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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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mais s'empressa de dissimuler l'or qu'il avait emporté en démontant une des lames du parquet sous le pied de son lit. L'île, prospère, possédait une étonnante quantité de comptoirs installés par de riches banquiers de Gênes, de Venise, où il pourrait, si besoin était, changer en monnaie trébuchante les lettres que lui avait généreusement consenties Jacques de Sassenage.
    Enguerrand referma ensuite sa fenêtre pour éviter toute intrusion intempestive, puis s'octroya un repos bien mérité sur sa couche. Il souffrait de la sensation tenace du roulis et n'aspirait qu'à la laisser s'atténuer. Il s'endormit avec au cœur le sourire reconnaissant de l'Égyptienne et le secret espoir de la recroiser.
     
    Au petit jour, Hugues de Luirieux vint le trouver dans sa chambre qu'il n'avait pas quittée, pour lui remettre une somme replète en échange de son silence.
    — Quand Pierre d'Aubusson me recevra-t-il ? demanda Enguerrand, bien plus soucieux d'une audience que de cette fortune.
    — Bientôt, mon ami, bientôt. Sachez pourtant que le grand maître est fort occupé. Alors, si vous voulez un conseil, ne vous morfondez pas. Une lame comme la vôtre a besoin d'exercice et votre rang vous dispense de la moindre recommandation. Pourquoi ne pas vous engager sur-le-champ sur un de nos vaisseaux ? On y surveille l'accès du Proche-Orient et de l'Égypte, découd les pirates et protège les marchands européens qui commercent avec l'Empire turc.
    — Plus tard peut-être. Si le grand maître le trouve justifié, s'entêta Enguerrand.
    — Comme vous voudrez. Pour ma part, nous ne nous reverrons pas, je quitte l'île dès demain pour regagner la terre de France, soupira Hugues de Luirieux en se levant du tabouret sur lequel il avait pris place.
    Enguerrand le raccompagna à la porte, rattrapé par l'obsédant souvenir de l'Égyptienne.
    — Une chose encore, comment va-t-elle ?
    Hugues de Luirieux eut un regard de biais sous ses sourcils froncés.
    — Mounia est parfaitement remise, je peux vous l'assurer. Elle est pour l'heure en sécurité dans un couvent où elle prépare son baptême. Je vous déconseille d'essayer de l'approcher. Des Turcs sont en ville que les janissaires, avant de reprendre la mer pour l'Anatolie, pourraient avoir chargés de vous surveiller pour mieux l'atteindre. Après l'avoir si brillamment sauvée, vous ne voudriez pas la mettre de nouveau en danger, n'est-ce pas ?
    Quelque chose de glacial dans le ton pourtant affable le mit mal à l'aise. Les arguments cependant étaient irréfutables.
    — Cela va de soi, consentit Enguerrand, à regret.
    La porte se referma.
     
    Un mois plus tard, il n'avait toujours pas rencontré le grand maître, Pierre d'Aubusson. Mieux, il apprit que le lieutenant Hugues de Luirieux lui avait menti. Il se trouvait toujours en ville pour des raisons mystérieuses. Sans doute prenait-il du bon temps, se convainquit Enguerrand avant de rager contre sa propre stupidité. De toute évidence, Hugues de Luirieux n'avait jamais seulement signalé sa présence à Pierre d'Aubusson. Fort de ce constat, il se rendit dans la ville haute au nord-ouest de la ville et s'annonça au palais du grand maître. On y confirma ses craintes avant de l'assurer que l'on ne tarderait pas à donner suite à sa requête.
    Il trompa ensuite son ennui en vaquant au hasard des rues, empli de la magnificence des demeures en pierre de taille, si semblables à celles des riches seigneurs de France avec leurs tourelles et leurs mâchicoulis, cherchant sans se l'avouer vraiment l'endroit où Mounia suivait sa catéchèse, et Hugues de Luirieux ses manigances. L'une pour prendre de ses nouvelles, l'autre pour lui donner des siennes. Le hasard ne le servit pas et Enguerrand retourna dîner à l'auberge. À cette heure, la place était pleine et embaumait. Rires, jurons et dialogues de marins, de marchands et de soldats fusaient de partout dans des langues et dialectes différents où, toutefois, le franc et le grec dominaient. Il se fraya un passage vers sa table, réservée près d'une fenêtre qui donnait sur la rue. D'un geste de la main, il signala sa présence à l'aubergiste qui, sur la dernière marche de l'escalier, revenait de la cave. Il savait qu'on ne tarderait pas à le servir avec déférence, et que la fille qui lui porterait son écuelle le rejoindrait dans sa couche lorsque le lieu se serait vidé.
    L'esprit roulant vers les informations qu'il avait glanées, il ne vit

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