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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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   Rapporte-les-lui à genoux pendant qu’il a les braies sur les chevilles, traînée. Je suis certain que ce ne serait pas la première fois.
    —    Jaloux.
    Elle m’adressa un clin d’œil amusé et s’éloigna. Encadré de mes gardes, j’emboîtai le pas au groupe et me retrouvai à quelques places derrière des Barres, non loin de Pernelle et d’Ugolin.
    Après une heure à revenir sur nos pas, nous arrivâmes à un carrefour. Le guide indiqua à Guillaume un petit sentier étroit, sur la gauche.
    —    C’est par là, sire.
    Des Barres tira sur la bride de son cheval pour l’immobiliser et, étirant le cou, examina avec suspicion la voie qui lui était montrée. Le militaire qu’il était n’aimait pas ce qu’il voyait.
    —    Bougre de Dieu, c’est aussi étroit que l’entrecuisse d’une vierge, grommela-t-il, méfiant. Si je voulais organiser un guet-apens, c’est là-dedans que je le ferais.
    De là où je me tenais, je pouvais aisément comprendre ses réticences. Le chemin était tout juste assez large pour permettre aux deux cents soldats d’avancer à la queue leu leu. Pire encore, il y faisait plus nuit que jour. Les arbres étaient hauts et la canopée que formaient leurs branches était si dense que le soleil la traversait à peine.
    —    Je suis désolé, sire, dit notre guide, l’air contrit. C’est la seule voie disponible. Le détour est court. Dans moins d’une lieue, nous retrouverons le grand chemin, de l’autre côté de la rivière.
    Cette fois, des Barres, indécis, ne put s’empêcher de consulter Pierrepont du regard. Celui-ci secoua la tête.
    —    Nous pouvons toujours rebrousser chemin jusqu’au dernier village puis trouver une nouvelle route, mais, au bas mot, cela nous causera deux ou trois jours de retard. À toi de décider. À moins que l’idée de circuler là-dedans te fasse pisser dans tes braies, évidemment.
    Alain était amer d’avoir perdu le commandement et je pouvais aisément le comprendre. Après tout, c’était lui qui avait planifié, puis exécuté l’arnaque dont j’avais été victime et qui s’était emparé de la seconde part de la Vérité. Simon de Montfort détiendrait bientôt le suaire et les documents qui l’accompagnaient. C’est sur lui que rejaillirait la gloire de les remettre à Amaury. Son nom serait célébré par Innocent en personne et on le récompenserait sans doute grassement. Tout cela, il le devait à Pierrepont, qui se retrouvait pourtant dans l’ombre de Guillaume, privé de son prestige. Sa fidélité n’était pas récompensée.
    Il n’était donc pas surprenant qu’il défiât Guillaume devant tout le monde. Dans les rangs, un lourd silence tomba. Tous les soldats avaient le regard rivé sur les deux hommes, raides sur leur monture, se toisant mutuellement, le visage dur. Des Barres savait mieux que quiconque que son ascendant sur ses troupes se décidait à ce moment précis. S’il donnait le moindre signe de faiblesse ou d’indécision, il perdrait toute autorité et Pierrepont se retrouverait de facto responsable du convoi.
    Pendant quelques secondes, la tension entre eux fut si dense qu’on aurait pu la couper au couteau.
    —    Mes braies sont sèches et le resteront, ne crains rien, dit Guillaume, le feu dans les yeux. Quant aux tiennes, elles risquent de se retrouver avec un contenu moindre si tu n’apprends pas à tenir ta langue.
    Il dévisagea Pierrepont jusqu’à ce que l’autre baisse les yeux. Lorsque ce fut fait, il tourna la tête vers le guide, qui attendait, mal à l’aise.
    —    Bon, allons-y. Ouvre le chemin, ordonna-t-il au messager.
    —    Bien, sire, acquiesça ce dernier.
    Des Barres reporta son attention sur Pierrepont.
    —    Prends place à la queue du convoi avec tes hommes, ordonna-t-il, et forme l’arrière-garde.
    Humilié d’être relégué à l’arrière, Alain allait protester, mais Guillaume l’interrompit.
    —    Quoi ? As-tu peur d’être pris par-derrière ? Si tel est le cas, méfie-toi plutôt de ton ami Thury.
    J’admirai l’habileté avec laquelle il venait de remettre tout le monde à sa place, en quelques mots. Sans lui accorder plus d’attention qu’à un vulgaire mendiant, il lui tourna dignement le dos. Le guide s’engagea le premier dans l’étroit chemin et y disparut presque aussitôt. Guillaume le suivit. Thury, renfrogné, et les deux Montfort lui emboîtèrent le pas. Un à un, tous prirent

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