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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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étourdi de la gravité de la confidence et des hypothèses qu'elle semait. Il sentait à ses côtés la tension de Bourdeau. Restait un mystère dont il fallait déterminer si Le Roy détenait la clef. Tout paraissait clair tant que Peilly était encore chez l'horloger. Que s'était-il passé au moment de son départ ?
    — Un jour donc il vous quitte ?
    — Eh, oui ! début février. Un matin il n'était plus là. Je ne m'en suis guère étonné, M. de Sartine m'ayant prévenu de la manière dont cela se déroulerait. L'intempestif était le plus probable.
    — Et depuis, aucune nouvelle ?
    — Si justement, ce matin même. Un mot laconique. Cette prudence va de soi. Je la comprends et l'approuve.
    Il tira un petit billet de sa poche et le tendit à Nicolas. Celui-ci observa aussitôt l'écriture formée de majuscules en lettres bâtons. Il le lut à haute voix.
    —  Je reste votre débiteur et vous adresse ma gratitude. Je n'oublierai pas les abricots de Vitry . Quel étrange message ! Il ne vous surprend pas ?
    Le Roy secoua la tête.
    — J'imagine que la forme a pour objet d'éviter que l'identité de l'auteur puisse être traversée. Et pour le reste…
    Il se mit à rire.
    — Les abricots vous intriguent, n'est-ce pas ? Je vous confierai qu'il adorait ceux du verger de ma maison de campagne à Vitry. C'était une plaisanterie habituelle entre nous. Il avait dépouillé un arbre à s'en rendre malade.
    — J'entends bien tout cela, dit Nicolas. Puis-je vous demander par quel truchement ce mot vous est parvenu ?
    — Je ne sais si je dois…
    — Vous nous avez déjà confié beaucoup de choses. Il serait inconcevable que maintenant vous vous rétractiez.
    — Vous avez sans doute raison. Durant le séjour de Peilly chez moi, un jeune officier de marine était chargé de faire le lien avec Sartine.
    — Son nom ?
    — Emmanuel de Rivoux.
    — Son grade ?
    — Lieutenant de vaisseau.
    — Porte-t-il un manteau bleu d'uniforme ?
    — Ma foi, très souvent. Nous sommes en hiver.
    — C'est donc lui qui vous a transmis le mot de Peilly ? De quelle manière était-il en sa possession ?
    — Oui, je le répète, il me l'a apporté. Pour le reste, je lui ai posé la question. Il a mis un doigt sur sa bouche. Ils étaient d'ailleurs très liés malgré…
    — Malgré quoi ? insista Nicolas que les réticences de l'horloger exaspéraient.
    — Heu ! Cela n'a guère d'importance. Enfin, malgré leur amitié, ils étaient quelque peu en rivalité… Oh ! En tout bien tout honneur… par la cour qu'ils faisaient tous deux à ma filleule, Agnès Guinguet. Mais la lutte était loyale. Ils ne s'en cachaient pas l'un à l'autre. Agnès semblait balancer entre eux. Ah ! jeunesse.
    — Nous aurons à entendre votre filleule.
    — Je n'en vois guère la justification, mais il est inutile, je crois, que je songe à m'y opposer.
    — D'autres personnes étaient-elles informées des raisons de la présence de Peilly chez vous ?
    — Sans être au fait de toutes les circonstances, Deplat, mon ouvrier, se trouvait en situation de connaître bien des choses, travaillant avec nous. Durant cette période, j'avais éloigné mes aides dans mes autres ateliers pour limiter, à la demande du ministre, tous les risques. Mais Armand lui, c'est autre chose, il a toute ma confiance.
    — En êtes-vous assuré ?
    — Monsieur, il travaille avec moi depuis quinze ans. Il sortait du collège quand je l'ai pris en main. Il m'est indispensable et a été associé à toutes mes découvertes.
    — Nous le verrons également.
    —  Me direz-vous enfin la raison de tout ceci ?
    — Pour l'heure c'est impossible, mais vous le saurez dès qu'il y aura assurance. Où loge Emmanuel de Rivoux ?
    — Pourquoi voulez-vous que je le sache ! Nos rencontres furent rares et restreintes quant à leur contenu. Il passait sans que je le voie, s'enfermant pour de longues conférences avec Peilly.
    — Quand Peilly a disparu, étiez-vous présent ?
    — Non, une crise de goutte m'avait contraint de prendre quelques jours de repos à Vitry.
    — Il était donc seul rue de Harlay ?
    — Certes. Ma filleule se trouvait avec moi, Deplat chez lui en ville ou plutôt dans les nouveaux faubourgs, rue de l'Échiquier, près du magasin des Menus-Plaisirs.
    — Donc aucune lumière sur les conditions de son départ ?
    Y avait-il eu arrestation en forme, c'est cela que Nicolas souhaitait apprendre. Intrigué par son

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