Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
fois qu'il était question de Jeanne.
    Jacques ferma les yeux. Une fraction de seconde. Ici, dans ce lieu chargé encore de la prière des moines. Le diable pouvait-il l'entendre et le châtier pour son aveu à venir ? Non. Le diable était à la Bâtie, occupé à ses manigances qu'il devait trouver le moyen de déjouer. Sa voix pourtant se fit murmure et son regard, un ovale écrasé entre ses cils.
    — Ta mère est toujours en vie, François.
    Le jouvenceau sursauta tant qu'il déséquilibra son siège fragilisé par l'humidité excessive du lieu et le travail des vers. Un pied se brisa et François partit en arrière. Pendant qu'il se relevait en jurant, le regard troublé d'Aymar de Grolée fouilla celui de Jacques.
    — Insinues-tu que le diable est en elle, mon ami ?
    Jacques secoua la tête, tristement.
    — Il n'y a plus rien en elle, Aymar. Sinon la folie.
    Et tandis que son fils époussetait ses fesses meurtries par l'inégalité des carreaux, furieux de sa déconvenue et tout autant désappointé par cette révélation, Jacques de Sassenage entreprit de leur conter à tous deux les événements de ces jours derniers.
    *
    — Assez, assez, j'ai la tête qui tourne et le cœur au bord des lèvres, explosa de rire Gersende en entraînant sa fille vers le bord du lit.
    L'intendante du château de Sassenage s'y laissa choir et tenta de récupérer le souffle que sa corpulence massive tout autant que son hilarité étouffait.
    Rejoignant Philippine, qui, déroutée par l'incroyable efficacité de ce remède, s'était assise pour les regarder s'ébranler, Algonde s'installa en tailleur à côté de Gersende et plaqua une bise sonore sur sa joue rebondie.
    — Il n'est plus temps de mourir, ma petite mère. Je suis ressuscitée.
    — Je vois, je vois, ma bécaroïlle et je m'en réjouis. Oh oui mon Dieu, je m'en réjouis !
    Elle repartit à rire de plus belle en nouant ses bras potelés aux épaules des deux jouvencelles. Ce furent les pleurs d'Elora, réveillée, qui mirent un terme à ce moment de complicité.
    Algonde se leva et s'en fut la prendre dans son berceau, sous la somptueuse tapisserie d'Aubusson qui représentait une scène courtoise.
    — Là, ma toute belle, chantonna-t-elle en la berçant sur son sein.
    Instantanément, Elora s'apaisa. Le cœur d'Algonde tressautait gaiement dans sa poitrine. En sa mémoire les images de la ville blanche continuaient de défiler, et la lumière en elle de guérir ses plaies les plus anciennes. Ses peurs s'étaient miraculeusement envolées. Elle ignorait encore comment elle tromperait Marthe, comment elle se protégerait d'elle, comment elle permettrait à la prophétie de s'accomplir, mais elle était certaine d'une chose : elle y parviendrait.
    — Oh ! la la la la, que dira Janisse en me voyant ainsi décoiffée ! pouffa Gersende dans son dos.
    Algonde se retourna vers elle, joliment surprise :
    — Maître Janisse t'a accompagnée ?
    Un fard piqua les joues de l'intendante.
    — Il faut que je te dise, Algonde. Nous allons nous marier. Enfin, si le baron le permet.
    — Quelle heureuse nouvelle, dame Gersende, s'exclama Philippine en posant une main soignée sur sa manche.
    — Il semble qu'elle réjouisse tout le monde en effet, s'excusa presque l'intendante, en voyant le visage de sa fille s'illuminer.
    — Tu sais que je l'aime comme un père. Il faut l'aller chercher, qu'il fasse connaissance avec Elora et soit rassuré, suggéra Algonde en se rapprochant du lit au ciel tendu de rideaux noués.
    — Tu ne vas pas le recevoir dans cette tenue, la gronda sa mère en balayant d'un regard de reproche sa chemise de toile blanche.
    Dans sa vivacité retrouvée, Algonde l'avait oubliée.
    — Tu as raison, je vais m'habiller. Il est grand temps que je retrouve ma place dans cette maisonnée.
    — D'autant que nous ne sommes pas venus seuls… ajouta Gersende en mordant sa joue.
    À sa figure coupable, le cœur d'Algonde manqua un battement.
    — Mathieu est là aussi, lâcha Gersende sans lui laisser le temps d'extrapoler.
    Algonde se mit à trembler. Mathieu. Son Mathieu.
    — Il sait pour Elora. Je le lui ai annoncé, s'interposa Philippine.
    Craignant de défaillir du trop de bonheur que cette perspective augurait, Algonde dut s'asseoir.
    Elle gagna un tabouret rembourré de coutil damassé et, leur faisant face, s'y cala, dos au mur de chaux. Gersende et Philippine la couvrirent d'une même tendresse.
    — Je ne t'ai pas tout dit

Weitere Kostenlose Bücher