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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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de fatigue et de chagrin.
    — Vous ne me dérangez pas, grand prieur. Aucun ami ne trouble le repos des âmes pures. Parlez.
    — La rumeur a gagné la ville. Jacques de Sassenage est à vos portes, défait. Je ne l'ai vu encore mais je ne le crois pas du rang de vos ennemis. Dois-je lui dire la vérité à votre sujet ?
    Djem fronça les sourcils. Loin des supputations du prévôt, il ne comprit pas la déférence de Guy de Blanchefort.
    — De quoi me parlez-vous ?
    Le grand prieur le lui expliqua en quelques mots et Djem pâlit plus encore. Si le baron le croyait mort, Philippine aussi. Il ne pouvait la laisser plus longtemps dans l'erreur et le désespoir. Prenant appui sur les accoudoirs du fauteuil, il se releva avec toute l'énergie qui lui restait.
    — Je le veux voir seul à seul, exigea-t-il avec une telle autorité désespérée que Blanchefort, s'il s'en étonna, ne trouva rien à lui objecter.
    *
    Algonde avançait aussi vite que le lui permettait la végétation, les cuisses enserrant sa jument, à la garçonne, pour mieux s'accorder au dénivellement du terrain et à l'étroitesse des passages que lui concédait la forêt. Mathieu lui avait indiqué sommairement le parcours pour parvenir au campement des brigands. Il savait que Fanette avancerait, elle, à l'aveuglette, en appelant lorsqu'elle s'approcherait des combes où sa voix porterait. Algonde voulait la rejoindre avant ce point de non-retour.
    Elle sentait qu'elle se rapprochait. Un morceau de ruban accroché à une branche basse, un autre de toile, laissé à des ronces. Il lui fallut une bonne heure avant de l'apercevoir qui, dans la trouée d'un bouquet de chênes, se battait contre les fougères pour avancer.
    — Fanette !
    La jouvencelle se retourna, surprise. Saisie un instant de voir Algonde débouler, elle se reprit aussitôt. Comprit-elle qu'on voulait la ramener ? Ou craignit-elle quelque méchanceté ? Bondissant soudain au-dessus des herbes, elle se mit à courir. Algonde sauta à terre et sans se poser d'autre question s'élança derrière elle.
    Le visage battu par les feuilles des branches basses, les mollets écorchés, elle la talonnait, le souffle de plus en plus court. Algonde ne tarda pas à réduire la distance qui les séparait. Lorsqu'un arbre mort barra le chemin de Fanette, l'obligeant à marquer l'arrêt pour sauter par-dessus l'obstacle, Algonde se ramassa sur elle-même et tomba sur la jouvencelle comme un fauve sur sa proie. Elles roulèrent à terre, la coiffe à quelques pouces du tronc.
    — Ne me laisseras-tu donc jamais en paix ? beugla Fanette, le cul par terre, avant d'essuyer d'un poing rageur sa lèvre qu'un morceau de bois saillant venait d'entamer.
    — On n'abandonne pas une amie, répliqua Algonde en s'asseyant à son tour.
    Hirsutes et enlaidies du sang qui perlait de leurs écorchures, elles avaient l'une et l'autre triste mine.
    Le regard de Fanette fulminait.
    — Parle pour toi. Je te hais.
    Les battements du cœur d'Algonde se calmaient.
    — On se connaît depuis l'enfance. Je n'y peux rien si Mathieu m'a aimée.
    — Il ne fallait pas revenir ! me donner à espérer ! Algonde haussa les épaules.
    — La jalousie te masque la vérité, Fanette. Tu l'as bien vu, que ses sentiments n'avaient pas changé. Autrefois tu les respectais.
    — J'étais innocente, alors. Je n'avais pas goûté à ses baisers.
    Algonde se releva et lui tendit la main.
    — Rentrons. Le village entier te recherche, tes parents se tournent les sangs. Tu ne peux pas disparaître comme ça. Finir dans le lit de ces brigands, passant de l'un à l'autre comme une catin. Ça ne te ressemble pas.
    Fanette se mit à ricaner. 
    — Tu crois me connaître, mais tu ne sais rien de moi, la bécaroille. Non, vraiment, rien.
    Endormie par le souvenir de la jouvencelle réservée qu'elle avait été, Algonde ne le vit pas venir. Le poignard tombé de sa manche dans sa main. Lorsque Fanette bondit sur elle, Algonde fut prise de court. Elle bascula en arrière, la rouquine couchée sur elle. Le temps qu'elle la repousse, la lame s'enfonçait profondément entre ses côtes. Algonde poussa un petit cri de surprise et de douleur.
    — Meurs, meurs, la bécaroille, meurs et je serai vengée, se mit à rire Fanette, en retirant sa dague pour la poignarder encore, en plein cœur.
    La seconde suivante, sa démente hilarité était tuée net. Surgissant de la plaie, un tourbillon de lumière bleutée la souleva du corps

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