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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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de la main, mais mes fers me rendaient malhabile.
    —    Tiens-toi tranquille, murmura une voix rauque dans mon oreille.
    Avant que je puisse comprendre ce qui se passait, je sentis mon membre se faire enserrer dans un lent mouvement de va-et-vient. Rêvais-je encore ? Puis un éclair de plaisir me traversa en même temps que je reconnus cette poigne à la fois ferme et féminine, à mi-chemin entre la haine et la tendresse. Maintenant tout à fait réveillé, j’ouvris les yeux et réalisai qu’une main était plaquée contre ma bouche. Puis une odeur musquée qui m’était familière envahit mes narines.
    —    C’est bon, non ? demanda cette voix que je n’aurais jamais cru entendre à nouveau dans de semblables circonstances.
    Malgré moi, je hochai affirmativement la tête. La main sur mes lèvres fut retirée, mais la seule chose qui sortit de moi fut un halètement excité. Je tournai un peu la tête vers la droite et, dans la lumière des flammes mourantes, l’identité de ma visiteuse me fut confirmée.
    Guiburge de Montfort avait profité de mon sommeil pour rabattre ma couverture, détacher mes braies et les descendre à mi-cuisse. Elle tenait ma verge et, d’une main experte, lui faisait prendre de l’ampleur tout en m’adressant ce sourire qui m’excitait tout en me glaçant le sang.
    J’essayai de l’abreuver d’insultes pour la chasser, mais elle mit fin à toute protestation en posant ses lèvres sur les miennes. Sa langue me fouilla goulûment avec l’avidité qui m’avait causé de si puissants transports dans l’auberge de Gisors. Au fil des succions et des morsures, la nature prit le dessus. Je sentis mon membre décupler dans la dextre de ma tortionnaire et, dans le bas de mon ventre, le plaisir naître au rythme lent et régulier de ses mouvements.
    Je tentai sans beaucoup de succès de donner un sens à la situation. La sœur de Montfort faisait partie de ceux qui avaient comploté contre moi et qui s’étaient emparés de la seconde part. Comme tous les autres, elle s’était jouée de moi et m’avait mené par le bout du nez. Pourtant, elle était là, ma virilité bien en main, ses lèvres étouffant les grognements de plus en plus sonores qui montaient dans ma gorge. Était-il possible qu’elle éprouvât de réels sentiments pour moi ? Nos transports dans l’auberge de Gisors avaient-ils été plus sincères que je ne le croyais ? Allait-elle m’aider à récupérer le suaire et à m’enfuir ? Si tel était le cas, au milieu des soldats qui ronflaient tout autour, le moment et l’endroit étaient fort mal choisis pour s’adonner aux plaisirs de la chair. Au prix d’un immense effort de volonté, je parvins à m’arracher à son étreinte.
    — Pas le. moment, haletai-je. Libère-moi. vite. Mes. chaînes.
    Pour toute réponse, elle ricana puis se pencha vers mon membre maintenant frémissant d’expectative. Elle le lécha lascivement sur toute sa longueur avant de le prendre tout entier dans sa bouche et de l’aspirer. Je tentai de protester, mais la chair est faible. La mienne, en tout cas. Comme un cambrioleur, le plaisir s’empara de moi, violent et intense. J’explosai dans la bouche de Guiburge, des étoiles multicolores dansant devant mes yeux.
    Je retombai sur les coudes, essayant de retrouver mon souffle pendant que mon cœur menaçait de sortir de ma poitrine. Elle se rapprocha et je me préparai à accueillir un baiser. Mais il ne vint pas. Elle s’arrêta devant mon visage et m’adressa un sourire cruel. Sans prévenir, elle me cracha ma semence au visage. Je restai figé, incapable de comprendre ce qui venait de se produire.
    — Tu vois ? demanda-t-elle. Ton cœur appartient peut-être à ta Cécile, mais n’importe qui peut faire frémir ta queue. Même ton ennemie. Souviens-t’en la prochaine fois que te prendra l’envie de jouer au grand seigneur. Tu n’es pas plus pur que les autres, Gondemar de Rossal, et le maudit suaire est aussi souillé par tes mains que par les nôtres.
    Guiburge me caressa la joue du bout des doigts, dans une parodie d’affection à laquelle je n’eus pas la force de réagir. Puis elle se releva et s’éloigna. Dans le camp, un concert de rires éclata. Sachant déjà ce que j’allais voir, je ne pus m’empêcher d’en chercher la source et de boire le calice jusqu’à la lie. Autour de leur feu, je vis Pierrepont, Thury et Guy qui riaient à gorge déployée, les yeux posés sur moi,

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