
    — Le roi désire rompre le traité.
    — Je le sais.
    Smallbone renifla.
    — Il pense que Gaveston est revenu en Angleterre.
    — Quoi ? Mais il était exilé sous peine de mort !
    — Sous peine de mort ! railla Smallbone. On l’a vu à Londres et les officiers du port racontent la même chose, mais quant à savoir s’il est encore ici...
    — Continuez.
    — Le mire de feu Fitzalan intéresse fort le roi. Vous savez que Lord Henry, depuis quelque temps, employait un Italien, Pancius Cantrone. Il avait loué ses services pendant ses voyages.
    — Et pourquoi Édouard lui prêterait-il attention ?
    — Parce qu’il a travaillé avec Gilles Malvoisin.
    Corbett reposa sa chope.
    — Malvoisin ? Il était mire,

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