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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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saine et sauve au lendemain de tes noces, Hélène.
    Un flot de larmes lui piqua les yeux.
    — Alors je suis perdue, murmura-t-elle, brisée de tant de manipulation, de fatalité.
    À en juger par les rires et la musique qui leur parvenaient, ils approchaient du lieu du pique-nique. Jacques de Sassenage attrapa la bride de la monture de sa fille, la forçant à s'arrêter. Une profonde détermination passa dans ses yeux, loin de l'abattement qui plombait Philippine.
    — Non, tu ne l'es pas, Hélène. Mais je ne peux rien te dire de plus sans vous mettre en danger, toi et ta mère. Je te demande de te soumettre et de garder confiance jusqu'au dernier moment, tu m'entends ? Jusqu'au dernier moment.
    Tant de certitude dans ce visage fier. Jamais son père ne lui avait menti. Philippine s'arma de courage.
    — Jusqu'au dernier moment, je le promets.
    Il hocha la tête.
    — Une chose encore. Garde ce secret pour toi et toi seule. Si les choses venaient à mal tourner, je ne veux pas que tes frères et sœurs pleurent leur mère une seconde fois.
    Était-ce l'idée de la perdre avant de l'avoir retrouvée qui lui fit enfin ressentir la vérité ? Le cœur de Philippine bondit dans sa poitrine. Sa mère était vivante. Captive mais vivante.
    — Elle m'a si souvent manqué, murmura-t-elle.
    — À moi aussi tu sais.
    Ils se mirent à rire. Un rire léger de connivence, d'espoir et de confiance. Un petit rire qui chassait de leur cœur les souffrances passées.
    — Allons à présent. Il nous faut donner le change à ces monstres.
    — Puis-je rassurer Djem quant à mes épousailles ? Je ne veux pas qu'il se tourmente.
    — C'est inutile. Il sait.
    Comprenant alors la raison de leur cavalcade, Philippine recouvra d'un coup sa gaieté. Puisque son père et l'homme qu'elle aimait s'étaient alliés contre Philibert de Montoison et cette Harpie, alors elle n'avait plus de raison de douter.
    — II faudra quand même qu'Algonde m'explique toutes ces choses qu'elle a si bien voulu me cacher, décida-t-elle tandis que son père s'écartait.
    L'instant d'après, ils quittaient la route pour s'enfoncer sous le couvert des arbres. À l'approche de la rivière, la scène qui s'offrit aux yeux de Philippine acheva de lui mettre du baume au cœur.
    Paradant sur son cheval que les autres avaient voulu admirer, Djem portait beau son visage enturbanné tandis qu'au-delà des nappes couchées sur l'herbe et chargées déjà d'abondance, les troubadours debout sur les petits îlots de galets répondaient de leurs instruments à l'onde qui murmurait.
    Au milieu d'eux, d'une voix pure et ensorcelante, Algonde s'était mise à chanter.
     
    La journée s'étira mollement à l'ombre des arbres. Le vin et la bière rafraîchis dans le courant avaient appesanti les nuques sous les bras repliés sitôt ripaille achevée. Les musiciens, entraînés par quelques courageux dans une farandole en amont, avaient laissé place au bruissement d'une cascade.
    Pris par la chaleur accablante de ce 7 juillet, damoiselles et damoiseaux s'accordaient à se taire, jouissant d'un battement de cils échangé à défaut d'une étreinte que d'autres, plus âgés, consommaient sans vergogne plus loin dans la forêt. Guy de Blanchefort s'était isolé en prière derrière une rangée de buis ; Philibert de Montoison, assoupi sous un ormeau. Sidonie et ses amies clapotaient sur la berge, confiant ragots et commérages au courant, sous l'œil toujours aux aguets de Marthe, assise, mains jointes, contre une racine proéminente.
    Quant à Djem et Nassouh, après avoir longuement charmé leur auditoire de souvenirs, fleuris des senteurs de leur pays, ils avaient accompagné Jacques de Sassenage et ses fils dans le sous-bois, attirés par des traces fraîches de chevreuil que les deux lévriers de Louis avaient relevées.
    Profitant de ce permissif désordre, Philippine entraîna Algonde à l'écart des oreilles indiscrètes, au beau milieu de la rivière, peu profonde en cette saison, sous le prétexte de suivre des yeux le frétillement des truites sous les rochers plats.
    — Là, lui dit-elle, vois comme elles sont grosses. Je ne serais pas surprise que ces garnements en attrapent une d'ici à ce que nous repartions.
    De fait, sous la surveillance étroite de quelques servantes, une dizaine d'enfants qui étaient de cette sortie se pliaient dans l'eau jusqu'aux épaules pour tenter, à la main, une pêche miraculeuse.
    — Plongeais-tu comme eux avec

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