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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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de Frank Burton apparut, titubant, sur le
toit de la voiture fumeurs et rejoignit Hazelbaker avec une lanterne rouge ;
les deux hommes foncèrent vers le fourgon de queue, mais ils essuyèrent une
telle grêle de balles que Hazelbaker crut un instant que les bandits
disposaient d’une mitrailleuse R. J. Gatling à plusieurs canons. Les
projectiles manquèrent tous leurs buts, criblant de trous les basques du
manteau de Burton qui sprintait sans demander son reste, puis les coups de feu
s’espacèrent à mesure que Frank James progressait le long du ballast en remuant
avec irritation les bras au-dessus de sa tête et, de sa grosse voix, commandait
à tous de cesser le tir. Bouillonnant de colère, il chercha quelque andouille
sur qui cogner et opta pour son cousin Clarence Hite, à qui il expédia une
torgnole dans l’oreille avant d’autoriser le chef de train à poursuivre son
chemin.
    Hazelbaker raconta plus tard à des
journalistes que Burton et lui étaient à dix perches seulement du fourgon de
queue quand le train de marchandises s’était annoncé par de longs coups de
sifflet, le machiniste ayant deviné qu’il devait y avoir un problème un peu
plus loin sur la voie d’après les flammèches qui tournoyaient au-dessus de la
cime des arbres. Le serre-frein avait effectué des signaux similaires à ceux de
Jesse avec la lanterne et, sitôt les freins de la locomotive entrés en action, le
chef de train était reparti en direction de la voiture-lit, puis avait dégrafé
de son gilet la chaîne de sa montre nickelée et ouvert son portefeuille en cuir
attaché à l’une de ses bretelles par un lacet, qui était aussi volumineux que l’enveloppe
d’une citation à comparaître. Il sépara les soixante-quinze dollars qui lui
appartenaient des sommes perçues ce soir-là, puis se délesta de l’argent et de
son oignon dans le réservoir d’eau en acier arrimé près de la porte de la
voiture pullman. La montre tomba dans l’eau avec un bruit évoquant sa perte
irrémédiable et l’estomac de Hazelbaker se souleva.
    Dans ce train, le
wagon à bagages, la voiture postale et celle de l’U. S. Express étaient
rassemblés en un seul wagon, vert, dépourvu de fenêtres, à l’intérieur duquel
la propriété de l’État fédéral était isolée du reste des marchandises par une
cloison en bois et un grillage. L’employé des Postes s’appelait O. P. Melloe.
Dès que la locomotive s’arrêta, il ouvrit la porte du côté nord de la voie et, appuyé
contre le chambranle, épia les hors-la-loi qui s’entretenaient avec le
machiniste. Il aperçut, à l’arrière du wagon, les deux têtes superposées du
chef bagagiste et du convoyeur de l’U. S. Express qui se tordaient le cou
par la porte ouverte.
    « O. P. ? l’interpella le chef
bagagiste. Nous allons verrouiller cette porte de l’intérieur.
    — Ça me paraît une bonne idée », approuva
Melloe.
    La porte claqua et, à travers le maillage
métallique au-dessus de la cloison, l’employé des Postes entendit les deux
jeunes gens déplacer des sacs et des caisses. Il escalada les sacs de courrier
et vit qu’ils empilaient des cages à volailles autour du coffre-fort de l’Adams
Express Company, à destination de Kansas City, afin de le dérober aux regards.
    « Si vous vous retrouvez dos au mur, faites
ce qu’il faut pour sauver votre peau », exhorta Melloe.
    Henry Fox, le convoyeur, reposa bruyamment une
caisse d’accessoires de plomberie et jeta un coup d’œil à l’entour, à l’affût d’autres
objets de valeur à mettre en sûreté.
    « Merci de t’en faire pour nous, Opie »,
répondit-il.
    Melloe dévala l’amas de correspondance et
revint se poster derrière sa porte entrebâillée. Un homme vêtu d’une capote d’officier
sudiste avec un foulard bleu sur le visage approchait en boitant avec le jeune
chauffeur qu’il traînait derrière lui par le col de chemise, suivi d’un gosse
maigrelet affublé d’un tuyau de poêle et d’un manteau trop grand qui menaçait
Foote.
    Une fois devant le compartiment de l’U. S.
Express, Chappy Foote essaya, en vain, d’actionner la poignée, puis s’enquit de
la conduite à tenir, puisque la porte était de toute évidence verrouillée et qu’il
était impossible de la forcer. Jesse arma à nouveau le chien de son revolver, avec
un cliquètement rappelant le bruit d’un barbier faisant craquer ses phalanges.
    « Pourquoi ne pas la

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