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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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qu'elle mobilisât l'attention d'une si éminente assemblée ?
    — Hé ! Hé ! Vous allez l'apprendre. Mais, au préalable, avez-vous quelques notions de géographie ?
    — J'ai retenu les teintures de ce que les jésuites de Vannes m'en ont appris.
    — Que savez-vous de la latitude ?
    — Que les parallèles sont fixées par les lois de la nature à partir d'un degré zéro immuable à l'équateur terrestre.
    — C'est un peu sommaire certes, mais la base suffisante pour un homme éclairé ! Et la longitude ?
    — Ma mémoire me souffle que la chose est plus complexe. Que le méridien de longitude 0 est mouvant, qu'il dépend de la longueur du jour, de la hauteur du soleil et, même, de la position des étoiles par-dessus l'horizon.
    — Je vous juge tout à fait apte à comprendre la question qui a obsédé de tout temps les navigateurs. Imaginez mon cher, que vous alliez de Lorient à Boston. Pas de problème pour déterminer la latitude, mais la longitude ? Il faut faire le point et pour cela disposer de l'heure du point de départ et de l'heure du lieu où vous vous trouvez à midi. Si votre horloge défaille, l'heure du point de départ est fausse et votre position erronée. Une heure de différence représente 1/24 e des 360° de révolution de la terre en 24 heures, soit 15 degrés. Quelques minutes d'erreur et vous vous retrouverez dérouté dans de lointaines zones inconnues. Une heure en plus ou en moins et vous aborderez les Caraïbes ou les confins du septentrion et non plus la Nouvelle Angleterre !
    — Cependant, Guillaume, ma montre est très exacte et je m'y fie comme à l'horloge du Palais 113 . Comme elle, elle pique les heures à la perfection et les répète à l'envi !
    — Peuh ! Ni l'une ni l'autre ne subissent la fortune de mer. Sur un navire, l'horloge affronte le roulis, les différences de température, les variations de la pression atmosphérique et j'en oublie. On ne compte plus les catastrophes, conséquences d'une exactitude mal conservée ! On a bien tenté de remédier à cela par l'établissement des tables de longitudes à partir de l'observation des cieux. Mais que faire quand le ciel est couvert et que la lune et les étoiles demeurent invisibles ? Il fut admis que la seule et unique solution c'était l'invention d'une horloge stable qui donnerait le temps véritable depuis le port d'attache jusqu'au port d'arrivée, à n'importe quel endroit de la planète.
    — Et l'aurait-on trouvée à la fin des fins ?
    Semacgus huma son verre de rhum avec componction.
    — C'est selon, d'après mon ami. Mais où ai-je la tête, vous le connaissez ! C'est Borda, l'officier de marine qui participait à la commission de l'Académie des sciences lors de l'expérience du Pont-Royal 114 .
    — Cet étrange appareil pour respirer sous l'eau.
    — Vous y êtes ! Selon lui, Le Roy a inventé un modèle d'horloge et aussi son concurrent Berthoud, un Suisse originaire de Neufchâtel installé depuis longtemps à Paris. Reste qu'un Anglais emporterait la palme sans conteste, un certain Harrison.
    — Tout cela est bel et bon, mais la relation avec notre mystérieuse sentence ?
    — Peste ! J'allais oublier le meilleur. La montre de Le Roy possède la particularité de fonctionner sans fusée. Mon oreille a frémi en entendant ce terme.
    — Qui consiste en…
    — Pas si vite mon garçon ! C'est une pièce de forme conique, je souligne conique. Songez que le déroulement d'un ressort n'a rien de constant. D'une puissance certaine une fois remonté, il se relâche en force nulle en bout de course. Sa tension n'est pas linéaire. La fusée permet que le ressort complètement détendu puisse agir sur un grand diamètre. Ainsi parvient-on à égaliser les forces en œuvre lors du déroulement du ressort moteur.
    — Je n'y entends goutte, mais je comprends une chose, la seule qui m'intéresse. Seul un homme au fait de sa technique, et donc un horloger de métier, pouvait faire allusion à toute cette étrange mécanique.
    — Qui plus est, mon cher Nicolas, son propos est curieusement redondant. Pour un artisan de cette matière, l'un des trois mots utilisés dans la sentence suffisait à mettre la puce à l'oreille.
    — Alors, pourquoi les trois ensemble ? Il ignorait à qui il allait s'adresser ?
    — Pardi ! Pour nous donner son nom. Il n'y avait donc pas de coïncidences et de hasard, mais un agrégat voulu comme tel. Il ne souhaitait pas brouiller

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