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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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sur une chaise à
balustres, qui le contemplait avec intérêt.
    « Je ne t’ai jamais interrogé quant à tes
origines, fit Jesse.
    — Ça fait longtemps que tu m’étudies ?
    — Tu as des airs français. »
    Bob s’assit au bord du lit.
    « La femme de mon grand-père était une
Française de La Nouvelle-Orléans. Lui a fait partie des Volontaires de Virginie
pendant la guerre de 1812. Je dois tenir de ma grand-mère.
    — Tu vas être un vrai bourreau des cœurs. »
    Bob haussa un sourcil.
    « Comment ça ? »
    Jesse exhiba la boîte noire qu’il dissimulait
derrière son dos et la tendit à Bob.
    « Tiens, cadeau. »
    Bob la soupesa, tâchant d’en deviner le contenu.
    « C’est lourd !
    — Tu ne l’ouvres pas ?
    — Que me vaut toute cette gentillesse ?
    — Tu m’as offert ce tire-botte cochon ;
c’est ton cadeau de Noël. »
    Le couvercle de la boîte était cloué et Bob
fit levier avec une pièce de monnaie pour le soulever.
    « C’est qu’on est le premier avril, vois-tu…
    — Ce n’est pas un poisson d’avril »,
lui certifia Jesse.
    Dans la boîte, enveloppé de velours rouge, se
nichait un Smith & Wesson New Model Number 3 de calibre .44, pourvu d’une
crosse en nacre et d’un canon en nickel de seize centimètres et demi. Bob
décerna un sourire radieux à Jesse.
    « C’est une folie ! » se
récria-t-il.
    Il retourna le revolver pour l’admirer.
    « Il rutile pas, ce nickel ? fit
Jesse.
    — Je n’aurais jamais espéré rien de tel ! »
s’extasia Bob.
    Il fit pivoter le barillet, arma le chien, le
ramena en avant, l’arma à nouveau, visa une balle rouge sur le plancher, jaugea
le jeu de la détente, la pressa jusqu’à ce que le chien s’abattît, arma le
revolver près de son oreille pour écouter le mécanisme, allongea le bras et
ferma l’œil gauche, caressa du pouce le numéro de série (3766), mesura la
longueur totale du pistolet (trente centimètres et demi)…
    « Je tiens à ce qu’un armurier grave sur
ce pistolet nos deux noms, la ville et l’année où tu m’en as fait cadeau. Ce
sera un trésor de famille qui se transmettra de génération en génération.
    — Je me suis dit que ton Colt de
grand-papa risquait de t’exploser entre les pattes la prochaine fois que tu t’en
servirais. »
    Bob sourit.
    « Il se pourrait que tu aies raison »,
admit-il.
    Il substitua le Smith & Wesson New Model à
son revolver terni dans son étui en cuir noir, autour duquel il avait lové son
ceinturon, et boucla celui-ci autour de sa taille, le laissant pendre en
travers de sa poche arrière droite. Il dégaina comme un duelliste, rengaina, dégaina
de nouveau. L’arme chuinta au contact du cuir roide, mais au bout de quelques
va-et-vient, elle ne faisait plus davantage de bruit qu’un homme qui déglutit.
    « Dave ? appela Zee depuis la salle
à manger. Tu es prêt à dîner ?
    — Presque, mon cœur.
    — J’ai peur d’être trop excité pour
manger. »
    Le visage de Jesse se fendit d’un large
sourire et il se leva de la chaise à balustres.
    « Tu sais ce que John Newman Edwards a un
jour écrit à mon propos ? Il a écrit que je faisais à peine confiance à
deux hommes sur dix mille et que même avec eux, j’étais sur mes gardes. Et
dernièrement, le gouverneur m’en a fait salement baver. Tous ces tours et
détours autour du pot pour dire que ces temps-ci, je me sentais coincé, que j’ai
été carrément irascible et que ça me ferait plaisir que tu considères ce
pistolet comme une manière de m’excuser.
    — Dieu sait que je serais bien plus
irascible à ta place.
    — Non. Je n’ai pas agi de manière
correcte. Il y a des fois où c’est tout juste si je me reconnais, tellement je
suis abject. C’est comme si j’étais hors de mon corps, je vois mes mains rouges,
ma mine méchante et je me pose des questions – qui est cet homme qui a si mal
tourné ? Pourquoi tous ces meurtres, cette malveillance ? Je suis une
énigme à mes propres yeux. Et je me dis que si je peux me rabibocher avec toi, je
serai sur la bonne voie pour me réconcilier avec moi-même. »
    Bob dévisagea Jesse avec perplexité, ne
sachant que répondre.
    « Il faut que je me lave les mains si on
passe à table, lâcha-t-il. J’ai l’impression qu’elles ont été partout après
avoir tripoté ce pistolet.
    — Je t’en prie », fit Jesse en lui
ouvrant obligeamment la porte.
    Bob sortit de la chambre des enfants

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