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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2
Autoren: Mireille Calmel
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l'Ordre que vous appartenez, Mounia.
    Elle s'écarta de lui, le menton frémissant mais le regard déterminé.
    — Alors finissez-en, chevalier. Tuez-moi. Personne ne me pleurera. Bien au contraire, les hospitaliers y trouveront leur compte, qui pourront assurer le prince que sa vengeance a été accomplie. Si votre Dieu est aussi miséricordieux qu'on veut me l'inculquer, il m'accueillera en son royaume dès à présent. Sinon, j'irai brûler en enfer. Le doute me laisse au moins un espoir. Ici, je n'en ai plus.
    Elle tomba soudain à ses genoux, les mains jointes et les yeux fermés. Jamais Enguerrand ne s'était senti plus démuni, plus misérable. Il la releva, la serra dans ses bras.
    — Si quelqu'un doit mourir, que ce soit lui et non vous, Mounia. Vous ne lui appartiendrez plus, je vous en fais la promesse.
    Elle noua spontanément ses lèvres fines aux siennes avant de disparaître en courant, avalée par l'enceinte du couvent.

8
    Le lendemain matin, Enguerrand se présenta au palais du grand maître et insista sur le caractère urgent de sa démarche. Pierre d'Aubusson était absent, mais on l'invita à attendre son retour, sans aucune garantie. Enguerrand fit antichambre jusqu'à sexte avant d'être finalement introduit devant cet homme massif qui régnait d'une main de fer sur la chrétienté en Méditerranée. Son temps était précieux. Assis derrière son bureau, d'Aubusson acheva de cacheter une lettre avant de lever les yeux sur lui.
    — Soyez le bienvenu à Rhodes, chevalier. On me rapporte que vous auriez à m'entretenir d'une affaire de la plus haute importance…
    — Vous n'êtes pas sans savoir que le prince Djem a ordonné la mort d'une de ses épouses, une Égyptienne, et qu'il s'en est fallu d'un rien qu'elle ne soit exécutée au cours du voyage qui la ramenait ici, à Rhodes.
    D'Aubusson fronça les sourcils.
    — En effet. Mais comment diable êtes-vous au fait de cette histoire, gardée par la plus grande des discrétions ?
    — Je me trouvais à bord. Auriez-vous accordé la main de cette dame au sire de Luirieux ?
    — La damoiselle lui est reconnaissante et souhaite convoler sitôt son baptême. Mais je ne vois pas en quoi tout cela vous concerne.
    — On nous a abusés tous deux, messire. Vous, en vous faisant croire à des qualités imaginaires, moi en m'assurant que je tirerais gloire des miennes.
    — Insinuez-vous que ce n'est pas Hugues de Luirieux qui est intervenu ?
    — Je ne l'insinue pas, je l'affirme. Le poignard qui a servi à trancher la gorge du janissaire se tient à ma ceinture.
    D'Aubusson hocha la tête.
    — Je vois. Vous en espériez quelque faveur, c'est légitime.
    — Ne vous méprenez pas sur mes intentions, messire. Je ne suis venu à Rhodes que pour mettre mon nom au service de l'Ordre. Que ce scélérat abuse de ma confiance, passe, mais qu'il contraigne cette dame avec force sévices, je ne saurais le tolérer.
    D'Aubusson caressa sa barbe, songeur.
    — Quel intérêt aurait-il à ces épousailles ? Elle n'a aucune dot.
    — Je l'ignore, mais vous comprendrez que je m'y oppose, d'autant que cette jeune personne me l'a expressément demandé. Me laisseriez-vous embarquer si je la lui soustrayais ?
    — Pourquoi vous l'interdirais-je ?
    — Parce que je le ferais dès ce soir, avant qu'elle n'ait été baptisée.
    — En ce cas, c'est une esclave que vous emmèneriez.
    — Lui appartient-elle ?
    — Pas en ces termes, puisque prétendument, elle recouvrait sa liberté par le baptême.
    — On peut donc admettre que l'Ordre est son propriétaire tant qu'elle ne l'a pas reçu.
    Pierre d'Aubusson hocha la tête, un sourire entendu aux lèvres. Enguerrand détacha de sa ceinture la bourse que Hugues de Luirieux lui avait remise à son arrivée et la posa sur le bureau.
    — Si cela ne suffisait pas pour la racheter, j'ai ici une lettre de créance consentie par le baron Jacques de Sassenage, mon parent.
    D'Aubusson le fixa un long moment, une lueur étrange dans le regard.
    — M'assurez-vous qu'elle achèvera sa catéchèse là où vous la conduirez ?
    — C'est un devoir que je me ferai au regard de Dieu.
    Le grand maître repoussa la bourse vers lui.
    — Alors conservez ceci et mettez cette dame en lieu sûr. Lorsque ce sera fait, faites-moi signe. Les êtres valeureux deviennent de plus en plus rares et, puisque telle était votre intention première, je serai heureux de vous compter parmi nous.
    Pierre d'Aubusson le
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