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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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sur son strapontin, John Steading, malade
de frousse, tâchait de récupérer son sang-froid. Son visage crasseux ruisselait
de sueur ; il avait l’air d’avoir seize ans. Le machiniste laissa tomber
un pic à charbon sur le ballast et descendit les degrés du marchepied un à un. Le
chauffeur le suivit en sautant les deux dernières marches. Le bandit leur serra
alors la main et se présenta comme Jesse James, l’homme sur lequel ils avaient
lu tant de choses.
    Comme la locomotive
venait de s’immobiliser au milieu de la côte d’Independence Hill, Charles
Williams, l’employé des wagons-lits, entrevit depuis la plate-forme de la
voiture pour dames (dans laquelle il était interdit de fumer) trois ou quatre
hommes près de la locomotive qui entouraient Chappy Foote tandis que celui-ci
prenait pied sur le ballast. De petite taille, vêtu d’un uniforme bleu marine
avec des boutons en cuivre, une casquette bleue vissée de biais sur le crâne, Williams
était le fils d’anciens esclaves et il ne s’en laissait pas conter. Il saisit
donc sa lanterne avec l’intention d’aller s’informer de la nature du
dérangement, mais à peine eut-il entrepris de longer les wagons à toutes jambes
qu’un homme près du fourgon de queue vociféra : « Rentre dans le
train, salaud de noir ! » et que quatre tirs croisés le
contraignirent à regagner la plate-forme. Il ouvrit la porte du wagon et
découvrit ces dames en train de baisser les trente-quatre rideaux et d’escamoter
leurs objets de valeur, retroussant leurs jupes afin de glisser leurs billets
dans leurs corsets, enfouissant leurs bijoux dans leurs soutiens-gorge, planquant
leurs porte-monnaie et leurs colliers sous les coussins des banquettes. (Un peu
plus tard, lorsqu’une femme qui avait dissimulé plus de mille dollars et une
élégante montre dans ses bas tendit avec résignation son sac à main brodé à
Frank James, celui-ci le refusa courtoisement.) Puis des hommes débarquèrent de
la voiture fumeurs, des dollars plein leurs chapeaux melon, et s’affalèrent à
leur place, leurs enfants blottis contre eux, pelotonnés sous les tablettes ou
encore tapis entre les fauteuils à franges et les parois.
    Williams se hâta de traverser la voiture et
entrouvrit discrètement la porte à l’autre bout. (Les soufflets reliant les
voitures n’existaient alors pas encore ; le seul équipement de sécurité
était un garde-fou sur la plate-forme et le seul rempart contre les éléments un
avant-toit.) Il descendit les marches en douce et avisa trois hommes masqués à
la hauteur du deuxième compartiment de la voiture-lit illuminée ; l’un d’eux
fumait une cigarette, un autre donnait des coups de pied dans des concrétions
de suie sous le wagon. Cela faisait plusieurs minutes que le train était stoppé
et ils étaient en manque d’action et de distractions, sur le point de se mettre
en quête de bouteilles à briser.
    Le type à la cigarette leva les yeux et pointa
son fusil de chasse dans la direction de l’employé des wagons-lits.
    « Si tu ne veux pas qu’on te fasse sauter
le caisson, je te conseille de rentrer, foutu nègre », grogna-t-il.
    Il s’agissait d’Ed Miller, qui devait lui-même
se prendre une balle dans la tête quelques mois plus tard.
    Le chef de train se
nommait Joel Hazelbaker. C’était un homme sévère qui avait travaillé pendant
dix ans sur des convois de marchandises et s’était brisé quasiment tous les os
des mains à force de se colleter avec des vagabonds. Quand la locomotive
décéléra, il se suspendit au-dessus du ballast par une main afin de comprendre
pourquoi et assista à la charge des bandits dans le goulet. Il prévint les
passagers de seconde classe, puis eut la présence d’esprit de redescendre la
pente au trot jusqu’au fourgon de queue afin de réquisitionner une vigie. Ils
avaient peu auparavant dépassé un train de marchandises et si personne ne l’avertissait,
celui-ci risquait de les percuter (un accident commun à l’époque), auquel cas
les voitures de queue s’accordéonneraient et la locomotive du convoi de
marchandises exploserait. Près des luxueux wagons de première classe, Hazelbaker
rencontra un hors-la-loi en imperméable ramassé sur lui-même, un revolver dans
chaque main, tel un brigand d’opérette, qui ordonna au chef de train de s’arrêter,
mais l’écouta lorsque ce dernier lui expliqua qu’il fallait stopper le train de
marchandises. Un serre-frein du nom

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