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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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échanges secrets.
    — Veux-tu de ton hydromel ? demanda Anwar avant de quitter la chambre, rattrapé lui aussi par le sommeil.
    Djem hésita un instant puis secoua la tête.
    — La nausée me tient. Ce serait le gâter.
    Anwar se leva, fit quelques pas en direction de l'huis, avant de s'en revenir vers la table de nuit sur laquelle la carafe avait été posée. Agacée depuis le début des festivités par un courant d'air, la gorge lui brûlait. Tandis qu'un léger ronflement entraînait déjà Djem vers des limbes doucereux, il se servit un verre et le porta en bouche, heureux de contempler le prince dans cet abandon, comme s'ils étaient encore là-bas, à Brousse, au sortir d'une bacchanale de jeunes loups.
    Lorsque son cœur se serra, il eut le temps de la surprise. Pas celui de comprendre. Réveillant Djem en sursaut, il s'affala sur lui, les yeux grands ouverts. Foudroyé.
    *
    — Fanette a disparu.
    Algonde sauta du lit à pieds joints. Mathieu y dormait encore, le souffle régulier. Elle se frotta les yeux de ses poings avant de les darder sur sa mère qui, lui ayant donné les clefs de la chambre maudite pour qu'elle puisse profiter enfin de sa nuit d'épousée, venait d'en forcer le seuil, effarée.
    — Comment, disparue ?
    — Comme on peut l'être. Elle a quitté le château. C'est sa mère qui est venue m'avertir. Elle se ronge les sangs, persuadée que Mathieu en est responsable.
    — Qu'en dit le Jeannot ?
    — Il s'est mis à sa recherche, assisté de ses fils et d'autres de bonne volonté.
    — Je descends, décida Algonde.
    Avant même que sa mère soit sortie pour la laisser s'habiller, elle secouait son époux vivement aux épaules. Mathieu se retourna sur le dos, la vit penchée au-dessus de lui et emprisonna sa taille de ses bras.
    — Ma bécaroïlle, chanta-t-il, du sommeil encore plein les yeux et la bouche.
    Algonde se cabra.
    — Fanette est partie.
    — Ah, fit-il en tordant la bouche.
    Il laissa retomber ses bras.
    Le cœur d'Algonde se serra.
    — Tu sais où elle se trouve, n'est-ce pas ?
    Il gratta sa barbe, négligée depuis leur départ de la Bâtie. L'avouer, c'était raconter à Algonde son alliance avec les brigands. Il n'avait pu s'y résoudre malgré ce qu'elle lui avait elle-même avoué. Il était des crimes dont le sang ne pouvait se laver. Comme personne n'avait remarqué qu'il avait repris la route au matin sans le braquemart, il n'avait pas été obligé de mentir.
    — Réponds, Mathieu, insista Algonde.
    La froideur comminatoire de son regard le blessa.
    — Même si je te le disais, tu n'y pourrais rien changer, Algonde. Pour tous elle est perdue, et moi aussi si ses parents la retrouvaient.
    Un doute dans l'esprit d'Algonde. Un frisson le long de son dos. Elle se concentra sur la jouvencelle. Le visage noirci de poussière que des larmes avaient collée, les cheveux défaits, Fanette avait attaché son balluchon à sa ceinture et grimpait un raidillon rocailleux en s'aidant des racines.
    — Les hauts bois de Sassenage. Elle aborde les hauts bois de Sassenage, murmura Algonde.
    Mathieu blêmit.
    — Co… Co… Comment… bégaya-t-il.
    Dardant sur lui de grands yeux douloureux, elle ne le laissa pas finir.
    — Elle rejoint le campement de Villon, n'est-ce pas ?
    De saisissement, Mathieu resta la bouche ouverte. Cela suffit à Algonde. Elle sauta à bas du lit.
    — Oui, elle les rejoint. Dans l'idée qu'un jour tu feras de même. Je ne peux pas la laisser croire ça, Mathieu. Je ne peux pas la laisser devenir leur putain.
    Pendant qu'elle passait une robe à la hâte, il s'ébroua.
    — Tu savais. Tu as toujours su… Et malgré ça…
    Elle se planta devant lui, attendrie de sa honte tout autant que de son impuissance.
    — Mes pouvoirs sont plus grands que tu n'imagines. Mais je n'ai pas le temps de t'en donner le détail. Habille-toi. Il faut la rejoindre.
    — Elle a bien trop d'avance sur nous, objecta-t-il. Rattrapée par cette évidence, Algonde laissa retomber ses bras. Elle demeura pensive quelques secondes puis enfila ses souliers.
    — Par le Furon. Mélusine m'aidera.
    — Non, cria-t-il. Non.
    En quelques enjambées, il fut devant elle et lui prit les bras. Le sang avait quitté son visage sous l'effet de la peur que cette perspective lui inspirait.
    — Prenons les chevaux, supplia-t-il. Je ne veux pas que tu retournes là-bas. Jamais. Promets-le-moi, Algonde. Promets-le-moi.
    Ils s'affrontèrent un instant du regard,

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