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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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ce cas, répartit l’Écossais, vous pouvez être sûr que notre abbé vous traitera bien… ainsi donc, tout le monde est content. »
    « C’est bien, mon fils, dit Bertram qui se mêla alors à la conversation ; et pour que tu sois prêt de bonne heure à faire ton petit voyage, je vais tout de suite prier notre hôte de t’envoyer quelque nourriture ; et, après ton souper, tu devrais t’aller mettre au lit pour chasser la fatigue d’aujourd’hui, puisque demain nous en réserve encore. »
    « Quant aux engagemens que vous avez pris envers ces honnêtes archers, reprit Augustin, j’espère que vous serez à même de payer tout ce qui pourra faire plaisir à nos guides, s’ils sont disposés à être polis et fidèles. »
    « Dieu te bénisse, mon enfant ! répliqua Bertram, tu sais déja quel serait le moyen d’attirer à toi tous les archers anglais qui ont été à Crécy et à Poitiers. Ne craignez pas qu’ils songent à décocher leurs flèches bardées de plumes d’oie grise, quand vous leur chantez un réveillon semblable à celui qui retentissait tout à l’heure dans le nid de soie des pauvres petits chardonnerets d’or que vous m’avez mis dans la main. »
    « Comptez donc que je serai prêt, dit le prétendu jeune homme, quand vous jugerez bon de partir demain. Je peux, j’imagine, entendre d’ici les cloches de la chapelle de Sainte-Bride, et je ne crains pas, malgré ma paresse, de vous faire attendre, vous et votre compagnie. »
    « Bonne nuit, et que Dieu te bénisse, mon enfant, répéta le ménestrel ; rappelle-toi que ton père repose non loin de toi, et qu’à la moindre alarme, il ne manquera point d’accourir près de son fils. Cependant, je crois qu’il n’est pas nécessaire que je t’avertisse de te recommander au grand être qui est notre père et notre ami à tous. »
    Le pèlerin remercia son père supposé de la bénédiction qu’il venait de recevoir, et les deux amis se retirèrent sans ajouter un seul mot, abandonnant la jeune dame à ces frayeurs exagérées qui, vu la nouveauté de sa situation et la timidité ordinaire de son sexe, vinrent naturellement l’assaillir.
    Un galop de cheval retentit bientôt près de l’habitation d’Hazelside, et le cavalier fut accueilli par la garnison avec des marques de respect. Bertram parvint à comprendre, d’après la conversation des deux soldats, que le nouvel arrivé était Aymer de Valence, le chevalier qui commandait le petit détachement stationné en cet endroit. C’était à l’équipage de sa lance, pour nous servir de l’expression technique, qu’appartenaient les archers avec qui nous avons déja fait connaissance, un homme d’armes ou deux, un nombre proportionné de pages et de varlets : bref, c’était à ses ordres que devait obéir la garnison établie chez Thomas Dickson, outre qu’il occupait le poste de député-gouverneur du château de Douglas.
    Pour prévenir tout soupçon relativement à lui-même et à sa compagne, aussi bien que pour empêcher qu’on allât troubler son repos, le ménestrel jugea convenable de se présenter à l’inspection de ce chevalier, la grande autorité de ce petit endroit. Il le trouva faisant son souper des restes du bœuf rôti avec aussi peu de scrupule qu’en avaient montré les archers eux-mêmes.
    Ce jeune chevalier fit donc subir à Bertram un interrogatoire, tandis qu’un vieux soldat tâchait de coucher par écrit les renseignemens que la personne interrogée jugeait à propos de donner dans ses réponses. Il l’interrogea sur les détails de son voyage, sur ceux, de l’affaire qui l’amenait au château de Douglas, et sur la route qu’il prendrait quand cette affaire serait terminée : bref, il fut examiné beaucoup plus minutieusement qu’il ne l’avait encore été par les archers, et qu’il ne lui était sans doute agréable de l’être ; car il était au moins embarrassé de la connaissance d’un secret, sinon de plusieurs. Non cependant que ce nouvel examinateur fût sombre dans son air, ou sévère dans ses questions ; car, pour les manières, il était doux, aimable et modeste comme une fille ; il avait exactement cette courtoisie que notre père Chaucer donne au jeune élève de chevalerie dont il esquisse le portrait dans son pèlerinage à Cantorbéry. Mais malgré toute sa douceur, le jeune Aymer de Valence mettait beaucoup de finesse et d’habileté dans ses demandes ; et ce fut avec une bien vive

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