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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2
Autoren: Mireille Calmel
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silencieux comme un serpent, il se fondait au décor de si belle manière que si l'instinct d'Enguerrand ne l'avait guidé, il se serait laissé duper. Il se rapprocha de lui, le nez au vent, pas assez pour alerter les autres janissaires qui devaient, sous la trahison de leurs rires, accompagner eux aussi la progression du meurtrier.
    Ce ne fut que lorsqu'il aperçut l'éclat de la lame courbe, dans le creux de la main de l'homme, à quelques pas de Mounia, qu'il bondit comme si sa propre vie en dépendait. Une voix s'éleva dans le tumulte. Un mot avait été hurlé, en arabe, qu'Enguerrand couvrit lui-même d'un cri. Mounia sursauta, fit volte-face. Elle eut la présence d'esprit de courir pour se garder de l'homme qui fondait sur elle. Une fraction de seconde. Le temps que le Turc la rattrape et lève le bras pour l'occire, lui courbant les reins sur le bastingage, Enguerrand était sur lui, et lui fauchait la main d'un coup d'épée. Il y eut un mouvement à l'avant du navire. De toute évidence, les marins avaient alerté les hospitaliers qui accouraient. Enguerrand refusa de s'en laisser distraire. Le Turc se savait perdu et cette certitude l'enrageait. Le sang jaillissait par giclées de son membre amputé. Il l'abattit violemment sur le visage de Mounia pour l'obliger à lâcher prise et l'entraîner dans sa chute. Elle hurlait de terreur, à la limite de perdre connaissance, mais gardait obstinément les poings serrés sur la corde qui ceinturait le bastingage. Enguerrand n'hésita pas. Le pourfendre aurait risqué d'embrocher la jouvencelle dans son élan tant ils étaient soudés. Le chevalier de Sassenage dégaina son propre poignard et sauta sur le dos du Turc, cherchant à assurer sa prise d'une main, et de l'autre, à lui trancher la gorge. Il taillada à l'aveugle, là le visage, là les mains, tandis que le Turc cherchait à se débarrasser de lui, tout en s'affairant davantage sur elle. Enguerrand réussit finalement à nouer ses jambes autour de la taille imposante. De sa main, à présent libre, il empoigna le haut du turban, et tira vers l'arrière pour lui relever le menton. Cela suffit pour offrir un angle à sa lame. Dans un gargouillis ignoble, le sang gicla sur le visage déjà souillé de Mounia. Enguerrand sauta à bas et, attirant le Turc à lui pour qu'il ne s'effondre pas sur l'Égyptienne, le laissa choir dans une mare de carmin. C'était terminé. Mounia était sauvée. Choquée, l'Égyptienne se jeta dans ses bras pour le remercier avant de regagner sa cabine en titubant, accompagnée par Hugues de Luirieux qui l'avait prise par les épaules. Sur le navire, le silence s'était fait. Les Turcs se rapprochaient de leur compagnon qui se vidait sur le ponton, les membres tressautant encore et les yeux révulsés.
    — J'ai vu le poignard dans sa main, je n'ai pas eu le choix, leur servit Enguerrand en réponse à leurs regards noirs de rage, avant de se détourner.
    Le chevalier de Sassenage rinça sa lame, ses mains et son visage puis retourna sous l'escalier du pont supérieur prendre dans sa malle de quoi se changer. Ensuite de quoi, accoudé au bastingage, il se tint prêt à débarquer. Le premier, comme le lui avait recommandé Hugues de Luirieux.
    Tandis que les marins s'activaient à l'accostage, le regard d'Enguerrand accrocha l'enceinte fortifiée qui cerclait la capitale, renforcée aux angles par d'énormes tours. Face à lui, la haute tour de Naillac surveillait l'accès au port. Au-delà, dominant Rhodes, la montagne, plate et luxuriante d'oliviers. Le ciel était couvert, mais un vent tiède charriait des parfums d'épices et de fleurs sucrées, et Enguerrand se sentit fier d'avoir réussi la première mission qui lui avait été confiée.
    Un sourire flottant sur ses lèvres et son bagage sur l'épaule, il descendit la passerelle puis remonta la vaste avenue qui, du port, ramenait au cœur de la ville. De nombreuses auberges la bordaient de part et d'autre, rappelant au voyageur que tout le commerce de la Méditerranée, épices, étoffes, et jusqu'aux navires et galères qu'on construisait, passait par là. Enguerrand s'arrêta dans celle que lui avait recommandée Hugues de Luirieux et y loua gîte et couvert pour une durée indéterminée. Compte tenu de son rang, on lui attribua une chambre jouxtant un cabinet de toilette plutôt que le dortoir commun, situé à l'étage inférieur, payable d'avance et chaque premier jour de la semaine. Il ne fit aucune difficulté,
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