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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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répondit-elle sans ciller.
    Répéter ce qu'avait dit Luirieux. Rien d'autre. Ce n'était pas vraiment mentir, juste escamoter quelques mois de félicité. Juste refermer une tombe. Celle dans laquelle son cœur s'était emmuré.
    — Il est mort des mains du sire de Luirieux quand il nous a retrouvés, quelques jours plus tard.
    Bayezid se retourna vers le chevalier.
    — Pourquoi l'avoir gardée si longuement captive quand tu savais que je la voulais ?
    — Pour brouiller les pistes, mon sultan. Philibert de Montoison, que je représente comme vous le savez, ne voulait prendre aucun risque. Si les hospitaliers étaient venus à apprendre que nous la détenions, il aurait été démasqué et n'aurait pu continuer à vous servir en terre de France.
    L'argument était convaincant mais le sultan ne s'y laissa pas prendre. Il le toisa d'un regard de mépris.
    — Dis plutôt qu'il regardait grossir la rançon que je promettais ! Je n'ai aucune confiance en ce chien. Pas davantage en toi, d'ailleurs. Quelle preuve ai-je que tu n'es pas une vulgaire catin ? fustigea-t-il Mounia à son tour.
    Sans hésiter, relevant la tête de défi, elle porta la main à ses voiles et les arracha d'un coup sec, dénudant les fines cicatrices du fouet sur ses reins.
    — Lacère-t-on les catins avant de les vendre ? demanda-t-elle.
    Luirieux se décomposa.
    Bayezid s'étrangla.
    — Détournez les yeux, vous autres, s'emporta-t-il à l'intention de son chambellan et de son grand vizir qui se tenaient à quelques pas.
    Ravie de son effet, Mounia se couvrit de nouveau. Une idée venait de germer en elle, une idée qui pouvait l'aider à vivre, mieux que ce que Luirieux espérait. Se tournant vers lui, la main froissant le tissu devant ses cuisses, elle se mit à ricaner.
    — À la vérité, mon sultan, si votre frère m'a épousée, ce n'est pas pour grossir son harem, mais parce que, instruite par mon père, je détiens des secrets millénaires.
    Luirieux blêmit plus encore. Qu'était-elle en train d'inventer pour se venger ? Ne pouvant intervenir sans lui donner plus d'intérêt, il serra les poings sur sa colère. Si, à cause de ces manigances, Bayezid refusait de l'acheter, cette fois il l'étranglerait lentement, c'était décidé. De fait, le sultan esquissait un sourire. Il se rapprocha d'elle.
    — Des secrets millénaires ? Toi ?… une femme ?
    — Oui, puissant sultan.
    Bayezid la gifla d'un revers de main, lui entaillant la lèvre inférieure de ses bagues. Mounia accusa le coup sans bouger.
    Fort de la réaction du sultan, Luirieux se précipita.
    — Elle divague, mon sultan. Elle a tenté de nous échapper. Je l'ai fait flageller pour lui ôter l'envie de recommencer.
    Cela, Bayezid le croyait davantage. Pour autant, et malgré ses manières, cette petite garce lui plaisait.
    — Baisse les yeux, lui ordonna-t-il.
    À l'inverse, Mounia releva plus haut le menton. Furieux de se voir narguer devant ses conseillers, il la prit à la gorge et la souleva sur la pointe des pieds.
    — Vas-tu te soumettre, chienne, ou faudra-t-il que je t'étrangle pour te coucher à mes pieds ?
    — Je suis descendante de pharaon, je n'ai pas peur de mourir, hoqueta-t-elle avec dignité sans lâcher le tissu qui la couvrait.
    Les sourcils de Bayezid se froncèrent tandis qu'il fouillait ce regard déterminé. Cette femme en imposait. Davantage que nombre de ses guerriers. À cet instant, il sut qu'elle disait la vérité. Pour autant, il ne pouvait la laisser impunie.
    Étendant le bras, il la projeta avec violence sur le côté. Les reins de Mounia battirent le sol sans ménagement. Elle eut pourtant la force de les garder couverts et de relever la tête, une fois encore.
    — Chacun leur tour, votre frère, les hospitaliers. Oui, chacun leur tour, ils m'ont torturée. Je n'ai rien dit. Au lieu de me battre comme ils ont su le faire, demandez-vous plutôt pourquoi je viens de parler !
    Interloqué autant par sa froide assurance que par l'air gêné d'Hugues de Luirieux, le sultan Bayezid la laissa se relever.
    — J'étais en route pour Istanbul quand ces hommes m'ont capturée. J'ai réussi à les convaincre qu'ils s'étaient trompés. Tous. Pour qu'ils me mènent là où je voulais aller, ajouta-t-elle.
    Elle lui sourit, baissa les yeux en signe de soumission avant de les relever de nouveau pour darder sur son bourreau tout le poids de sa haine.
    — Payez-le, mon sultan. Je vaux cent mille fois plus que vous ne lui

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