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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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était une bonne chose.
    Mes hommes arrivèrent en courant et se mirent à longer le mur sous un déluge de flèches, de javelots et de pierres lancés par les Grecs. Tenant leur bouclier au-dessus de leur tête, ils ne souffraient guère des projectiles et progressaient régulièrement en direction du gué du Scamandre, d’où les autres soldats commençaient à se rabattre dans notre direction. Les non-combattants démantelaient déjà la palissade. Ils faisaient des échelles avec les planches les plus longues et hachaient le reste en menus morceaux pour avoir du bois d’allumage. L’huile, la poix et la graisse de bœuf commençaient à arriver de Troie quand j’eus soudain l’idée de faire fabriquer des cadres sur lesquels mes hommes pourraient poser leurs boucliers et, sous ce toit, se mettre à l’abri.
    On alluma les feux ; je regardai la fumée tourbillonner en direction des visages apeurés des soldats postés au faîte du mur. Ils jetaient des torrents d’eau. En vain. Mes abris avaient été conçus pour protéger les feux jusqu’à ce qu’ils eussent bien pris et fussent impossibles à éteindre.
    Nous tentâmes d’escalader le mur avec des échelles, mais les Grecs étaient trop malins pour nous laisser faire. Ajax intervint dans la partie où je me trouvais. Il rugissait comme un lion et repoussait du pied les échelles. C’était un véritable gâchis. Je donnai l’ordre d’arrêter.
    — Priorité aux feux, criai-je à Sarpédon, dont les troupes avaient enfin rejoint les miennes.
    Maintenant de hautes flammes jaillissaient des brasiers qui avaient été allumés les premiers. Des archers de Lycie contraignaient nos ennemis à se cacher derrière les parapets, tandis que d’autres Lyciens et mes Troyens entretenaient les feux à l’aide d’huile.
    — Je vais tenter d’escalader le mur, dit Sarpédon.
    Cachées par le rideau de fumée, les échelles furent dressées entre les feux tandis que les archers de Sarpédon tiraient des volées de flèches sur les défenseurs. Puis, comme par miracle, les plumets des casques lyciens commencèrent à apparaître au faîte du mur ; on en venait aux mains. J’entendis vaguement un capitaine grec réclamer des renforts, mais je ne m’attendais pas à Ajax et ses Salaminiens. En quelques instants notre semblant de victoire se transforma en déroute. Des corps tombaient à nos pieds, les cris de guerre des Lyciens se firent cris de détresse. Et Teucer, derrière le bouclier de son frère, tirait ses flèches non pas vers la mêlée au faîte du mur, mais en bas, sur nous.
    J’entendis un gémissement étouffé, puis un corps s’affala sur moi. J’allongeai Glaucos sur le sol : une flèche lui avait transpercé l’épaule de part en part malgré son armure. La blessure était trop profonde. Glaucos avait l’écume aux lèvres : la mort était imminente. Je regardai Sarpédon et secouai la tête. Ils étaient comme des jumeaux et régnaient ensemble depuis des années. La mort de l’un signifiait sûrement la mort de l’autre.
    Sarpédon hurla de douleur, puis s’empara d’une couverture dans laquelle était enroulé un blessé, s’en couvrit le visage et les épaules et enjamba l’un des feux. Une corde se balançait à un grappin. Les Grecs, impatients de repousser les Lyciens du parapet, ne l’avaient pas vue. Sarpédon la saisit et se hissa avec une force surnaturelle, tant son chagrin d’avoir perdu Glaucos était profond. Le bois gémit et grinça, les rondins noircis se séparèrent et se fendirent ; soudain un grand pan de mur s’effondra. Les Troyens qui eurent l’infortune de se trouver dessous furent écrasés, les Grecs qui eurent le malheur de se trouver au faîte dégringolèrent avec lui et, en un instant, ce fut une indescriptible pagaille. Par la brèche je vis de grandes maisons de pierre et des cantonnements et, plus loin, les navires alignés et les eaux grises de l’Hellespont. Puis Sarpédon me boucha la vue, il se débarrassa de la couverture, prit son épée et son bouclier et entra dans le camp en hurlant de rage.
    Les Grecs cédaient devant nous à mesure que nos hommes affluaient par la brèche, jusqu’au moment où ils se reprirent et nous firent face. Ajax était à leurs côtés, mais dans cette mêlée il n’y avait pas place pour un duel. De chaque côté le front résistait ; Idoménée et Mérione amenèrent leurs Crétois et mon frère, Alcathoos, s’effondra. J’essuyai

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