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Le Baiser de Judas

Le Baiser de Judas

Titel: Le Baiser de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hubert Prolongeau
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soir en infusion. »
    Elle s’éloigna en serrant ses herbes et marcha
vers sa belle-fille. Furieuse, celle-ci partit sans rien lui dire. La vieille
resta immobile, cherchant le regard de Simon.
    Plusieurs personnes qui avaient regardé la
scène se dirigèrent alors vers Jésus pour lui décrire leurs maux. Gentiment, il
en examina deux, leur donna également quelques herbes, puis retint les autres.
    « Mes amis, je suis venu vous apporter le
mieux de l’âme, pas celui du corps. Je ne suis ni un ange, ni un guérisseur, même
si je connais un peu les plantes. Le pays m’appelle. Il faut que je parte. Vous
ne me voulez pas pour vous tout seuls ? »
    Il rit.
    « Allons, laissez-moi passer, soyez
gentils… »
    Il s’était tourné vers ceux qu’il voulait
emmener avec lui. Judas s’étonna à nouveau de les voir serrer leurs sandales
sans rien dire. Simon embrassa sa belle-mère, qui ne put retenir ses larmes, et
le petit groupe s’ébranla.
    « Vers où
partons-nous ? » demanda Jacques.
    Il était le plus âgé des deux fils de Zébédée.
Ses cheveux étaient clairsemés et les rides avaient envahi son front. Il
paraissait réfléchir avant chaque phrase et donnait l’impression de maîtriser
tout ce qu’il disait, contrairement à son frère que son impulsivité poussait à intervenir
en permanence.
    « As-tu une idée ? répondit Jésus.
    — Peut-être, s’inclina Jacques, flatté de
cette attention. Je sais où nous pourrons trouver un autre disciple de Jean, qui
accepterait sans doute de te suivre… »
    Sa voix s’était emplie de tristesse.
    « Il n’y a plus personne près du Jourdain.
Beaucoup sont partis. Ceux qui étaient convaincus que Jean était le messie sont
restés très troublés par son arrestation. Le messie est venu pour triompher…
    — Mais Jean n’a jamais dit qu’il était le
messie. Je l’ai même entendu nier être Élie.
    — Je sais. Mais il a dit que c’était toi…
ajouta Simon, qui s’était approché.
    — Je ne l’ai pas entendu non plus, Simon »,
répondit Jésus.
    Il se tourna vers Jacques :
    « Dis-moi qui est alors ce disciple vers
qui nous allons ?
    — Il s’appelle Philippe. Il habite aussi
Bethsaïde. C’est à ses côtés que j’ai rencontré et vraiment aimé Jean. Nous
devrions le trouver à un ou deux stades d’ici. »
    Ils trouvèrent Philippe quelques minutes plus
tard. L’homme était grand, le regard brûlant dans un visage fatigué. Il
reconnut tout de suite Jésus, et s’offrit immédiatement.
    « Je suis prêt à te suivre, maître. Jean
t’a appelé l’agneau de Dieu.
    — Je ne l’ai pas entendu. Mais tu le
connaissais mieux que moi. »
    Ils recrutèrent encore un autre homme que
Philippe connaissait. Barthélémy était presque l’opposé de son ami, petit là où
l’autre était grand, rond là où il était presque squelettique. Il était sale, sentait
mauvais, paraissait rude et méfiant. Quand Philippe le vit, alors que les autres
commençaient à se partager quelques figues, il se précipita et l’entraîna un
peu plus loin.
    « Je suis venu te demander de nous suivre.
L’homme avec qui je suis est celui dont on parle dans la Loi de Moïse. Jean l’avait
annoncé. Je lâche tout pour aller avec lui. Fais-en autant.
    — Mais qui est-ce ?
    — Celui par qui il a voulu être baptisé
un jour. Un fils de charpentier, qui vient de Nazareth.
    — Nazareth ? »
    Barthélémy s’esclaffa.
    « Nazareth ? Qu’est-ce qui peut bien
venir de bon de Nazareth ? »
    Il avait parlé fort et sa phrase était
parvenue jusqu’au petit groupe. Déjà, Simon était debout, prêt à aller châtier
l’insolent. Jésus le retint.
    « Tu es un vrai enfant de Dieu. Il n’y a
pas de mensonge en toi.
    — Ah oui, rétorqua l’autre, presque
agressif. Et comment me connais-tu ?
    — Je t’ai vu avant même que Philippe ne t’appelle.
Tu étais là, sous le figuier. Tu buvais à l’arbre de la connaissance. En
étudiant la Loi, c’est vers moi que tu marchais. »
    Barthélémy fixa Jésus, les poings serrés, comme
s’il allait lui sauter dessus. Soudain ses traits s’apaisèrent. Il se baissa, doucement,
puis s’agenouilla et baisa le sol devant ses pieds.
    « Tu es le maître. Le roi de notre peuple.
Tu es venu pour nous sauver. »
    Le petit groupe regardait la scène, fasciné. Jésus
releva Barthélémy.
    « Tu crois parce que je t’ai dit que je t’ai
vu sous l’arbre. Mais tu verras

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