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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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précipitamment mes larmes et m’en voulus d’être si sensible, bien que ce fussent des larmes de colère plus que de chagrin. Je n’en combattis que mieux.
    On voyait des visages apparaître, disparaître, réapparaître – Énée, Idoménée, Mérione, Ménesthée, Ajax, Sarpédon. La brèche dans le mur s’était agrandie. Seuls les plumets pourpres nous évitaient de tuer les nôtres, tant la mêlée était dense. Nous nous battions pied à pied. Dans certains cas nous étions si serrés que des morts restaient debout, plaies béantes et bouche ouverte. Mes bras et ma poitrine dégoulinaient d’un sang qui n’était pas le mien.
    Polydamas apparut à mes côtés.
    — Hector, on a besoin de toi. Nous sommes passés par la brèche en grand nombre, mais les Grecs résistent. Viens dès que possible dans le secteur du Simoïs.
    Je mis du temps à me dégager sans pour autant affoler ceux que je quittais ; j’arrivai enfin à longer le mur, encourageant mes hommes au passage, leur rappelant que nous serions vainqueurs dès que nous aurions brûlé les mille vaisseaux, ne laissant aux Grecs nul espoir de repartir.
    Quelqu’un me fit un croc-en-jambe.
    — Pourquoi ne regardes-tu pas où tu mets les pieds ? me demanda Pâris en pouffant de rire.
    — Pâris, tu m’étonneras toujours, dis-je éberlué. Alors que les soldats tombent comme des mouches, tu es assis là, sain et sauf, et tu trouves le temps de me faire trébucher !
    — Si tu crois que je vais te demander pardon, tu peux attendre longtemps. C’est grâce à moi que tu es ici. C’est la vérité ! Qui a abattu les Grecs, l’un après l’autre, de ses flèches ? Qui a contraint Diomède à quitter le champ de bataille ?
    Je le tirai par ses longues boucles brunes et le mis debout.
    — Alors abats-en d’autres ! Pourquoi ne t’en prends-tu pas à Ajax, hein ?
    Me jetant un regard de dégoût, Pâris s’éloigna. Je découvris qu’Ajax et une phalange de Salaminiens attaquaient là où nos soldats étaient le plus en difficulté.
    Le front de la bataille s’était déplacé. Nous combattions à présent entre des maisons et étions à chaque instant en péril. Les Grecs s’embusquaient dans tous les bâtiments, mais ceux qui étaient encore à découvert se repliaient vers la plage et les navires. Ajax entendit mon cri de guerre et répondit par son fameux « Aii ! À mort ! » Nous nous frayâmes un chemin entre les corps pour nous affronter. Je tenais ma lance prête. Puis, comme j’étais presque à son niveau, il se baissa et se releva, tenant un rocher à deux mains. Ma lance était donc inutile. Je la jetai et sortis mon épée, comptant sur ma rapidité pour l’atteindre en premier. Il lança le rocher de toutes ses forces, à bout portant. J’éprouvai une douleur atroce quand il m’atteignit en pleine poitrine et tombai.
     
    Après les ténèbres, une souffrance horrible m’éveilla. Je sentis le goût du sang dans ma bouche et vomis, puis ouvris les yeux et vis du sang noir par terre. Je m’évanouis à nouveau. Quand je repris connaissance, la douleur avait faibli et un de nos chirurgiens était agenouillé près de moi. Il m’aida à m’asseoir.
    — Tu as quelques côtes contusionnées et de petits vaisseaux ont éclaté, prince Hector, mais rien de plus grave.
    — Les dieux sont avec nous, aujourd’hui ! répondis-je en m’appuyant sur lui pour me relever.
    Plus je bougeais, moins j’avais mal ; aussi continuai-je à m’activer. Plusieurs de mes hommes m’avaient porté de l’autre côté du gué du Simoïs et déposé près de mon char.
    — Nous t’avons cru mort, Hector, dit Cébrion.
    — Reconduis-moi là-bas, dis-je en montant dans mon char.
    J’étais ravi de ne pas avoir à marcher, mais quand j’arrivai derrière le gros de l’armée, je fus forcé de descendre. Mes soldats, qui me croyaient mort, avaient commencé à faiblir. Quand ils apprirent que j’étais en vie et revenais au combat, ils se ressaisirent. La vue de mon visage dut affecter profondément les Grecs. Ils se dispersèrent et s’enfuirent à travers les maisons jusqu’au moment où un de leurs chefs, que je ne connaissais pas, parvint à les arrêter près de la proue d’un navire solitaire, une sorte d’emblème, qui se trouvait tout à fait en avant de la première rangée interminable de navires. Nous forçâmes les Grecs à demander grâce. Seuls Ajax, Mérione et quelques Crétois nous défiaient

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