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Le Baiser de Judas

Le Baiser de Judas

Titel: Le Baiser de Judas
Autoren: Hubert Prolongeau
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de
sommeil lui faisait les yeux humides. Les nouvelles étaient mauvaises : dans
la nuit, d’autres rebelles avaient été arrêtés, ce qui semblait vouloir dire
que certains des hommes torturés avaient parlé.
    Jésus était sorti.
    « Vous l’avez laissé partir ? »
demanda Judas aux trois apôtres qui étaient là.
    « Pourquoi l’aurions-nous obligé à rester ?
    — Parce que dehors tout le menace. »
    Il craignait qu’Azvi ne décide de mettre son
idée à exécution et résolut d’aller chercher Jésus.
    Les rues étaient de plus en plus encombrées. Des
gens avaient dormi sur chaque place libre, dans chaque entrée de maison. Il
demanda autour de lui si personne n’avait vu passer un prêcheur, mais on l’envoya
trois fois de suite sur une fausse piste.
    Enfin il retrouva Jésus. À nouveau, contre
toute prudence, il était aux abords du Temple, et vitupérait des pharisiens.
    « Malheur à vous », criait-il.
    La hargne de son ton témoignait bien de sa
nervosité depuis leur arrivée à Jérusalem.
    « Malheur à vous, scribes. Malheur à vous,
pharisiens. »
    Dans un coin, un groupe manifestait haut et
fort sa désapprobation, lui ordonnant de se taire.
    « Vous n’êtes que des hypocrites. Vous
purifiez l’extérieur de vos plats, mais vous laissez régner l’intempérance et
la rapine. Vous acquittez la dîme de la menthe, du fenouil et du cumin… Mais
vous laissez de côté le plus important. Que faites-vous de la justice, de la
bonne foi, de la miséricorde ?
    — Bien dit, hurla quelqu’un.
    — Hypocrites, répéta Jésus. Guides
aveugles : vous filtrez le moucheron et vous laissez passer le chameau. »
    Il parla pendant plus d’une heure, interdisant
d’un geste toute violence à la foule qui, de plus en plus, lui manifestait
bruyamment son approbation. Quand il s’arrêta, Judas, lui aussi, se sentait
vibrant d’enthousiasme.
    « Tu as été magnifique. Mais ne restons
pas ici, les Romains pourraient ne pas apprécier ce désordre. Viens. »
    Il lui prit le bras pour l’entraîner.
    « Quel souffle tu as eu aujourd’hui. Comment
pourrions-nous ne pas gagner avec toi ? »
    Jésus ne releva pas l’interrogation. Alors
Judas se lança.
    « Il faudrait que je te parle, vite. Tu
as un moment ?
    — Pour toi, toujours. Tu as la bourse
avec toi ?
    — Oui.
    — Eh bien, allons dans une taverne. J’ai
faim. »
    Jésus commanda un
plat de poissons grillés dans lequel tous les deux commencèrent à piocher.
    « Que veux-tu me dire ?
    — J’ai beaucoup hésité avant de venir t’en
parler. Mais tu cours un autre danger que celui de te faire arrêter par les
Romains. Tu les provoques à plaisir, ces jours-ci.
    — Ce n’est pas de la provocation. J’ai
des choses à dire et je les dis.
    — Il n’est pas sûr que tout le monde juge
bon de te laisser parler…
    — Tant pis. Reprends de ce poisson, il
est excellent. »
    Il savoura le morceau qu’il mit dans sa bouche.
    « Quel est ce danger contre lequel tu
veux me prévenir ?
    — Nous avons eu hier une réunion, pour
discuter des suites de l’arrestation de Barabbas. Tu savais qu’il avait été
arrêter ?
    — Non, je l’ignorais. C’est extrêmement
ennuyeux pour vos projets ?
    — Pour “nos” projets. »
    Judas appuya sur le « nos. »
    « Oui, ça l’est. Il serait très dangereux
que Barabbas soit reconnu pour le chef qu’il est. Encore plus qu’il se mette à
parler.
    — C’est vrai. »
    Jésus apparaissait totalement extérieur au
sort des compagnons de Judas.
    « Alors l’un d’entre nous a eu l’idée de
détourner l’attention des Romains en dénonçant quelqu’un comme le véritable
instigateur de la révolte.
    — Et ce quelqu’un, c’est moi ?
    — Oui. »
    Jésus réfléchit.
    « N’ai-je pas déjà dit depuis longtemps
que je devais être livré ? Je ne savais pas comment : voilà peut-être
le moyen. Ainsi, la volonté de mon père sera faite. »
    Ses mains tremblaient, trahissant sa fausse
décontraction.
    « Elle sera faite quand tu auras triomphé
de nos ennemis. Pas quand tu auras été jeté en prison. »
    Il éclata d’un rire forcé.
    « Judas, que veux-tu de moi ? »
    La question désarçonna Judas.
    « Je pensais que cela t’était évident
autant qu’à moi. Je ne sais pas si tu es le messie, ce Christ que Pierre a
reconnu en toi ou ce fils de Dieu que tu affirmes être et, dans le fond, cela m’est
égal. Mais je
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