Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
pas le sommet, lui servit Jacques de Sassenage avec belle humeur.
    Louis II de Saluces se mit à rire en lui claquant l'épaule d'une main moqueuse.
    — Allons donc. La dernière fois que nous nous vîmes, voilà six années, tu avais franchi le col sous la tempête et sans t'en plaindre !
    Une moue résignée s'accrocha à la barbe poisseuse de pluie givrante du baron.
    — Six ans. Déjà. J'étais plus endurant sans doute.
    — Et moi aussi, le consola Aymar de Grolée. Ma foi, je suis tout autant fourbu. Et bien heureux d'être arrivé.
    Le marquis de Saluces frappa dans ses mains aux veines exagérément apparentes. Un laquais apparut sur-le-champ.
    — Porte-nous du vin chaud, ordonna le maître des lieux.
    Ragaillardi déjà par les flammes hautes, Jacques sentit son cœur palpiter autant que ces troncs presque entiers qui se chevauchaient dans la cheminée monumentale.
    — Comment va-t-elle ? demanda-t-il à brûle-pourpoint.
    Louis, préparé au pire depuis la réception du message annonçant leur venue à tous deux, se fendit d'un large sourire.
    — Aussi bien que possible, rassure-toi.
    Jacques en fut réconforté. Il tendit de nouveau ses paumes par-devant les flammes.
    — Par mesure de sécurité, j'ignorais jusqu'à ces jours derniers que Jeanne avait trouvé refuge chez toi. Sache donc que ce n'est pas par souci d'elle que je viens à ta rescousse contre le duc, mais par affection.
    Louis coula un regard vers Aymar de Grolée. Était-il le père de l'enfant qu'elle portait ? Aussi nerveux que Jacques, il s'était installé sur une des chaises qu'abritait la cheminée dans les renfoncements de ses jambes de pierre et fixait la danse lascive des langues de feu. Au fond, se dit soudain le marquis en les voyant tous deux si proches et si complices, il ne savait rien de la vérité et avait peut-être mal jugé.
    — Peu importent les raisons qui ont exigé mon aide, Jacques. Elles ne me regardent pas. J'ai été heureux d'apprendre que Jeanne était en vie alors que nous l'avions crue défunte, et plus encore d'avoir pu vous aider.
    — Je te raconterai tout, je te le promets. Dès lors que le danger sera écarté.
    Le valet revenait déjà, chargé d'un plateau d'argent. Il le posa sur une table et servit le breuvage dans des hanaps joliment ouvragés, l'accompagnant de massepain. Une odeur forte de cannelle mêlée à d'autres épices s'envola jusqu'à eux.
    Louis II de Saluces désigna d'un geste ample cette table ronde que des fauteuils cernaient.
    — Prenez le temps de vous remettre et de vous changer. Jeanne a été prévenue de votre arrivée. Elle t'attend, Jacques. En sa chambre qu'elle a préféré garder pour que vos retrouvailles trouvent l'intimité qu'elle espérait.
     
    Bien qu'il s'y soit préparé, le cœur d'Aymar de Grolée se serra à cette idée.
    *
    Algonde était heureuse. Elora grandissait et la comblait d'une joie permanente avec ses joues rondes et rosées, ses yeux vert d'eau qui pétillaient, son étonnante vivacité. À six mois déjà, elle dégageait tant d'harmonie autour d'elle que les cœurs s'en trouvaient apaisés. Même celui de Philippine que le manque de Djem continuait par moments de bouleverser. Mathieu, employé à la paneterie du château, profitait de ses moments de liberté pour jouer avec sa fille. Ces deux-là s'entendaient à merveille. Singeant quelque monstre qui voulait la prendre, Mathieu s'aplatissait sur le sol, rampait jusqu'à elle, déclenchant le rire d'Elora et l'attendrissement de ces dames, quand ce n'était pas, avant son départ pour le Piémont, la consternation d'Aymar de Grolée. L'éducation de ce dernier voulait que les hommes s'emploient à la guerre et les dames à pouponner. Malgré cette opinion tranchée, lui aussi avait dû reconnaître que cette petite personne qui babillait et riait à longueur de journée à leurs côtés apportait en sa demeure un souffle de gaieté.
    Algonde était heureuse, oui.
    Malgré l'épidémie de peste qui courait dans le Grenoblois, Sassenage avait été épargné. Les lettres de Gersende faisaient état d'un automne froid, mais d'une belle chaleur au sein de son foyer avec maître Janisse. Elle ne tarissait pas d'éloges à son sujet. Ils s'aimaient d'amour tendre, loin des foudres colériques des jeunes années, et cela leur convenait parfaitement.
    Algonde l'admettait d'autant mieux qu'elle goûtait à la plénitude avec Mathieu depuis leur installation à Bressieux.
    Loin de

Weitere Kostenlose Bücher