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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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cuir vert et du
cognac dans un verre ballon, ainsi que quelques suggestions éclairées
concernant diverses entreprises commerciales potentielles à Creede, sous
réserve que Smith marchât droit.
    « Alors vous savez qui je suis ! »
se réjouit Soapy, enchanté.
    Bob haussa les épaules.
    « Il y a des bruits qui courent – même si
je n’accorde guère de poids à ce que racontent ces foutus journaux.
    — Le contraire serait étonnant, pas vrai ?
    — Comment ça ? »
    Soapy ignora la question et, lorsque son hôte
changea de sujet, ignora aussi ses conseils et ne réagit pas à ses questions ;
au lieu de quoi, il se consacra à un inventaire des objets de la pièce, cigare
en bouche, allant et venant de-ci de-là, soupesant ceci, caressant cela, interrogeant
Bob sur le prix des choses et leur lieu d’acquisition. C’était un homme
sémillant et attirant, aux cheveux bruns coupés court, qui arborait une barbe
brune de cinq centimètres et, à l’occasion de cette entrevue, un costume noir
et une cravate assortie maintenue en place par une épingle ornée d’un diamant
de deux carats. Il était d’un commerce agréable, mais affichait une mine
rébarbative quand ses pensées s’égaraient et, à suivre son arrogant périple à
travers la pièce, Bob ne pouvait s’empêcher d’avoir le sentiment qu’il avait
sous les yeux la réincarnation de Jesse James, Jesse James, Jesse James.
    « Qu’est-ce que vous attendiez de cet
entretien ? s’enquit enfin Bob. Hormis de dresser un catalogue de tous mes
biens matériels… »
    Soapy se rassit dans le fauteuil en cuir vert
et fit circuler son cognac d’une joue à l’autre en scrutant Bob.
    « Vous savez ce que vous auriez dû faire,
pour Jesse ? lâcha-t-il.
    — Non. Si vous me le disiez… »
    Soapy sourit.
    « D’accord, fit-il en croisant les jambes
et en contemplant son verre. Un soir, vous auriez dû aller faire un tour à
cheval et vous laisser un peu distancer par ce vieux Jesse. Et là, vous preniez
votre flingue, vous l’appeliez et quand il se retournait – pan ! Vous
auriez pu dire que vous vous étiez disputés tous les deux que c’est vous qui
aviez eu le dessus. Mais j’imagine que ça ne vous a pas traversé la tête.
    — Je n’étais pas de taille.
    — En tout cas, c’était une erreur de l’abattre
à côté de sa femme et de ses enfants, alors qu’il était sans arme et… bref, vous
savez ce que vous avez fait. Vous auriez dû dire que vous regrettiez.
    — J’estime que si je regrette ou pas, c’est
mon affaire.
    — Peu importe ! Il fallait vous
excuser, c’était ce que tout le monde voulait ! Expliquer que la machine
était en marche et qu’il n’y avait pas moyen de l’arrêter, que vous n’aviez pas
le choix. Aujourd’hui, quand on regarde Bob Ford, vous savez ce qu’on voit ?
On voit la suffisance, la cupidité et une absence totale de remords. »
    Bob gratta son cou qui le démangeait. Il eut
un sourire aussi acéré qu’un poignard.
    « Je vais faire en sorte que tout le
monde oublie ce qui s’est passé il y a dix ans. Je ne vais pas supplier qu’on
me pardonne. Je forcerai le respect des gens par ce que j’aurai accompli, comme
Jesse. »
    Soapy inclina la tête et observa le soleil qui
brillait sur la neige au-dehors. Il se gratta la barbe.
    « Vous connaissez Joe Simmons ?
    — Je lui ai déjà dit bonjour.
    — Joe et moi, on a causé un peu de vous
et de Creede et de la situation actuelle et on a eu l’idée d’ouvrir un
saloon-salle de jeu comme le vôtre à Jimtown. Je me dis qu’il y a peut-être
moyen de faire fortune en écoulant du tord-boyaux.
    — Vous pensez qu’il y a vraiment besoin d’un
saloon de plus à Creede ? Aux dernières nouvelles, il y en avait déjà un
pour cinq habitants. »
    Soapy adressa à Bob un sourire qui exprimait
davantage le défi que la bienveillance.
    « J’ai l’intention de prendre le train en
route tant que tout roule et de flanquer les autres dehors. »
    Bob frotta une allumette soufrée contre sa
chaussure et l’approcha de son cigare corona.
    « Simple curiosité : vous comptez
procéder comment ?
    — Ma bande, Bob ! Je vais prendre le
pouvoir ! C’est moi qui vais administrer cette ville ! Soit vous
prenez tous le pli, soit c’est adios, amigo ! »
    Bob tira sur son cigare en plissant l’œil
gauche à cause de la fumée. Il changea de position dans son fauteuil.
    « Ça fait dix ans que je ne sais

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