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Le Brasier de Justice

Le Brasier de Justice

Titel: Le Brasier de Justice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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faire, désireux de se débarrasser au plus vite de l’acrimonieuse amatrice de limaçons.
    — Madame Madeleine, venez-vous chercher votre commande ?
    — Oui-da. J’espère que vous nous avez réservé le meilleur.
    — Toujours, pour maître Lafoi et son épouse, qui sont clients fidèles et agréables… point comme d’autres ! ajouta-t-il en balançant un regard venimeux à la servante aux limaçons qui s’incrustait en dépit de ses menaces de porter son bel argent ailleurs.
    Le destin, encore et toujours, songea Hardouin. Madeleine Fromentin, la femme mentionnée par Alphonse Fortin, dont il se demandait comment il parviendrait à l’aborder afin de lui extirper des informations, lui était offerte par le destin.
    Un léger sourire aux lèvres, elle vérifia la fraîcheur de la baudroie 5 emmaillotée dans son cocon d’herbes et la régla au marchand. Hardouin l’observait à quelques pas, prenant la mine détachée d’un badaud ou d’un mari attendant que sa femme ait claqué le bec d’un marchand et obtenu une ristourne. Âgée d’à peine trente ans, Madeleine Fromentin était assez jolie dans un genre effacé. Bien que modestes, ses vêtements soulignaient la finesse de sa silhouette et son bonnet de linon empesé laissait paraître quelques mèches bouclées d’un profond châtain qui mettait en valeur la transparence de sa peau de lait.
    — À vous revoir bientôt, maître poissonnier.
    — Souhaitez-vous que je vous réserve une belle prise pour le prochain maigre ?
    — À l’habitude, et le merci à vous.
    — J’aurai peut-être bien un beau saumon qui devrait ravir vos maîtres.
    — Je vais donc prévenir notre cuisinière afin qu’elle l’accommode au plus goûteux.

    Elle s’écarta après un léger salut de tête. Hardouin se fit la réflexion que Garin Lafoi – qualifié d’avaricieux par ses anciens serviteurs – menait belle vie et grand train ! Fichtre, de la baudroie, du saumon, une très jolie nouvelle épouse, habillée telle une bourgeoise, un hôtel particulier que n’aurait pas dédaigné une famille de haut ! L’argent de feu madame ne devait pas y être étranger.
    Il la suivit, attendant qu’elle s’écarte de la foule et remonte vers Bourg-le-Comte, puis la héla :
    — Dame Madeleine…
    Elle se retourna, surprise. Son sourire courtois mourut lorsqu’elle comprit qu’elle ne connaissait pas le bel homme élégant qui se rapprochait d’elle à grandes enjambées. Son visage se ferma sans pour autant marquer l’hostilité. Sans se montrer effarouchée ni désagréable, une femme respectable restait sur son quant-à-soi vis-à-vis d’un homme inconnu.
    — Dame Madeleine, votre pardon pour cette familiarité dont je vous assure qu’elle n’est pas de celles que redoute une femme de bien.
    — Monsieur ?
    — Hardouin Venelle, avec mon respect, déclara-t-il en s’inclinant.
    — D’où vous connais-je ?
    Elle s’exprimait avec tant d’aisance qu’il se demanda ce qui l’avait conduite au service de maison.
    — Je n’ai jamais eu le bonheur de vous être présenté. En revanche, un certain Alphonse Fortin a prononcé votre nom.
    Une lueur d’inquiétude passa dans le regard méfiant qui ne le lâchait pas.
    — Alphonse ? Va-t-il bien ?
    — Fort bien. Le temps me presse, aussi vais-je me montrer brutal en vous suppliant de m’accorder l’excuse. Il m’a avoué avoir été payé pour son témoignage concernant la fille Évangeline Caquet.
    Affolée, elle vérifia que nul ne pouvait les entendre, chuchotant :
    — Taisez-vous donc !
    — Votre pardon, mais je ne le puis. Mon… employeur en la matière n’est autre que le sous-bailli Arnaud de Tisans.
    Maintenant paniquée, elle bafouilla :
    — De grâce, messire, brisons là…
    — Non pas. Messire de Tisans exige de connaître la vérité. Selon Fortin, vous auriez dissimulé des informations de nature à incliner l’issue du procès.
    — A-t-il affirmé cela ? Je ne puis le croire. Il a toujours été si bon avec moi.
    — Pas en ces termes. Bon parce qu’il plumait les Lafoi en discrétion afin de contribuer à la subsistance de votre fils ?
    Des larmes montèrent aux paupières de la femme qui baissa les yeux.
    — Je vous en conjure, Madeleine. La vérité et, sur mon honneur, j’affirmerai ne point pouvoir révéler d’où je la détiens. Évangeline Caquet fut ensevelie vive après tourments. Vous le devez au repos de son âme. Ne me

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