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Le Bal Des Maudits - T 1

Le Bal Des Maudits - T 1

Titel: Le Bal Des Maudits - T 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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C’est plus correct, plus raffiné.
    Il était sûr de lui ; il se moquait d’elle.
    –  Elles sont presque toutes comme ça.
    –  Je le dirai à votre mère, souill a Margaret. Je jure que je le lui dirai.
    Frédérick rit doucement.
    –  Dites-le à ma mère, approuva-t-il. Pourquoi croyez-vous qu’elle réserve toujours cette chambre aux jolies jeunes filles, juste au-dessus du hangar, où il est si simple de pénétrer par la fenêtre ?
    « Ce n’est pas possible, pensa Margare t, c ette petite femme ronde, cramoisie, rayonnante, qui avait pendu des crucifix dans les chambres ; cette petite femme propre, laborieuse et « pratiquante » !… » Soudain, Margaret se remémora le visage d e M lle Langerman lorsque la chanson les avait tous empoignés, dans la pièce du rez-de-chaussée, le regard sauvage, obstiné, le visage transpirant et sensuel balayé par la rude musique. « C’est possible, pensa Margaret, ce petit imbécile de dix-huit ans ne peut pas l’avoir inventé… »
    –  Combien de fois, demanda-t-elle vivement, repoussant le plus possible l’imminent danger, combien de fois êtes-vous entré ici de cette manière ?
    Il sourit, et elle distingua l’éclat de ses dents blanches. Sa main resta un instant immobile.
    –  Assez souvent, répondit-il, évidemment très content de lui-même, mais je deviens de plus en plus difficile. C’est une dure escalade, et le toit du hangar est glissant, avec toute cette neige. Il faut qu’elles soient très jolies, comme toi, pour que je me décide à le faire.
    La main reprit son périple, insistante, et experte, et douce. Ses propres mains étaient clouées sous elle par le bras de Frédérick. Elle se sentait faible et enflammée, profanée et dissoute à la fois. Elle roula la tête et les épaules et tenta de remuer les jambes, mais n’y parvint pas. Frédérick la tenait étroitement serrée, lui souriait, excité et heureux de sa résistance.
    –  Tu es si jolie, chuchotait-il. Et ton corps est si agréable.
    –  Je vais crier, je vous préviens.
    –  Ce sera terrible pour toi si tu cries, dit Frédérick. Terrible ! Ma mère te traitera de tous les noms devant les autres invités et exigera que tu sortes immédiatement de sa maison, pour avoir attiré son petit garçon de dix-huit ans dans ta chambre et essayé de lui causer des ennuis. On en parlera dans toute la ville, et ton ami arrive demain…
    Sa voix était amusée et confidentielle.
    –  Je vous conseille vraiment de ne pas crier.
    Margaret ferma les yeux et se tint tranquille. U n instant, elle vit les invités de la party sous les traits de conspirateurs obscènes et ricaneurs, complotant contre elle, dans leur forteresse neigeuse, sous le couvert de leur santé, de leur propreté montagnardes.
    Soudain, Frédérick roula dans le lit et se coucha sur elle. Ses vêtements étaient ouverts ; elle sentait contre elle la peau douce et chaude de sa poitrine. Il était énorme. Elle se sentait écrasée, perdue sous lui. Elle tenta de combattre les larmes qui montaient à ses yeux.
    Lentement, méthodiquement, il lui écarta les jambes. Ses mains étaient libres, à présent, et ses ongles volèrent vers les yeux de Frédérick. Elle sentit et entendit la peau se déchirer. Rapidement, avant qu’il ait pu lui saisir les mains, elle le griffa plusieurs fois au visage.
    –  Garce !
    Frédérick captura ses deux mains, les retint prisonnières dans une seule de ses énormes pattes. Il leva l’autre, la frappa en travers de la bouche. Elle sentit saigner ses lèvres.
    –  Petite garce américaine  !
      Il était assis à califourchon sur ses jambes Rigide, sanglante et triomphante, elle levait vers lui un regard de défi, et le clair de lune baignait la scène d’une paisible lueur argentée.
    Il la frappa une seconde fois, du revers de la main. Avec le goût de ses phalanges et le contact de ses os contre sa bouche, elle sentit, fugitive, écœurante, l’odeur de la cuisine où il travaillait.
    –  Si vous ne partez pas, dit-elle clairement, bien que la tête lui tournât, je vous tuerai demain. Mon ami et moi vous tuerons demain, je vous le jure.
    Il était assis sur elle, tenant toujours ses mains dans l’une des siennes, le visage ensanglanté, ses longs cheveux blonds pendant devant ses yeux, haletant et irrésolu. Il la regarda un instant en silence. Puis, indécis, détourna les yeux.
    –  Aaah ! dit-il, les filles qui ne veulent pas de moi ne

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