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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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sincérité de l'intermédiaire et sur la franchise de cette signature ?
    — Que vous dire ? D'une part, je ne la sais point traitant de tels règlements – ce genre de choses dépend de Mme Campan et d'autres personnes – et, d'autre part, j'étais, soyez-en assuré, persuadée que Mme de Villers faisait partie des entours, l'ayant remarquée à plusieurs occasions à Versailles.
    — Auriez-vous conservé des exemplaires de ces billets forgés ?
    — Hélas, non, les ayant apportés à la… la dame, elle les a tous brûlés.
    Nicolas comprenait le geste de la reine, mais le trouva bien imprudent. Il convenait de conserver toujours les preuves d'escroqueries de ce genre.
    — Et depuis, madame, cette personne s'est-elle manifestée à vous ?
    — Que croyez-vous donc ? Son audace est sans limite ! Non seulement elle est revenue à la charge, mais, devant ma colère, elle a nié les faits, tout en me proposant une affaire…
    Il s'interrogeait à part lui, supposant que la reine prise au piège de ses dettes avait tout simplement renoncé à sévir face à l'indélicatesse de Mme de Villers. L'incroyable assurance de cette femme ajoutée au peu de fond qu'on était en droit d'accorder à une parole, fût-elle royale, brouillait toutes les perspectives.
    — Certes, poursuivait Mlle Bertin. Imaginez mon état, j'en étais outrée. Ne désirait-elle pas mettre un terme à ce qu'elle nommait une incompréhension propre à la légèreté de… Oui, elle osait user de ce terme, parlant de qui vous savez ! Elle souhaitait donc me faire participer au bénéfice d'une extraordinaire occasion.
    — Et de quoi s'agissait-il ?
    — Peste ! L'aurais-je laissée développer ? Le peu que j'en ai pris en confusion m'a suffi. Un objet sans prix, recherché des amateurs… Un instrument d'une grande rareté… Voilà tout ce que j'en ai retenu, monsieur le marquis.
    — Et cette proposition vous complut ?
    — Voyez le peu qu'il m'en reste ; je lui ai ri au nez, l'assurant qu'elle n'ait plus à compter sur moi pour la moindre entente.
    — Elle dut mal recevoir votre refus.
    — Peste ! Elle ne s'offusqua point. S'oppose-t-on à la modiste de la reine ? Fi ! Sa Majesté en ferait justice aussitôt.
    Elle eut soudain un rire moqueur et se mit à tapoter la soie de la robe sur le mannequin.
    — Considérez cette splendeur ! Une robe de présentation à la cour. Le corps, le bas de robe et le jupon se doivent d'être noirs, et tous les agréments en dentelle à réseau. Manchettes de dentelle blanche au-dessus l'une de l'autre. Au-dessous d'elles, on place le bracelet noir à pompons. Tout le haut du corps se borde d'un tour de gorge de dentelle blanche sur lequel on dispose une palatine noire étroite, ornée, elle aussi, de pompons, qui descend jusqu'au col et qui accompagne le devant du corps jusqu'à la ceinture. De la dentelle d'or en pompons parfait l'ornementation du jupon et du corps en ornement.
    Elle s'exaltait, les yeux perdus, ivre de la litanie des mots répétés et de la volupté de manier les précieuses matières.
    — Au fait, son regard brillait d'ironie cruelle, saluez de ma part Mlle d'Arranet. Cette commande lui appartient : un présent de la reine, une seule fois porté, dont elle entend modifier l'usage.
    Il s'inclina et sortit sans laisser paraître son agacement. Ainsi tout se savait à la cour et tout se colportait à la ville. La reine n'était d'évidence pas la dernière à jaser avec sa modiste. Il dissipa ces pensées malencontreuses pour se concentrer sur les menées de Mme Cahuet de Villers. Le toupet de cette créature dépassait la mesure et pourtant elle s'entêtait à multiplier ses tentatives à l'envi en dépit de l'indélicatesse dont elle était convaincue. C'était dire si elle se sentait sûre d'elle-même. L'ensemble de ces éléments compliquait encore un tableau d'autant plus préoccupant qu'un grand nom y était aussi distinctement attaché.

    Dehors il prit soudain conscience que l'adresse de Freluche lâchée par la Paulet se trouvait dans les environs, rue des Beaujolais, artère qui reliait la rue de Chartres et la rue de Rohan. Elle était traversée en son milieu par deux ruelles en cul-de-sac. C'était là un bon refuge, où d'éventuels agresseurs pouvaient être aisément repérés à condition de disposer des guetteurs nécessaires. L'endroit constituait aussi un coupe-gorge idéal pour quelqu'un s'y engageant sans précaution. La pente

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