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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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m'éliminer.
    — Je veux le voir pour le croire. Allons, debout, exigea Philippine qui l'aurait volontiers embrassée si Gersende n'avait été là.
    Algonde rejeta les draps et pianota des orteils sur le parquet. La lumière continuait de courir en elle sous la forme de picotements. Était-ce ainsi qu'Elora la ressentait ? Elle saisit la main que sa mère lui tendait, craignant que ses muscles avachis trop longtemps ne la fissent chanceler, mais il n'en fut rien. Elle se dressa dans un éclat de rire et, entraînant Gersende, se mit à danser.
    *
    Sidonie n'avait pas revu Jacques depuis son altercation avec Marthe. Le lendemain matin, escorté de Dumas et d'une forte escouade, il avait quitté le château avec son plus jeune fils et son vieil ami Aymar de Grolée, le baron de Bressieux. Plusieurs moutons avaient été égorgés les nuits précédentes et des paysans s'étaient plaints du hurlement des loups à proximité des maisons. Sidonie supposait qu'il s'était rendu sur place pour en juger et de là, avait poussé jusqu'aux limites de ses domaines. Ce n'était pas la première fois que cela arrivait.
    Marthe n'avait pas l'air de s'en inquiéter.
    — Tu restes, lui avait-elle assené en revenant du bureau.
    — Mais Jeanne ? s'était étonnée Sidonie, les yeux rouges.
    Marthe n'avait pas daigné lui répondre. Sidonie ignorait toujours ce qui s'était dit, ce qui s'était passé. Jacques lui manquait.
    — Pourquoi ne pouvons-nous laisser nos boucles sur nos épaules ? demanda Isabelle, la cadette de Philippine, en s'admirant devant le miroir qui lui faisait face.
    Comme ses sœurs, installées sur des tabourets, elle prêtait sa longue et soyeuse chevelure aux mains expertes des chambrières qui les brossaient. Sidonie s'arracha de sa tourmente pour lui sourire avec tendresse.
    — N'aimez-vous pas les roulés que vous fait Marie ?
    — Si, bien sûr, mais je me trouve plus jolie ainsi.
    Sidonie ramena sur sa poitrine la lourde tresse de sa propre chevelure.
    — A votre âge, moi aussi je rêvais d'avoir les boucles au vent. Une journée, j'ai arraché mes rubans et j'ai couru dans le jardin pour en profiter.
    La petite damoiselle ouvrit des yeux envieux.
    — Comment était-ce ?
    — Désastreux. Elles furent si emmêlées qu'aucun peigne ne put me les rendre. Il fallut les couper.
    Le visage se ferma.
    — Quelle horreur !
    Sidonie se mit à rire.
    — Je ne vous le fais pas dire.
    — Quand essaierons-nous nos robes ? demanda Françoise, la deuxième des sœurs de Philippine.
    Conformément au souhait de Jacques, Sidonie s'était empressée de s'occuper de ses filles. Elles devaient rivaliser de beauté et d'élégance à l'occasion du grand tournoi qui se préparait à Romans.
    — Dans quelques jours. Gardez patience. Avez-vous déjà envie de nous quitter pour convoler ?
    — C'est que je ne veux pas finir rosière comme Philippine, répliqua-t-elle en tendant ses joues au pinceau qu'avait avancé la servante pour les farder.
    Sidonie regagna en gravité.
    — Qui vous a dit cela, Françoise ?
    — C'est sur toutes les bouches. Ne trouvez-vous pas étrange qu'elle passe tout ce temps avec cette Algonde que nous ne voyons jamais ? Louis dit que ce n'est pas sa place et je trouve aussi en vérité.
    — Louis parle trop. Votre sœur est charitable, voilà tout. N'est-ce pas ce qu'en premier lieu on vous a enseigné à Saint-Just ?
    Françoise baissa le nez. La plus jeune qui jusque-là s'était gardée de s'en mêler leva le sien.
    — Est-ce vrai qu'Algonde est une servante ?
    Les deux autres tournèrent vers elle un visage hébété. Sidonie toussota. Comment leur expliquer ? Elle se leva et se drapa dans une austère réprobation.
    — J'ignore où vous laissez traîner vos oreilles, damoiselles, mais il est inconvenant de vous abaisser ainsi à des rumeurs de paliers. Je ne veux plus rien entendre à propos d'Hélène sans quoi, pour vous punir, vous resterez ici au lieu de nous accompagner.
    — Oh non, s'il vous plaît, supplia Isabelle après avoir dardé sur sa sœur un regard incendiaire.
    Sidonie soupira.
    — Choisir un époux n'est pas chose courante et bien plus délicat qu'il n'y paraît. Un autre que votre père vous imposerait le plus fortuné. De grâce, mes cousines, ne gâtez pas la chance que vous avez de pouvoir être aimées.
    La gorge nouée, elle ne put rester davantage. Les laissant à leurs toilettes, elle souleva d'un geste gracieux sa robe

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