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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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t’affronter. C’est la raison pour laquelle j’ai laissé mon armée dans la plaine. Achille, continua-t-il en me lâchant le bras, son visage redevenu celui d’un ennemi, je t’ai observé dans cette magnifique armure couverte d’or. Elle pèse sur toi. L’armure que je porte est beaucoup plus légère. Aussi, avant que nos épées ne s’entrechoquent, faisons une course.
    Sur ce il s’élança, me laissant là, immobile et stupéfait. « C’est astucieux, Hector, mais tu viens de commettre une erreur ! Pourquoi courrais-je à ta poursuite ? Tu devras bientôt te retourner pour m’affronter. » En effet, à mille pas de la porte Scée, en direction de notre camp, les murs de Troie formaient un énorme contrefort vers le sud-ouest et l’armée grecque lui barrait le chemin.
    Je n’étais pas essoufflé ; peut-être ma lutte avec le Scamandre m’avait-elle redonné des forces. Il se retourna. Je m’arrêtai.
    — Achille ! cria-t-il. Si je te tue, je te jure que je rendrai ton corps intact à tes hommes ! Jure-moi que tu feras de même !
    — Certes non ! J’ai juré d’offrir ton corps à Patrocle !
    Un coup de vent emplit mes yeux de poussière. Hector leva le bras, sa lance arriva droit sur moi, la hampe rebondit au centre de mon bouclier, tandis que la Vieille Pélion tombait mollement à mes pieds. Hector lança son second projectile avant que j’aie eu le temps de la ramasser, mais le vent capricieux tourna à nouveau. Hector tira son épée du baudrier pourpre d’Ajax et chargea. Je me retrouvai pris dans un affreux dilemme : garder mon bouclier pour me protéger d’un redoutable adversaire, ou l’abandonner pour combattre sans en être encombré ? Je finis par le jeter et affrontai Hector à l’épée. Il s’arrêta malgré son élan et, à son tour, posa son bouclier à terre.
    L’affrontement nous fit découvrir l’immense plaisir de se battre d’égal à égal. Quand son épée s’abattait sur moi, je parai le coup de la mienne ; ni l’un ni l’autre ne cédait d’un pouce. Au même instant, nous bondîmes en arrière pour tourner l’un autour de l’autre, chacun cherchant une ouverture. Les épées fendaient l’air avec un sifflement irréel. Au moment où il s’avança vers moi, rapide comme l’éclair, je lui touchai le bras gauche, mais au cours de la même passe d’armes, il arracha le cuir qui me couvrait la cuisse et me fendit la chair. Nous saignions tous deux mais nous ne cessâmes pas le combat pour autant : nous étions bien trop impatients d’en finir. Coup après coup, les lames étincelaient, s’abattaient, trouvaient une parade et repartaient de plus belle.
    Cherchant toujours une ouverture, je me déplaçai avec circonspection. Hector étant légèrement plus petit que moi, mon armure ne pouvait lui convenir parfaitement. Il devait y avoir un endroit de son corps qui n’était pas bien protégé. Mais où ? J’allais atteindre sa poitrine quand il fit un brusque écart sur le côté. Il leva ensuite le bras et je remarquai que la cuirasse bâillait sur son cou et le casque ne descendait pas assez bas. Je reculai, l’obligeant à me suivre et manœuvrant pour trouver une meilleure position. Par suite de la faiblesse des tendons de mon talon droit, je me tordis alors le pied et trébuchai. J’avais terriblement peur mais je restais debout, mon équilibre retrouvé. J’étais alors sans défense contre l’épée d’Hector.
    Il saisit sa chance, fondit sur moi, levant très haut sa lame pour me porter le coup fatal, la bouche ouverte en un grand cri de joie.
    Sa cuirasse – ma cuirasse – laissait à découvert la partie gauche de son cou. Je lui allongeai une botte au moment même. Mon bras parvint à résister à la force colossale du sien quand il abattit son épée. Elle croisa la mienne dans un fracas de métal et dévia. Sans rencontrer d’obstacle, ma lame s’enfonça dans la partie gauche de son cou, entre la cuirasse et le casque.
    Il tomba si vite que je n’eus pas même besoin de le plaquer au sol. Je lâchai mon épée comme si elle brûlait. Il gisait à mes pieds, atteint mais toujours vivant. Ses grands yeux noirs me fixaient, me disaient qu’il savait et qu’il acceptait. La lame avait dû sectionner plusieurs artères avant de se ficher dans l’os mais, comme elle y restait enfoncée, il ne pouvait encore mourir. Il remua lentement les mains, par saccades, jusqu’à saisir la lame au tranchant redoutable.

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