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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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satisfaction que Bertram vit le jeune chevalier ne pas insister pour voir son prétendu fils, quoique même, en ce cas, son esprit fertile en expédiens lui eût suggéré, comme au marin au milieu de la tempête, la résolution de sacrifier une partie du tout pour conserver le reste. Il n’eut pas cependant besoin d’en venir à ce moyen extrême, car sir Aymer le traita avec ce degré de courtoisie auquel, dans ce siècle, les hommes de chant étaient, en général, censés avoir droit. Le chevalier consentit sans peine, et même de grand cœur, à ce que le jeune homme demeurât au couvent, lieu tranquille et partant très convenable pour un jeune convalescent, jusqu’à ce que le gouverneur, sir John de Walton, fît connaître quel était son bon plaisir à ce sujet ; et sir Aymer accéda d’autant plus volontiers à cet arrangement, qu’il détournait tout danger possible d’introduire la contagion dans la garnison anglaise.
    Par ordre du jeune chevalier, tout le monde dans la maison de Dickson alla se coucher plus tôt qu’à l’ordinaire, les premiers sons des cloches de la chapelle voisine devant être le signal de leur réunion le lendemain à la pointe du jour. Ils se réunirent en effet, et se mirent en marche pour Sainte-Bride où ils entendirent la messe ; après quoi eut lieu, entre l’abbé Jérôme et le ménestrel Bertram, un entretien à la suite duquel le premier consentit, avec la permission de sir Aymer de Valence, à recevoir le jeune Augustin dans son abbaye pour quelques jours, soit plus, soit moins, et, en reconnaissance de cette hospitalité, Bertram promit, à titre d’aumône, une gratification qui satisfit pleinement le supérieur.
    « Adieu donc, dit Bertram en prenant congé de son prétendu fils, et compte que je ne resterai au château de Douglas que le temps absolument nécessaire pour y terminer l’affaire qui m’y amène, et qui est relative au vieux livre que tu sais bien ; et je reviendrai promptement te reprendre à l’abbaye de Sainte-Bride pour m’en retourner avec toi dans notre pays. »
    « Ô mon père, répliqua le jeune homme avec un sourire, je crains, si une fois vous entrez dans une belle et antique bibliothèque, que là, entouré de romans et de chroniques, vous n’oubliiez le pauvre Augustin et tout ce qui le concerne. »
    « Ne redoute pas un pareil oubli, Augustin, dit le vieillard en faisant un mouvement comme pour donner un baiser à son fils, tu es bon et vertueux, et le ciel ne te négligerait pas si ton père était assez dénaturé pour le faire. Crois-moi, toutes les vieilles chansons, même depuis l’époque de Merlin, ne parviendraient pas à faire que je t’oubliasse. »
    Ils se séparèrent donc, le ménestrel ainsi que le chevalier anglais et sa suite, pour se diriger vers le château, et le jeune homme, pour suivre respectueusement le vénérable abbé qui fut ravi de reconnaître que les pensées de son hôte étaient plutôt tournées vers des choses spirituelles que vers le repas du matin, dont il ne pouvait lui-même s’empêcher de sentir l’approche.

CHAPITRE III.
 
Le Ménestrel et le Chevalier.
 
    Cette nuit, ce me semble, est un jour malade : c’est un jour un peu pâle ; c’est un jour sombre comme le jour l’est quand le soleil se cache.
    SHAKSPEARE Le Marchand de Venise.
    Pour que la petite troupe se rendît plus aisément et plus vite au château de Douglas, le chevalier de Valence offrit au ménestrel un cheval que les fatigues de la veille lui firent joyeusement accepter. Toutes les personnes qui connaissent l’équitation par expérience savent qu’aucun moyen de délassement ne réussit mieux à faire disparaître le sentiment de la fatigue d’avoir trop marché que celui de continuer la route à cheval ; car ainsi on met en exercice une autre espèce de muscles, et l’on permet au contraire à ceux qui sont restés tendus trop long-temps de se reposer au moyen d’un changement de mouvement plus complétement qu’ils n’auraient pu le faire dans un repos absolu. Sir Aymer de Valence était revêtu de son armure et montait son cheval de guerre ; deux archers, un varlet de rang inférieur et un écuyer qui aspirait à l’honneur de devenir un jour chevalier lui-même, complétaient ce détachement qui paraissait ainsi pouvoir aussi bien empêcher toute tentative d’évasion de la part du ménestrel que le protéger contre toute violence. « Non qu’il soit ordinairement, dit le jeune

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