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Le Baiser de Judas

Le Baiser de Judas

Titel: Le Baiser de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hubert Prolongeau
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s’étaient
rapprochés de lui.
    « Je ne t’ai pas présenté les autres. André,
qui est le frère de Simon. Jacques et Jean, les fils de Zébédée. Leur père
tient presque tout le marché du poisson sur la rive nord du lac. »
    Il en avait l’air tout fier, comme si c’était
lui qui avait monté l’entreprise.
    Judas regarda les quatre hommes. Ils avaient
tous le même air rustre, les mêmes mains calleuses, les mêmes cheveux en
broussaille et le même air simple, pour ne pas dire simplet. Il n’y avait que
le dernier, ce Jean, peut-être, mais c’était encore un gamin…
    « Et… tu les connais depuis longtemps ?
    — Jacques et André étaient des proches du
Baptiste. Je les avais déjà rencontrés en sa compagnie. Les autres, je les ai
connus il y a deux jours. Deux jours seulement. Ils ont tout lâché pour me
suivre, tout de suite. C’est formidable, non ?
    — Cela prouve au moins que ceux qui t’écoutent
n’ont pas tort.
    — Qu’avons-nous besoin de preuves, Judas ?
Il ne faut qu’écouter, écouter encore et toujours Celui qui nous parle. Viens, nous
habitons à Bethsaïde : le père de Jacques et André y a une cabane, et nous
pouvons y rester quelque temps. »
    Bethsaïde, bourg de pêcheurs que rien ne
distinguait de ses pareils éparpillés le long du lac, n’était qu’à une heure de
marche de Capharnaüm, et ses habitants faisaient souvent la route le matin à
pied ou en bateau. La cabane où André et Jacques installèrent leurs amis était
propre et respirait l’aisance. Judas s’en réjouit : s’il avait accepté
sans broncher toutes les contraintes de la clandestinité, il avait toujours
considéré les pauvres comme une engeance assez détestable.
    Les hommes autour de Jésus le regardaient avec
vénération. Ils mangèrent quelques perches grillées, dont la chair fade n’était
pas relevée d’aromates.
    Jésus termina avant tout le monde et tendait
son écuelle pour en reprendre quand du dehors s’éleva une voix.
    « Simon. Simon ! »
    Les six hommes firent semblant de ne pas avoir
entendu. Mais un signe de Jésus, qui regarda le pêcheur, poussa celui-ci à
sortir. Curieux comme des pies, les autres lui emboîtèrent le pas.
    Une femme maigre, vêtue de noir, attendait
dehors. Elle avait avec elle deux enfants, dont un tout petit qui dormait entre
ses bras.
    « Simon. »
    En voyant le pêcheur, sa voix se fit soudain
toute douce, et elle s’écroula à genoux.
    « Simon, tu es encore là… »
    Il la prit par le bras.
    « Relève-toi, Myriam. Je t’ai déjà
expliqué hier…
    — Mais tu ne peux pas partir comme cela, me
laisser seule avec les enfants pour suivre… dis-lui, toi, dis à ton père qu’il
n’a pas le droit. »
    De la main, elle secouait la petite fille, qui
ne savait trop quelle attitude adopter.
    « Qu’ai-je fait ?
    — Rien, Myriam, tu n’as rien fait, et
personne ne pensera que tu as fait quoi que ce soit. Il faut que je suive cet
homme, c’est tout.
    — Mais pourquoi ? Qu’est-ce qu’il a
de plus qui…
    — Il me l’a demandé, Myriam, c’est tout. Il
me l’a demandé.
    — Ce n’est pas possible. Il y a autre
chose. C’est pour une autre femme, hein ? Tu pars avec lui parce que tu as
trouvé une autre femme ?
    — Pas du tout, Myriam. Je te l’ai déjà
dit. Je sais qu’il faut que je suive cet homme. Ne me demande pas pourquoi, mais
j’en suis sûr. Et tes pleurs ne feront que rendre les choses plus difficiles. »
    L’impatience montait dans la voix de Simon.
    « Nul ne pensera de mal de toi, Myriam. Tu
peux continuer à vivre chez ma mère, je te l’ai déjà dit, et elle est d’accord.
Il y aura toujours à manger pour toi et les enfants. Mais il faut que j’y aille… »
    Jésus s’approcha,
    « Femme…
    — Ah toi, tais-toi ! Pourquoi me
prends-tu mon mari ? Pourquoi as-tu besoin de briser une famille ? S’il
te faut des esclaves, va les chercher chez les inutiles, chez tous ces miséreux
qui traînent aux portes de la ville à ne rien faire…
    — Cela suffit ! »
    Simon avait crié. Myriam se releva, reprit par
la main la petite fille. Le pêcheur eut un élan vers l’enfant, élan qu’il
réprima.
    « Qu’est-ce qu’une femme, sinon un ventre ? »
grommela-t-il en se tournant vers les autres, qui approuvèrent. Des voisins
étaient sortis pour mieux profiter du spectacle, mais ravalèrent leurs
commentaires devant l’air rogue du pêcheur.
    Myriam

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