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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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encore.
    La proue du navire solitaire se dressait au-dessus de ma tête ; je voyais la victoire à portée de main quand Ajax se planta devant moi et leva son épée – mon épée, que je lui avais offerte. Je me portai brusquement en avant, mais il para le coup ; nous recommençâmes à nous battre en duel, mais cette fois il n’y avait personne pour nous observer et, tout autour de nous, les autres se battaient avec une même férocité.
    — À qui… appartient… le navire ? demandai-je, essoufflé.
    — Il… appartenait… à Protésilas, répondit-il d’une voix haletante.
    — Je… vais le… brûler.
    — Tu… rôtiras… avant.
    D’autres Grecs arrivèrent pour défendre ce qui, de toute évidence, était un navire fétiche. Soudain Ajax et moi nous trouvâmes séparés. Des soldats de ma Garde royale m’avaient rejoint et nous avançâmes, semant la mort sur notre passage. Ajax surgit à nouveau devant moi. À la force des bras et avec l’agilité et la souplesse d’un acrobate, il se hissa sur le pont du navire. Là, il prit une longue perche qu’il fit tournoyer lentement, jetant par-dessus bord les hommes qui parvenaient à monter.
    Quand le dernier Grec face à moi fut mort, je grimpai sur les épaules d’un soldat troyen et agrippai la proue du navire de Protésilas. De là je bondis sur le pont. Devant moi se dressait Ajax, invaincu. Nous nous mesurâmes du regard. Nous étions alors tous  les deux épuisés par l’intensité du combat. Ajax secoua son énorme tête comme pour se convaincre que je n’existais pas et ramena sa perche devant lui. D’un coup d’épée, je la sectionnai. La perte d’équilibre le fit presque basculer mais il se redressa et chercha à tâtons son épée. Je me précipitai en avant, sûr que c’en était fini de lui mais, une fois encore, il me montra quel grand guerrier il était. Au lieu de m’affronter, il courut vers la poupe, banda ses muscles et sauta du navire de Protésilas sur le navire qui se trouvait juste derrière.
    Je l’abandonnai. Au fond de moi, j’aimais cet homme comme lui aussi m’aimait sûrement. Je savais que les dieux ne voulaient pas que l’un des deux fût tué par l’autre car nous avions échangé des présents après le premier duel.
    Je me penchai par-dessus le bastingage et vis une mer de plumets pourpres.
    — Donnez-moi une torche !
    On m’en lança une. Je l’attrapai, allai jusqu’au mât dénudé parmi les haubans et laissai le feu lécher les cordages usés, le bois sec et craquelé. Ajax me regardait depuis le bateau suivant, les bras le long du corps, le visage ruisselant de larmes. Les flammes s’élevèrent jusqu’aux vergues, de minces volutes de fumée provenant d’autres torches se répandirent sur le pont. Je retournai en courant à la proue.
    — À nous la victoire ! criai-je. Les navires brûlent !
    Mes hommes reprirent ce cri, en se ruant sur les Grecs, assemblés devant les autres navires.

27
    Récit d’Achille
     
    Je passai la majeure partie de mon temps sur le toit du plus haut cantonnement myrmidon ; je contemplai la plaine par-delà notre mur. Notre armée se débanda ; Sarpédon y ouvrit une brèche ; les soldats d’Hector déferlèrent entre les maisons. De tout cela je fus témoin. Mais de rien d’autre. Écouter Ulysse exposer son plan était une chose. En voir le résultat était insoutenable. Je rentrai chez moi à pas lents.
    Patrocle, assis sur un banc devant la porte, le visage inondé de larmes, m’aperçut et détourna la tête.
    — Va trouver Nestor, lui dis-je. Je l’ai vu qui ramenait Machaon, il y a un moment. Demande-lui des nouvelles d’Agamemnon.
    Parfaitement inutile. Ce que seraient les nouvelles paraissait évident. Mais au moins je n’aurais ni à regarder Patrocle ni à l’entendre me supplier de changer d’avis. J’entendais le vacarme de la bataille : elle faisait rage de l’autre côté de la palissade qui isolait les Thessaliens. Assis sur le banc, j’attendis le retour de Patrocle.
    — Que dit Nestor ?
    — Notre cause est perdue. Après dix longues années de labeur et de souffrance, notre cause est bel et bien perdue ! Par ta seule faute ! Eurypile était avec Nestor et Machaon. Le nombre de morts est effrayant. Hector est déchaîné, même Ajax se trouve incapable de contenir son avancée. Les navires vont brûler. Si tu ne t’étais pas disputé avec Agamemnon, tout ceci ne serait pas arrivé ! Tu as sacrifié la

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