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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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que certains
arrangements susceptibles de déboucher sur l’arrestation prochaine des frères
James en personne avaient été pris. Il assura avec fatuité ne pas pouvoir en
divulguer davantage – comme si ce n’était pas déjà assez pour mettre les Ford
en danger.
    Le 30 mars, l’ Evening Star de Kansas
City publia un éditorial dans lequel on pouvait lire : « Le commissaire
Craig, le shérif Timberlake et Dick Little sont restés enfermés tout l’après-midi
dans le bureau de Craig, tandis que le hors-la-loi dressait par écrit et sous
serment la liste des forfaits passés de la bande. L’ Evening Star est à
même d’indiquer que Little collabore avec les forces de l’ordre depuis
plusieurs mois. »
    L’ Evening Star se
focalisa à nouveau sur les aveux de Dick Liddil le vendredi 31 mars, dans un
article intitulé, non sans quelque inexactitude, « La bande des frères
James ». Les bandits s’y voyaient attribuer les attaques de Glendale, de
Winston et de Blue Cut, mais seul Dick Liddil était incriminé pour le meurtre
de Wood Hite et c’était prétendument aux environs de Springfield, Missouri, qu’avait
eu lieu le règlement de compte. « Le meurtre de Wood a déclenché l’ire de
Jesse, écrivait le journaliste, et Little s’est enfui de la bande pour échapper
à sa fureur. Jesse a alors offert une récompense de 1000 $ pour Dick Little – mort
ou vif, mais, a-t-il précisé, de préférence mort. Dès que Little l’a appris, il
s’est rendu au commissaire Craig et au shérif Timberlake et a trahi – ou fait
mine de trahir – toute la bande. »
    Des articles similaires parurent dans le Kansas City Times, mais comme Jesse y était abonné et le recevait par la poste,
il n’apprit pas la collusion de Dick avec la police avant le matin du 3 avril
et ne put donc pas en tirer les conclusions adéquates quant aux Ford. Toutefois,
il se comportait avec le scepticisme et la suspicion d’un homme déjà au courant.
Au cours de la journée du 31, il ignora quasiment toutes les remarques de Bob
et parla à peine lors du dîner, sauf pour se plaindre que sa palette de bœuf
fût trop cuite ; Zee se hâta de remporter la tranche fautive à la cuisine
afin de l’attendrir à la vapeur et Jesse souffla à Charley : « Elle a
toujours scandaleusement mal cuisiné. Tu coupes sa viande, la table bouge. »
    Il passa le début de soirée en toute
simplicité, assis sur le canapé avec Tim et Mary, à leur lire Les Cinq
petits Pepper et comment ils grandirent  : « “Passé l’agitation et
la confusion de la mi-journée, la petite cuisine avait retrouvé son calme, ainsi
que ses manières post-méridiennes, et présentait, comme il se devait pour la
pièce principale de la maisonnette, un aspect festif.” »
    Charley démonta son pistolet avec un tournevis,
les yeux plissés à cause de la fumée de sa cigarette, en toussotant comme un
vieux moteur ; Bob fit un somme sur le lit du séjour, mais se réveilla
lorsqu’il entendit Jesse frapper le pied de Charley avec son chapeau et lancer :
    « Amène-toi, cousin, on va faire un tour
à cheval. »
    Charley adressa un regard effrayé à Bob.
    « Désolé, mais je ne me sens pas très
fringant, allégua-t-il.
    — Maux d’estomac ?
    — Quelque chose de ce genre.
    — L’air de la nuit te remettra d’aplomb »,
décréta Jesse en broyant le poignet de Charley et en le tirant brutalement pour
l’obliger à se lever.
    Charley enfila à reculons son manteau et ses
bottes, puis jeta un nouveau coup d’œil à son frère.
    « Tu ne veux pas venir ? proposa-t-il.
    — Bob reste ici », lui opposa Jesse
et ils sortirent tous les deux seller leurs chevaux.
    Ils partirent en direction de l’est et de
Pigeon Hill, abrités de la lune par les ramages entrelacés de noyers blancs. Jesse
divaguait tantôt à droite, tantôt à gauche de Charley, suivait les rivières et
les sentes à vaches, gravissait des talus entre les arbres, rejoignait la route
plusieurs mètres derrière Charley, le rattrapait avec lenteur.
    « Ça t’arrive de compter les étoiles ? »
s’enquit Jesse.
    Charley leva les yeux vers les mouchetures de
lumières au-dessus de lui. Elles lui rappelèrent les bardeaux mal jointifs de
la grange de son père, un jour où un chat sur lequel il tirait s’était réfugié
dans la charpente – il était midi dehors, mais minuit chaque fois qu’il visait
avec son pistolet.
    « Je ne tombe jamais sur le même

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