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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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en barbotant et désespérai. Je levai les bras vers le ciel et priai le seigneur de toutes les Créatures : « Père, père, laisse-moi vivre assez longtemps pour tuer Hector ! » Il m’entendit. Il me répondit ! Des hauteurs incommensurables du ciel, il pencha sa tête imposante ; un bref instant il m’aima assez pour pardonner mon orgueil, se rappelant peut-être que j’étais le petit-fils de son fils, Éaque. Je sentis sa présence en moi et crus voir l’ombre de sa main géante planer au-dessus du fleuve. Le Scamandre se soumit avec un soupir au pouvoir qui règne sur les dieux comme sur les hommes. L’instant d’avant j’allais mourir, l’instant d’après il n’y avait plus qu’un filet d’eau autour de mes chevilles et je dus faire un bond sur le côté pour éviter l’orme qui s’écroulait dans la boue.
    De l’autre côté, la berge, plus haute, s’était effondrée ; le courant assagi, le Scamandre n’était plus qu’une mince nappe d’eau étale dans la plaine ; une bénédiction pour le sol assoiffé qui l’absorba tout de suite.
    Je quittai en titubant le lit du fleuve et m’assis, éreinté, sur l’herbe gorgée d’eau. Au-dessus de moi le char d’Hélios avait dépassé le zénith ; nous avions combattu pendant qu’il accomplissait plus d’un demi-trajet sur la voûte céleste. Me demandant où se trouvait le reste de mon armée, je revins à la réalité et j’eus honte : poussé par mon désir impérieux de tuer, je n’avais prêté aucune attention à mes hommes. Apprendrais-je jamais ? Ou bien ce désir était-il une autre forme encore de la folie que j’avais sûrement héritée de ma mère ?
    Des cris retentirent. Les Myrmidons s’avançaient vers moi et, au loin, Ajax regroupait ses hommes. Partout des Grecs, mais pas un seul Troyen. Je montai dans mon char, souriant à Automédon.
    — Emmène-moi près d’Ajax, vieux camarade.
    Debout, une lance à la main, Ajax avait un regard rêveur. Je descendis, encore trempé jusqu’aux os.
    — Que t’est-il donc arrivé ? me demanda-t-il.
    — J’ai lutté avec le dieu Scamandre.
    — Eh bien tu as gagné. Il est épuisé.
    — Combien de Troyens ont survécu à l’embuscade ?
    — Un très petit nombre, répondit-il d’un ton placide. À deux nous avons réussi à en tuer quinze mille. Autant, peut-être, ont rejoint l’armée d’Hector. Tu as fait du bon travail, Achille. Tu es si assoiffé de sang que je ne puis t’égaler. Mais il est temps d’aller retrouver Agamemnon.
    Je montai à côté de lui dans son chariot – on ne pouvait pas dire que c’était un char, car il avait quatre roues – tandis que Teucer suivait dans mon char avec Automédon.
    — J’ai l’impression que Priam a ordonné de faire ouvrir la porte Scée, dis-je en désignant les murailles.
    Ajax gronda. En nous approchant, il s’avéra que j’avais raison. La porte Scée était ouverte et les soldats d’Hector entraient dans la cité. Agamemnon était impuissant face à tant de Troyens massés devant l’entrée. Je jetai un regard de côté à Ajax en grimaçant.
    — Qu’Hadès les emporte tous. Hector est retourné à Troie ! s’exclama-t-il d’une voix rageuse.
    — Hector m’appartient à présent, Ajax. Tu as eu ta chance.
    — Je sais, cousin.
    Nous cherchâmes Agamemnon parmi les soldats. Comme toujours il était en compagnie d’Ulysse et de Nestor. Il avait l’air furieux.
    — Ils ferment la porte, remarquai-je.
    — Hector les a rassemblés en rangs si serrés que nous n’avons eu aucune chance de les éloigner de la cité pour les attaquer encore. La plupart ont réussi à regagner Troie. Deux détachements ont préféré rester à l’extérieur. Diomède tente de les anéantir, précisa Agamemnon.
    — Et Hector ?
    — Je crois qu’il est entré. Personne ne l’a vu.
    — Le lâche ! Il savait pourtant que je le cherchais !
    D’autres encore nous rejoignirent : Idoménée, Ménélas, Ménesthée et Machaon. Ensemble, nous regardâmes Diomède en finir avec ceux qui s’étaient portés volontaires pour rester à l’extérieur – des hommes sensés qui, lorsqu’ils se virent sur le point d’être exterminés, se rendirent. Leur courage et leur discipline plut à Diomède : il les fit prisonniers plutôt que de les tuer. Radieux, il s’avança alors vers nous.
    — Ils ont perdu quinze mille hommes près du Scamandre, affirma Ajax.
    — Alors que nous n’en avons

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