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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Dreux éclata en sanglots.
    — Si vous saviez… Si vous saviez comme je me suis sentie soulagée de savoir que vous ne l'épousiez plus. Si vous saviez comme je le hais !
    Philippine lui tendit son mouchoir. Au heu de l'utiliser, Marie le pétrit fébrilement.
    — Dieu me pardonne, mais il ne se passe pas un jour sans que j'espère sa mort comme une délivrance.
    Philippine et Algonde échangèrent un regard entendu qui échappa à la damoiselle.
    — Mettez-vous en paix, mon amie. Personne ici ne songera à vous tourmenter et même, je me fais fort de rendre votre promis à ses responsabilités, lui déclara Philippine qui retrouvait là un sens à son existence : réparer les torts causés par ce sinistre individu.
    — Mais si le sire de Montoison venait à lui dire la vérité ? s'épouvanta encore Marie de Dreux.
    Le regard de Philippine pétilla.
    — Oubliez-le, vous dis-je. Votre vœu est exaucé. Devant l'air incrédule de Marie, Algonde, qui avait reposé le tisonnier, se passa l'index à l'horizontale sous la gorge. Philippine pouffa. Marie trembla.
    — Essaieriez-vous de me dire…
    — Décapité. Par le sabre de Djem, mais c'est un secret, lui consentit Philippine.
    Lorsque Jacques de Sassenage passa la porte avec Aymar de Grolée quelques minutes plus tard pour embrasser sa fille, il les trouva toutes trois qui partageaient, avec le goût de la vengeance, un heureux moment de complicité.
     

35
    Jeanne de Commiers sortait peu de sa chambre. Accoutumée à la réclusion, que ce soit au couvent de Saint-Just-de-Claix ou dans le repaire de Marthe, elle devenait migraineuse en présence de trop de bruit. La seule compagnie qu'elle acceptait davantage par plaisir que par devoir envers ses hôtes était celle de Jeanne de Montferrat, l'épouse de Louis II de Saluces. Comme elle d'un naturel effacé, celle-ci l'invitait chaque après-midi à deviser au coin du feu, à méditer sur un passage de la Bible, ou à piquer l'aiguille. Tandis qu'elles s'occupaient sereinement à tromper l'ennui d'un automne aussi pluvieux que venteux, dans la grande salle du château reconvertie pour les besoins en camp militaire, Louis II de Saluces recevait ses vassaux. Leur soutien se révélait néanmoins si modeste en hommes et logistique qu'il gardait aux repas la mine sombre.
    Là n'était pourtant pas la seule raison de sa contrariété.
    Jeanne le sentait, bien qu'il ne se soit permis aucune remarque déplaisante, Louis II de Saluces jugeait pour le moins déplacé l'état dans lequel elle se trouvait. Elle n'en éprouvait quant à elle aucune honte, mais préférait rester cloîtrée pour ne pas l'indisposer.
    — J'ai écrit à votre époux. Et tout pareillement à Aymar de Grolée. Je les attends. L'un et l'autre, lui avait annoncé avec un peu de raideur son hôte trois jours auparavant.
    — Je m'en réjouis d'avance, mon cousin, s'était-elle exclamée avec sincérité en soutenant son regard.
    Il l'avait baissé pour retourner à ses affaires et son épouse, Jeanne de Montferrat, qui avait trop de ferveur chrétienne pour juger quiconque, l'avait excusé.
    — Ne lui en veuillez pas, ma chère. Il est comme tous les hommes, pointilleux sur l'honneur et bardé de principes. Il s'inquiète davantage de sa réputation que de la vôtre, en vérité.
    — Elle n'en souffrira point, je vous l'assure, avait répondu Jeanne en caressant son ventre bombé.
    Enceinte d'Aymar de Grolée, elle savait bien ce qu'elle devrait répondre à son époux lorsqu'elle le verrait et tout autant à son amant qu'elle n'avait pas informé.
     
    Ce 2 novembre 1484, Jacques de Sassenage et le sire de Bressieux parvinrent au château de Revel, escortés d'une vingtaine de soldats. Éreintés par le mauvais temps qui avait jalonné leur route, ils époussetèrent avec soin leurs manteaux de peau retournée avant de donner l'accolade à Louis de Saluces.
    — Quelle joie de vous revoir ! Le feu vous attend, venez ! s'exclama-t-il en les entraînant l'un et l'autre par les épaules.
    Sans façon, tandis que leurs hommes se précipitaient à l'office pour se faire servir un bouillon, ils vinrent réchauffer leurs mains engourdies de froid devant l'âtre de la vaste salle décorée de pièces d'armurerie et de blasons.
    — Par ma barbe mon cousin, je te sais gré de ce tunnel foré sous le col de la Traversette. Une bourrasque de neige nous a pris alors que nous commencions son ascension. Sans cette percée, nous ne passions

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