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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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Limoges lorsqu’un événement inattendu se produisit. Nous chevauchions depuis le lever du soleil sur un chemin bordé d’arbres. Le temps était agréable et le fond de l’air commençait à se réchauffer, annonçant la belle saison. En d’autres circonstances, j’aurais apprécié la balade, mais, comme les autres, le chant des oiseaux me laissait froid.
    À l’avant du convoi, la route décrivait une courbe qui m’empêchait de voir plus loin que quelques coudées. Des Barres s’y était engouffré depuis quelques secondes lorsque sa voix retentit.
    —    Halte !
    L’ordre fut exécuté dans une relative confusion, les rangs de cavaliers s’immobilisant un à un et manquant de se faire percuter par ceux qui les suivaient. Sauvage eut le temps de franchir le virage, de sorte que j’eus de nouveau vue sur la tête du convoi. Des Barres, Pierrepont, Thury, Jehan et Guy de Montfort examinaient quelque chose sur le chemin. J’étirai le cou et aperçus la source de leur perplexité. Le sentier était traversé par une rivière bouillonnante qui y avait creusé son lit. Elle était trop large et trop profonde pour être franchie à cheval. Notre route était coupée.
    Ils discutèrent pendant quelques minutes, la frustration perceptible dans les intonations de leurs voix. Leurs palabres furent interrompues par un bruit de galop. Comme tout le monde, je me retournai et avisai un homme à cheval qui s’approchait de l’escadron. Quand il l’eut rejoint, il le remonta, visiblement pressé d’en atteindre la tête. Il passa près de moi et je pus l’observer. Il était grand et mince et se tenait bien droit en selle. Les cheveux longs, la barbe bien taillée, il était couvert de poussière par sa chevauchée. Il avait un couteau à la ceinture, mais ne portait aucune épée.
    Lorsqu’il fut à quelques coudées de Guillaume, il immobilisa sa monture et le salua. Puis il tira de son pourpoint une enveloppe de cuir et la lui tendit.
    —    Je vous apporte les salutations de monsieur le vicomte de Limoges, sire, dit-il d’un ton formel.
    Avant de lui répondre, des Barres prit le temps de tirer un document de l’enveloppe, de le déplier, de le lire, puis de le lui remettre, en apparence satisfait de ce qu’il y avait appris.
    —    Tu voudras bien lui retourner les miennes, dit-il enfin.
    —    Mon maître a eu vent de votre passage et souhaitait vous avertir que ce chemin était impraticable, reprit le messager. Malheureusement, je ne vous ai pas rejoints à temps.
    Il désigna le cours d’eau qui coupait la voie.
    —    Les pluies ont été fortes, dernièrement, informa-t-il Chalons. Elles ont fait gonfler la rivière et un barrage a cédé à quelques lieues d’ici. Elle a repris son lit et vous voyez le résultat. Monsieur le vicomte a déjà organisé une corvée de serfs, mais il faudra plusieurs jours pour tout remettre en ordre.
    —    Voilà qui est très fâcheux, grommela Guillaume, très contrarié. Mon temps est précieux.
    —    Ne craignez rien, sire. Il existe un autre passage. C’est pour vous l’indiquer que monsieur le vicomte m’a dépêché auprès de vous. Vous serez retardé de quelques heures tout au plus. J’ai mandat de vous y conduire.
    Saisissant l’occasion d’affirmer son autorité sur les troupes, Guillaume se fit un point d’honneur de ne pas consulter Pierrepont et sa suite.
    —    Bien. Nous te suivons.
    Le messager retourna aussitôt sa monture et se mit en marche.
    —    Demi-tour ! s’écria Guillaume.
    Pendant que les soldats obéissaient, dans la confusion, des Barres remonta le convoi. Lorsqu’il passa devant moi, il s’arrêta et s’adressa à l’un de mes gardes.
    —    Je veux celui-là près de moi en tout temps, déclara-t-il en me désignant de la tête. Emmenez-le.
    Il reprit son chemin jusqu’à la queue de la colonne, qui en serait désormais la tête. Guiburge, qui le suivait, se retourna vers moi et se lécha lascivement les lèvres, ce qui provoqua l’hilarité de son neveu, de Thury et de Pierrepont. À nouveau, je sentis mes joues rougir de honte et je me renfrognai.
    —    Gare, maudite putain, marmonnai-je, tu pourrais bien périr par là où tu as péché. Une dague serait à l’aise dans ta fente.
    —    Tu n’es pas en position de faire des menaces, Gondemar, rétorqua-t-elle entre deux rires. Mais je suis certaine que mon frère aimera apprendre tes propos.
    —

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