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L'art de la Guerre (Les Treize Articles)

L'art de la Guerre (Les Treize Articles)

Titel: L'art de la Guerre (Les Treize Articles) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sun Tzu
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rencontrer ; de crainte qu'alarmé
par les impossibilités qu'il suppute, où les inconvénients trop
manifestes qu'il découvre, il renonce à son dessein. Vous en serez
pour votre travail et pour vos peines, peut-être même pour quelque
chose de plus.
    La grande science est de lui faire vouloir
tout ce que vous voulez qu'il fasse, et de lui fournir, sans qu'il
s'en aperçoive, tous les moyens de vous seconder.
    Après que vous aurez ainsi disposé du lieu de
votre campement et de celui de l'ennemi lui-même, attendez
tranquillement que votre adversaire fasse les premières
démarches ; mais en attendant, tâchez de l'affamer au milieu
de l'abondance, de lui procurer du tracas dans le sein du repos, et
de lui susciter mille terreurs dans le temps même de sa plus grande
sécurité.
    Si, après avoir longtemps attendu, vous ne
voyez pas que l'ennemi se dispose à sortir de son camp, sortez
vous-même du vôtre ; par votre mouvement provoquez le sien,
donnez-lui de fréquentes alarmes, faites-lui naître l'occasion de
faire quelque imprudence dont vous puissiez tirer du profit.
    S'il s'agit de garder, gardez avec
force : ne vous endormez point. S'il s'agit d'aller, allez
promptement, allez sûrement par des chemins qui ne soient connus
que de vous.
    Rendez-vous dans des lieux où l'ennemi ne
puisse pas soupçonner que vous ayez dessein d'aller. Sortez tout à
coup d'où il ne vous attend pas, et tombez sur lui lorsqu'il y
pensera le moins.
    Pour être certain de prendre ce que vous
attaquez, il faut donner l'assaut là où il ne se protège pas ;
pour être certain de garder ce que vous défendez, il faut défendre
un endroit que l'ennemi n'attaque pas.
    Si après avoir marché assez longtemps, si par
vos marches et contre-marches vous avez parcouru l'espace de mille
lieues sans que vous ayez reçu encore aucun dommage, sans même que
vous ayez été arrêté, concluez : ou que l'ennemi ignore vos
desseins, ou qu'il a peur de vous, ou qu'il ne fait pas garder les
postes qui peuvent être de conséquence pour lui. Évitez de tomber
dans un pareil défaut.
    Le grand art d'un général est de faire en
sorte que l'ennemi ignore toujours le lieu où il aura à combattre,
et de lui dérober avec soin la connaissance des postes qu'il fait
garder. S'il en vient à bout, et qu'il puisse cacher de même
jusqu'aux moindres de ses démarches, ce n'est pas seulement un
habile général, c'est un homme extraordinaire, c'est un prodige.
Sans être vu, il voit ; il entend, sans être entendu ; il
agit sans bruit et dispose comme il lui plaît du sort de ses
ennemis.
    De plus, si, les armées étant déployées, vous
n'apercevez pas qu'il y ait un certain vide qui puisse vous
favoriser, ne tentez pas d'enfoncer les bataillons ennemis. Si,
lorsqu'ils prennent la fuite, ou qu'ils retournent sur leurs pas,
ils usent d'une extrême diligence et marchent en bon ordre, ne
tentez pas de les poursuivre ; ou, si vous les poursuivez, que
ce ne soit jamais ni trop loin, ni dans les pays inconnus. Si,
lorsque vous avez dessein de livrer la bataille, les ennemis
restent dans leurs retranchements, n'allez pas les y attaquer,
surtout s'ils sont bien retranchés, s'ils ont de larges fossés et
des murailles élevées qui les couvrent. Si, au contraire, croyant
qu'il n'est pas à propos de livrer le combat, vous voulez l'éviter,
tenez-vous dans vos retranchements, et disposez-vous à soutenir
l'attaque et à faire quelques sorties utiles.
    Laissez fatiguer les ennemis, attendez qu'ils
soient ou en désordre ou dans une très grande sécurité ; vous
pourrez sortir alors et fondre sur eux avec avantage. Ayez
constamment une extrême attention à ne jamais séparer les
différents corps de vos armées. Faites qu'ils puissent toujours se
soutenir aisément les uns les autres ; au contraire, faites
faire à l'ennemi le plus de diversion qu'il se pourra. S'il se
partage en dix corps, attaquez chacun d'eux séparément avec votre
armée toute entière ; c'est le véritable moyen de combattre
toujours avec avantage. De cette sorte, quelque petite que soit
votre armée, le grand nombre sera toujours de votre côté.
    Que l'ennemi ne sache jamais comment vous avez
l'intention de le combattre, ni la manière dont vous vous disposez
à l'attaquer, ou à vous défendre. Car, s'il se prépare au front,
ses arrières seront faibles ; s'il se prépare à l'arrière, son
front sera fragile ; s'il se prépare à sa gauche, sa droite
sera vulnérable ;

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