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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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nombre, continua
Jesse. Il change tout le temps.
    — Je ne sais même pas ce que c’est, une
étoile, fit valoir Charley.
    — Ton corps le sait. C’est ton esprit qui
l’a oublié. »
    Charley lorgna Jesse du coin de l’œil.
    « C’était une bonne idée, ce petit tour. On
pourrait rentrer ?
    — Déjà ?
    — Je ne sais pas pourquoi, je ne suis pas
trop dans mon assiette, ces temps-ci, rien que le pas de mon cheval me colle
des haut-le-cœur.
    — Il faut que tu assainisses ton mode de
vie.
    — Bref, comme je te dis, je ne suis pas
dans mon assiette… »
    Jesse n’ajouta rien. Son cheval hennit
doucement, fit cliqueter son mors, Jesse laissa pendre ses jambes hors des
étriers et se trémoussa sur sa selle pour se désendolorir. Il releva le col de
son manteau et rentra le menton comme pour se garder d’un vent coulis, puis, tirant
légèrement sur ses rênes, se positionna un mètre derrière Charley, qui, en
proie à un sinistre pressentiment, se demanda avec angoisse si Jesse avait déjà
dégainé son arme. Ils étaient environnés de verdure et, alors qu’ils abordaient
une montée et que Charley, qui avait commencé à psalmodier mentalement la seule
prière qu’il connût, celle que les enfants récitent avant de se coucher, parvenait
aux mots « Puisse le seigneur veiller sur mon âme », une comète d’or
dévala la route comme un boulet de canon. Elle fut sur eux en un instant, tournoyante,
roussit les pattes de leurs montures, qui s’écartèrent en protestant. La
seconde d’après, elle avait disparu. De la fumée s’éleva jusqu’aux naseaux des
chevaux, qui secouèrent la tête à cause de l’odeur.
    Charley relata ce prodige à Bob et quand, le
21 avril, il en fit le récit à la Tribune de Liberty, il n’était
toujours pas revenu de son ébahissement ; il ignorait s’il avait eu
affaire à un éclair, un météore ou à un buisson d’amarante enflammé qu’un
plaisantin avait jeté dans la pente. Mais d’après lui, Jesse avait accepté le
phénomène avec calme – tout juste un soupçon de contrariété dans le regard – et
avait prétendu que c’était là un présage, que le feu s’était déjà manifesté à
lui sous diverses formes par le passé et qu’à chaque fois s’était ensuivi
quelque malheur.
    Charley, habitué aux mensonges grandioses de
Jesse, n’émit pas le moindre doute et se contenta de jeter derrière lui un coup
d’œil qui lui dévoila qu’il s’était mépris sur les intentions de Jesse, car les
revolvers de celui-ci étaient toujours sous les pans de sa capote.
    Jesse tourna son cheval vers l’ouest.
    « J’ai eu des visions qui auraient fait
défaillir Daniel, déclara-t-il à Charley sur le chemin du retour. J’ai reçu
autant d’avertissements célestes qu’Israël. » Il sourit à Charley comme s’ils
eussent évoqué les mérites d’une clé anglaise ou d’une poulie. « C’est
rudement pratique. »
    Le samedi marqua l’arrivée
d’un temps estival dans tout l’État : les cieux étaient bleus, le soleil
impérieux, les températures dépassaient les vingt-cinq vers midi. Le fleuve
tumultueux et ses affluents scintillaient de mille feux et, par la fenêtre de l’arrière-cuisine,
le Kansas ondoyait, tel un reflet brillant dans l’eau sous les yeux de Zee. Les
Ford démontèrent les contre-châssis et Jesse ouvrit grandes toutes les fenêtres
afin de laisser l’air frais circuler dans toutes les pièces, mais ils furent
trop paresseux ou trop mollassons pour installer les moustiquaires, si bien que
des mouches se posèrent sur les miches de pain qui levaient et que des oiseaux
s’engouffrèrent dans la maison.
    Jesse se rendit au marché avec Tim et Mary et
revint avec une cagette de victuailles et une boîte noire sous le bras droit. Il
embrassa Zee, lui caressa les fesses, lui demanda comment elle se sentait. Elle
remarqua qu’il était passé entre les mains d’un coiffeur : il avait une
traînée blanche de talc dans le cou et sa chevelure châtaine fleurait le lilas ;
il était plus beau encore qu’au jour où elle l’avait épousé – un attribut de l’âge
qu’elle enviait souvent aux hommes. Jesse s’inquiéta de son cousin Bob et elle
l’informa qu’il se reposait dans la chambre des enfants.
    Les rayons du soleil se déversaient en biais
dans la pièce et les rideaux se balançaient. Bob ne sut ce qui l’avait réveillé.
Il se retourna sur le lit d’enfant et découvrit Jesse

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