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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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avec la vision de la poitrine de la demoiselle. De nouveau le gaillard disparut pour revenir tout aussi essoufflé. Il parla à l'oreille du tavernier qui invita Nicolas à gagner l'étage.
    — C'est qu'on était sûr de rien vous concernant, dit-il d'un air méfiant. Comme ça, si vous n'étiez pas celui que vous dites, vous auriez cru qu'elle n'était pas là !
    — Et votre vas-y-dire ?
    — L'allait voir la Freluche par une autre porte.
    — Et le papier ?
    — C'est dans ct'antre que les élèves de l'Académie achètent les fournitures. On pouvait espérer que vous galoperiez au Chant de l'Alouette.
    — Compliments ! Tout cela, Maître Richard, était bien pensé.
    Ce qu'il découvrit dans un méchant réduit offrait l'apparence la plus pitoyable. Recroquevillée sur une pauvre couchette, revêtue de nippes de fortune, les cheveux collés d'angoisse, Freluche paraissait une bête aux abois. Elle le considéra affolée et lui saisit la main. La fièvre la faisait trembler de tous ses membres. Il observa qu'elle était sans bas, les pieds boueux et écorchés. Maître Richard, qui conservait un léger doute, se trouva enfin convaincu et se retira. Nicolas tira à lui un escabeau et s'assit.
    — Mademoiselle, il est de toute urgence que vous me contiez le menu de ce qui vous est advenu.
    — Appelez-moi Freluche.
    Elle s'apaisait peu à peu, retrouvant les gestes de la coquetterie, lissant ses cheveux et rajustant les pans de la guenille informe qui recouvrait sa poitrine.
    — Soit. Freluche, je vous écoute.
    — Il n'y a pas grand-chose à jaser. On faisait un gentil souper. Le Jacques..
    — Jacques ?
    — Ben oui. Lavallée ! Il avait torché comme de juste plusieurs bouteilles. Une soirée comme une autre. Soudain la porte d'entrée a éclaté. Jacques s'est dressé le bougeoir à la main, même qu'il a mis de la cire partout. Une troupe s'est jetée sur lui et il est tombé. Des hommes qui portaient des mouchoirs sur leur visage.
    Elle s'était remise à trembler.
    — J'avais peur… Ils ne disaient mot. Ils se sont mis à chercher quelque chose jetant tout sens dessus, brisant, cassant, forçant… Jacques était déjà à moitié assommé, moi à terre écrasée par le talon d'une botte. Et ça continuait à déchirer, à détruire, à défoncer… Une misère !
    Des larmes jaillirent, inondant son visage souillé. Il lui tendit son mouchoir.
    — Allons, tout cela est passé. Vous ne craignez plus rien. Je suis là.
    Elle redressa la tête, un rien colère.
    — Vous pouvez causer ! C'est depuis votre venue que tout va mal. Jacques m'avait dit être suivi…
    — Allons, tout va bien. Nous allons remédier.
    — Mais, Jacques ? Où est-il ? Il a toujours été si bon pour moi.
    Ayant encore en tête le portrait peu flatté de la fille par la Paulet, il apprécia d'autant n'avoir point affaire à une ingrate.
    — Voilà un sentiment qui vous honore et qui dénote un heureux caractère. Pourquoi croyez-vous que je suis là, moi qui bats la campagne pour vous retrouver ? Si je souhaite tout connaître ainsi que les détails, c'est pour être mieux en mesure de retrouver votre ami. Et le plus rapidement possible. Réfléchissez bien : vous revient-il des points particuliers de l'aventure qui vous auraient frappée et dont vous pourriez m'entretenir ?
    Le petit front se plissa de contention.
    — Il y a deux choses en vérité. Au moment où je parvins à me dégager pour m'enfuir, un des bandits, le chef, s'est jeté sur moi pour m'immobiliser. Un homme grand, en tricorne et manteau sombre…
    — Quelle couleur ?
    — Je ne saurais dire. Il y avait des flammes et de la fumée. Ils jetaient des papiers dans la cheminée à ce que j'ai vu. Mais le fil est bleu !
    — Quel fil ?
    — Celui du bouton que je lui ai arraché pendant la lutte. Je…
    Elle se mit à rire comme à l'idée d'une bonne plaisanterie.
    — Je l'ai salement mordu à la main, le chéri ! Il en conservera l'empreinte, oui-da ! Et longtemps ! Vous m'en pouvez croire.
    — Et ce bouton ? dit Nicolas.
    — Oh ! Mais je l'ai en butin. J'avais la main si serrée que je n'ai pas même senti que je l'emportais.
    Elle se glissa hors de sa couchette, se troussa en un tournemain afin d'atteindre une poche intérieure fixée sur son jupon en haut de sa cuisse gauche. Cette pratique était connue et Nicolas se souvenait avoir vu les femmes de la halle chercher en pareil endroit la monnaie en liards

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